Chapitre 2

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Chapitre corrigé ! Encore une fois, n'hésitez pas à relever les coquilles, si vous en trouvez !

À une cinquantaine de mètres de l'arrêt de Tram, se trouvait le lycée Michel-Montaigne, l'établissement que nous fréquentions, Nala et moi. C'était une grande institution où se côtoyaient un lycée d'enseignement général et des cours préparatoires aux enseignements supérieurs.

J'étais en première L, et Nala en première S.

Au début, Nala avait tenu à me suivre en L, parce qu'elle ne voulait pas se séparer de moi, ne serait-ce que le temps des cours. Mais je l'en avais dissuadée. Je savais à quel point elle tenait à son rêve de devenir chirurgienne. Je n'aurais jamais pu supporter le fait de lui fermer les portes du futur qu'elle envisageait sous le prétexte idiot que je ne voulais pas me retrouver seule en classe. Ça m'avait terrifié, évidemment. Nala et moi n'avions jamais été séparées depuis la primaire, et si j'avais eu d'assez bonnes notes en math je l'aurais moi-même suivi dans la filière scientifique, mais ça n'était pas le cas. De toute façon, son absence n'avait pas été aussi insupportable que prévu. Je n'avais pas d'autres amis, à proprement parlé, mais j'avais de bonnes notes et on pouvait très facilement échanger avec moi. Mes camarades de classe m'aimaient bien, visiblement. Quand il s'agissait de se mettre en groupe ou en binôme, j'étais toujours l'élève que les autres s'arrachaient.

Et puis, Nala et moi nous retrouvions toujours après les courts et pendant les pauses. Nous avions même un court en commun, celui de Morticia, puisqu'elle avait pris anglais en option, et que moi aussi.

Contrairement à moi, Nala s'était fait plein d'amis dans sa nouvelle classe. Je la voyais constamment sortir des salles entourée d'un amas de groupies excités, tous empressés d'obtenir ses faveurs, quand moi je la rejoignais seule. Ça devait être ça, la popularité. En attendant, Nala laissait invariablement derrière elle ses fans et nous nous retrouvions finalement seules pendant les pauses et le déjeuner, comme au bon vieux temps. Elle n'avait pas changé d'un iota, et ça me rassurait.

Nous nous approchâmes de l'entrée du lycée, où un groupe faramineux d'élèves étaient rassemblés et bavardait en petits ou grands comités. Certains fumaient, et à l'odeur, je pouvais affirmer qu'il n'y avait pas que des du tabac, dans certaines des rouleaux.

L'année précédente, j'aurais certainement baissé la tête pour fixer mes chaussures, me coupant totalement du reste du monde. C'était un des avantages à être sourde. Si j'examinais mes pieds en marchant, je pouvais oblitérer tout ce qui m'entourait, y compris les hypothétiques chuchotements que ma présence pouvait déclencher ou le poids du regard des autres. Or, je m'étais finalement aperçu que mon handicap ne perturbait plus personne. Cela faisait longtemps que les ragots avaient trouvé d'autres cibles que ma surdité, et la plupart des élèves ne faisaient même plus attention à moi, quand je les croisais. Mieux encore, ceux de ma classe et de celle de Nala me saluaient avec chaleur. J'avais trouvé un réconfort immense en m'apercevant que j'avais été acceptée telle que j'étais, et qu'on ne me jugeait pas.

Ou qu'on ne me jugeait plus, dans tous les cas.

Nala n'avait jamais eu de tels états d'âmes, évidemment. Elle marchait toujours la tête haute, comme à cet instant, et se délectait de l'attention que son arrivée ne manquait pas de soulever. Elle enfilait toujours un masque arrogant quand nous nous trouvions parmi nos paires, comme si elle aimait à rappeler aux autres que c'était elle, la star du lycée. Ma meilleure amie aimait faire forte impression. Je ne comprenais pas cette différence de comportement. La douceur et la bienveillance qu'elle manifestait envers moi, et l'orgueil méprisant qu'elle déployait devant les autres.

Je ne veux pas oublier le bruit que tu as fait en partantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant