Chapitre 26

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Clive

Je regarde Céleste partir, mes yeux ne la quittant pas une seconde.

Quand elle tourne à droite, et disparaît de mon champ de vision, je me retourne brusquement face au mur, et là, je laisse exploser ma colère.

Je crie, je hurle ma rage, et sans réfléchir, je brandis le poing, et frappe contre le mur.

Je ne fais même pas attention à la douleur qui survient comme une vague incontournable quand mon poing s'écrase contre la paroi.

Cette même paroi sur laquelle Céleste s'est laissée abandonner dans mes bras.

J'ai mal, après le choc vient la douleur poignante qui me tenaille les doigts.

Je fais abstraction de la pluie autour, l'eau qui ruissèle sur mon corps et le mur, et je cherche par tous les moyens d'évacuer la rage qui me consume depuis maintenant six mois.

Six mois.

Je m'appuie contre le mur, le poing toujours plaqué contre, et je ne vois même pas qu'un peu de sang s'écoule de mes doigts.

Je me mets à hurler de nouveau, j'expulse ma colère contre moi même à travers mes cris de détresse.

Je lutte pour ne pas pleurer, je mène un combat intérieur insoutenable, et j'essaye de toutes mes forces de ne pas céder face aux larmes.

Je l'ai tuée.

Je sais que je ne suis pas directement responsables, j'en suis parfaitement conscient.

Mais c'est moi, et moi seul qui ait donné le coup de grâce, c'est mon pouvoir qui l'a tuée, elle.

Je sais que j'ai été manipulé mentalement par Matt.

Je sais que je n'étais pas conscient à ce moment là.

Mais justement, je m'en veux d'avoir été aussi faible, de ne pas avoir vu le coup venir, et de m'être laissé manipuler.

Je hurle encore, je suis trempé jusqu'aux os, et cette fois ci je me laisse tomber contre le mur comme un pantin désarticulé.

Je meurs d'envie d'exploser, de céder face aux larmes.

Mais je me suis fait la promesse il y a longtemps, quand j'étais gamin, ce jour où j'ai essayé sur la place publique d'expliquer aux habitants des autres Zones que les C n'étaient pas tous des ordures, que plus jamais non plus jamais je ne pleurerais.

Parce que j'ai pleuré ce jour là, j'étais qu'un enfant, j'essayais de défendre ce qui me paraissait juste.

Et on s'est moqués de moi, on m'a craché au visage parce que je n'étais qu'un petit minable de C, un gamin des enfers.

J'ai pleuré ce jour là, j'ai voulu me réfugier dans les jupes de ma mère, mais elle m'a donné la plus belle gifle qu'on ne m'a jamais adressé.

Je suis tombé au sol, et quand elle s'est mise à hurler que je ne devais jamais renier ce que je suis, un C, j'ai compris que je devrais compter que sur moi même.

C'est aussi ce jour là que j'ai capitulé, et que j'ai décidé que si pour les autres être un C signifiait forcément être méchant et manipulateur, eh bien soit. Je serais méchant et manipulateur.

C'est ce que je suis devenu, et je m'en veux de ça aussi, d'avoir été faible, et de ne pas m'être battu pour défendre ce que je suis réellement.

Je rouvre les yeux, jusqu'ici fermés, et je les lève vers le ciel.

Ça fait six mois que j'essaye de me repentir, de chasser la culpabilité qui m'étreins le coeur à chaque fois que je pense à Céleste.

Les Zones  -Tome 2-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant