Si Mary devait commencer un livre, ça ne serait certainement pas avec un "Le soleil se levait lentement à l'horizon,"...
"C'était un jour comme les autres", "le réveil sonna" ou autres formules dérivées pour décrire un début de journée, non non, il lui faudrait quelque chose de bien plus original, plus accrocheur.
Un dialogue ? C'était trop brusque et intrusif, trop dans le mouvement pour une histoire calme.
Car si elle devait écrire sur sa vie, ce serait une sacrée histoire stagnante.
Devant cette déprimante constatation, elle soupira, effaça les quatre mots et demi qu'elle avait jusque là réussi à aligner sur la page Word, et revint à ses notes pour le prochain chapitre de sa fanfiction.
Si écrire était pour elle comme respirer, alors cela faisait un bon bout de temps qu'elle suffoquait et manquait d'air, peut-être même des années; mais ces derniers temps elle faisait carrément de l'apné, c'était frustrant à un point inimaginable. Annie avait pourtant eu que de bonnes intentions en lui lançant ce défi, pensant que cela lui redonnerait goût à l'écriture, mais sérieusement : du ChickLit ? Son amie devait pourtant savoir que c'était loin de ses habitudes d'écriture, largement hors de sa zone de confort ! Parler de la vie d'une femme, en espérant que les lectrices s'y identifient ? Ça rimait à quoi ?! Elle aimait faire s'évader ses lecteurs, avec des histoires où ils s'oublieront eux-mêmes pour suivre les personnages et être happés dans leur monde, leur vie fictive et attrayante !
Oh et puis ce train de pensée l'embrouillait, elle ferait mieux de juste penser à sa fanfic.
Parce que les fanfics, c'était bien pratique : ça sert des personnages et des univers sur un plateau. Et elle, ces personnages, elle les aimait. Elle pouvait les manipuler, en faire ce qu'elle voulait, tout en les gardant fidèles à eux-mêmes, pour en garder tout le charme. Pas la peine de les présenter, de leur créer une vie; ils en ont déjà une. Il suffit ensuite de laisser son imagination vaquer en toute liberté. Et même, vous trouvez l'univers difficile ? Faites du UA.
Et puis les ships quoi, les ships...
En lui présentant le ChickLit, Annie avait précisé que la romance était permise, mais qu'elle ne prenait pas toute la place dans l'histoire. C'était peut-être le seul bon point du genre, parce que la romance, c'étaitvraiment pas son truc.
Du moins, la romance hétéro.
Eh oui, là était son gros problème. Pas qu'elle ait quoi que ce soit contre les hétéros, ça serait bien con d'ailleurs, mais dans les œuvres de fiction, elle trouvait que ça manquait d'un quelque chose. D'un quelque chose d'original.
C'était un peu l'obsession de Mary, l'originalité. Elle avait une sainte horreur des clichés, des scénariis prévisibles, des trucs vus et revus, des relations conformistes (de nos jours, même le Bad Love était devenu banal et avait perdu tout intérêt). La romance gay n'y échappait pas non plus hein, et elle avait crié devant son écran à cause de ça. Une chose était sûre pour elle : jamais de romance bâteau.
Ce qui se résumait parfois à pas de romance du tout, comme elle en avait convenu pour ce projet de ChickLit.
ChickLit, la base du genre était le réalisme, la crédibilité, et pour du crédinle, il n'y avait évidemment pas mieux que l'option "m'inspirer de ma vraie vie". D'accord, mais qu'y avait-il de passionnant, non, de fictionnellement exploitable dans sa vie à elle ? Il y avait bien cette bromanceentre Harold et Luis, deux collègues à elle mais...
Argh, elle avait pourtant dit "pas de romance" !
Ce fut ce moment intense de concentration que choisit son portable d'interrompre en sonnant d'un puissant et sensuel "Talk dirty to me~". Ça, c'était son canon boss qui appelait pour la complimenter sur son dernier article.
Hahaha, tu parles.
« Patron ? »
« BELVILL ! QUAND ALLEZ-VOUS VOUS DECIDER A ME RENDRE CE FICHU ARTICLE ?! »
...Si seulement son chef était vraiment canon... Elle soupira.
« Il arrive, monsieur. Je suis en train de le paufiner, il sera dans votre boîte mail avant la prochaine publication. » Répindit-elle alors, blasée au possible.
« Il y a intérêt, sinon vous êtes virée ! Vous m'entendez ? VIR- »
Elle raccrocha dans l'intérêt de son tympan, reposa l'appareil et se laissa mollement retomber sur son lit, main droite retournant sur le clavier, et main gauche munie d'un crayon, gribouillant jadis quelques mémos sur les attractions que prenraient Sasuke et Naruto lors de leur rendez-vous tout sauf romantique.
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A Chick Not Very Lit
Genç Kız EdebiyatıTaper sur des touches, bloquer, effacer, boire du jus de fruit, taper encore, taper plus vite, plus lentement, fermer rageusement Word ou l'ouvrir avec enthousiasme, écrire toute la nuit et dormir toute la journée, parler de ce qu'on écrit, ou le ca...