Chapitre 2

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Clive

Je me tourne face à Léna, tend mes poignets menottés, et dit avec un sourire :
« - Dis la miss tu ne voudrais pas m'enlever ça ? Ce n'est pas que ça me gène, j'adore avoir des menottes aux mains je trouve ça très excitant, mais j'aimerais bien pouvoir me gratter le dos là, ça me démange ! »
Elle sourit, lève les yeux au ciel, puis répond :
« - Tu vois une clef là dans mes mains ? »
Je fais la moue, et répond :
« - Dis donc toi t'aurais pas pris du répondant pendant mon absence ?
- Il faut bien que quelqu'un te remplace ! Réplique Léna.
- Je suis irremplaçable chérie tu le sais bien, je rétorque en souriant de mon air séducteur. »
D'ailleurs, en voyant ce sourire et notre nouvelle proximité, Léna se met à rougir et s'écarte.
Mon air triomphale s'accentue, j'adore mettre mal à l'aise les filles timides, même si c'est Léna.
« - Je rigole ma chère ! Dis-je en éclatant de rire. Crois-moi, jamais je ne te draguerai ! Non pas que tu ne sois pas jolie, mais disons que je préfère les blondes... »
Je ne cesse de sourire en disant cela, même si mes pensées dérivent tout de suite vers Céleste.
Léna semble le remarquer, alors elle répond, voulant certainement éviter le sujet :
« - De toute façon je suis déjà prise. »
Là, j'écarquille les yeux, arque un sourcil, puis dit en souriant toujours :
« - Eh ben ! Il s'en est passé de belles depuis mon départ ! Qui est l'heureux élu ? »
Léna rougit, et à ce moment là je distingue une silhouette se hisser sur la palissade, et glisser sur le sol.
Je redresse la tête, et percevant mon mouvement, Léna se retourne.
James se relève, des égratignures peuplent son beau visage, et son bras droit est en sang.
Je me redresse tant bien que mal, gêné par mes menottes, et vais à sa rencontre, suivis de Léna.
James relève la tête à ce moment là, et grimace de douleur.
« - Ce sont les gardes qui t'ont fait ça ? Demande Léna en saisissant la main de James. »
Ce geste ne m'échappe pas, et je souris jusqu'aux oreilles, tout en m'exclamant :
« - Waouh ! James et Léna ! Le feu et l'eau ! Quel mélange j'avoue que je suis impressionné ! »
Les deux amoureux me sourient, sans répondre, puis je me tourne face à James.
« - Merci pour tout à l'heure vieux frère. Tu as coupé la corde juste à temps.
- Pas de quoi, mais nous devons partir les gardes ne vont pas lâcher l'affaire. Téo ne devrait pas tarder... Mettons nous à l'abri du regard des gardes en attendant. »
Je fronce les sourcils.
« - Téo ? Téo Vernom ? Le traître ?
- Non Clive, c'est Estéban le traître, pas moi, fait soudain une voix derrière moi. »
Je fais volte face, et me retrouve face à la frimousse pleine de tâches de rousseurs de Téo. Il n'a pas changé, toujours cette même tête d'enfant.
Au moment où j'allais signifier ma surprise, des cris se font entendre de l'autre côté de la palissade, et Téo saisis brusquement nos mains.
Le décor autour de moi change brusquement, la mer, la palissade, l'endroit désert, tout ça se transforme en un chemin de graviers, et quand je regarde autour de moi je comprends que nous sommes en pleine forêt, donc dans le seul bois d'Area, Letter's Hood.
Téo lâche mon bras, et quand je me retourne, Léna dit :
« - C'est bien tu ne nous as pas emmené directement au repère.
- Je pense en effet qu'il faut d'abord que nous discutions avec Clive, approuve James.
- Je confirme, dis je d'une voix méfiante. Je peux savoir ce que Téo fait avec vous ? Ce que nous faisons là ? Ce qu'est le repère ? Et ensuite pourquoi vous avez tant tenu à me libérer ? Alors que j'ai tué Céleste ? »
Prononcer ces mots à voix haute me torture, mais pourtant je n'en montre rien décidé à faire croire que je me suis remis de ce deuil.
Léna pose ses yeux doux sur moi, puis dit :
« - Nous allons marcher vers le repère, ici nous sommes à l'abri des gardes ils ne nous trouveront pas. Pendant le trajet je vais tout t'expliquer d'accord ? James et Téo marchez devant. »
Sa voix est ferme, mais pourtant douce. Les garçons hochent la tête, et commencent à marcher.
Léna se tourne face à moi, puis me fait signe de la suivre.
Alors je la suis, c'est la seule personne avec James en qui j'ai encore confiance, et je suis désespérément seul.
Léna commence, la voix chargée d'émotions :
« - Tout d'abord il faut que tu saches que nous savons tous que tu n'y es pour rien dans la mort de Céleste. »
Je sens les battements de mon cœur s'accélérer, mais mon visage ne cille pas.
« -On sait que c'est Matt. Quand tout a été terminé, que Céleste s'est faite enterrée et que tu as été déclaré ennemi public numéro 1 d'Area, condamné à mort ainsi que Matt et Estéban, il ne restait presque plus rien de la Résistance. Grant était mort, Davina l'avait suivie après la mort de Céleste, un suicide, et nous n'avions plus d'objectifs. Alors Mickaël, James, Téo et moi nous sommes retrouvés seuls. Sans avenir, sans objectifs, je ne me voyais pas revenir avec ma famille après ça. J'ai prévenu ma sœur de ma décision, elle l'a acceptée, et le reste de la Résistance a donc continué son activité. Notre premier objectif étant de te sauver toi, de te permettre de fuir tout le temps et que tu ne sois jamais retrouvé. Nous avons été tes anges gardiens de loin, nous te suivions à distance et à chaque fois qu'on sentait la police pas loin de te trouver on les éliminait. Tu vas me demander pourquoi n'avons pas cherché à t'approcher, et c'est normal. La raison est simple, tu étais désespéré, et nous avons bien vue que tu ne voulais voir personne. Tu t'en voulais pour la mort de Céleste, mais il faut que tu saches Clive que tu n'y es pour rien, tu n'as été qu'un pion pour Matt. Il a certainement voulu se venger et te faire souffrir, alors il a tué Céleste depuis ta main. »
Oui, j'en suis bien conscient de tout ça.
Léna inspire un coup, puis continue :
« - Tu as finis par réussir à nous perdre, et c'est à ce moment là que tu t'es fait choppé par la police et la garde royale. Alors nous avons organisé ton évasion. On a payé cher un télépathe chargé de te prévenir que nous allions intervenir et que tu devais gagner du temps une fois sur la potence pour nous permettre d'intervenir, puis nous t'avons secouru.
- Ok, je coupe. J'ai compris ton histoire de résistance tout ça, et j'imagine que votre objectif est de retrouver Matt et Estéban c'est ça ? »
Léna fait la moue, se mord la lèvre, et je me surprends à repenser à Céleste en la voyant faire. Céleste se mordait la lèvre inférieure à chaque fois qu'elle était contrariée.
« - Hum... Pas exactement, répond Léna.
- Léna ? Nous sommes arrivés, fait James en se retournant. »
Je lève les yeux, et les écarquille.
Je découvre avec stupeur une immense, et quand je dis immense c'est un euphémisme, villa resplendissante. C'est presque un château, un bâtiment de toute beauté qui semble rayonnant de luxe.
Je crois n'avoir jamais vu plus beau bâtiment de toute ma vie.
« - Entrons alors, dit Léna. »

Mais nous n'avons pas le temps de passer le seuil, des marches de pierre surmontée d'arbustes très élégant, que la porte, resplendissante elle aussi et j'aurais été incapable de dire avant aujourd'hui comment une porte pouvait diable être resplendissante, s'ouvre brusquement.

« - Mes amis ! Vous voilà enfin je commençais à m'impatienter même si j'ai trouvé une joie brunette avec de sacrés loches pour m'occuper en attendant. Je vous sers quoi ? Vodka, bière, whiskey ou champagne ? »

Me demandant qui peut bien dépiter des incongruités pareilles, surtout avec ce timbre de voix naturellement cassée qui m'en rappelle un autre, je lève les yeux vers l'entrée de la villa.
Et là le choc.
Se tient face à moi, tout sourire, brandissant une bouteille d'alcool dans chaque main, un jeune homme âgé d'environ vingt ans.
Je pâlis brusquement quand je découvre les traits de son visage. Il est beau, très beau, même vraiment très beau, bien plus beau que moi si j'ose dire. Mais le plus stupéfiant est sa ressemblance saisissante avec Céleste. Ses cheveux sont d'un blond si clair qu'il en devient presque aveuglant, ses yeux sont d'un bleu ciel, un bleu clair sans être pour autant translucide, ses lèvres sont couleurs corail, comme celles de Céleste, il a des petites tâches de rousseurs sur le nez, à peines visibles, son visage à une allure malicieuse, joueuse, et il a ce même timbre de voix naturellement cassée, comme celle de Céleste que j'appréciais tant écouter autrefois.
Sous le choc, je titube, et me rappuie de justesse à la rambarde du mini escalier.
Voyant mon trouble, ce jeune homme souris d'un air fou, et dit :

« - On se ressemble hein ? Ce n'est pas pour rien que nous avions le même père ! Tu es Clive j'imagine, un mec aussi beau que moi, non n'exagérons rien, un peu moins beau que moi, c'est forcément toi dont on me bassine les oreilles depuis six mois ! »

Je l'observe, incapable de dire quoi que ce soit.

« - Moi qui te croyais bavard et sarcastique ! J'attendais une de tes légendaire remarques moi ! Bon eh bien puisque tu ne me demandes pas mon nom, alors que c'est très impoli sois dis en passant, je suis Thomas, le demi frère de Céleste ! »

Les Zones  -Tome 2-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant