≪ Tout d'abord, sachez, Joachim, que mon histoire ne saurait être contée sans y joindre celle de mon père, le comte Georges de Sainte-Croix. Vous ne le savez peut-être pas, mais la lignée de notre famille remonte à l'époque des grands chevaliers chrétiens, puisque l'on retrouve dans les chroniques un Sainte-Croix croisé aux côtés de Godefroy de Bouillon en lors de la première croisade.
≪ Ainsi, en 1810, mon père, capitaine de cavalerie français de vingt-cinq ans, fut envoyé en Italie afin d'y renforcer la grande armée du roi de Naples et beau-frère de l'Empereur Napoléon 1er : Murat.
≪ Le 25 mars, jour anniversaire de la naissance du roi, il était solidement monté sur sa jument au milieu de ses cuirassiers et défilait sur les pavés de la Via Toledo grouillante de monde, autant sous les fenêtres que sur les balcons. Le menton haut et le regard rivé droit devant lui, il ne put cependant s'empêcher, comme poussé par une force mystérieuse, de détourner les yeux et de rencontrer ceux d'une belle napolitaine entourée de sa famille sur un des plus beaux balcons que Naples ait compté à cette époque. Son cheval arabe fit une légère embardée qui n'échappa pas à l'oeil attentif du général Paul Grenier et valut à mon père une semaine sans solde et sans permission. La semaine s'écoula, bien trop lentement pour mon capitaine de père, et une fois la punition arrivée à échéance, il se mit en tête de retrouver la jeune femme du balcon.
≪ Un beau matin, il remonta ainsi la Via Toledo à la recherche de la maison au pied de laquelle il avait manqué aux strictes règles de la parade militaire. Enfin, et sans grande difficulté, il retrouva ladite maison et ce balcon que, me dit un jour mon père, il aurait reconnu entre mille, car sitôt les yeux fermés, il le voyait aussi clairement que je vous vois en ce moment, Joachim.
≪ La jeune fille s'appelait Valentina Contenti et appartenait à une des plus belles familles de Naples.
≪ La suite fut une succession de scènes et de mots comme on en trouve beaucoup dans les tragédie grecques, et c'est ainsi qu'il se retrouva à mener deux batailles de front : celle de la séduction sur la personne de Valentina, de la persuasion sur celle du père de la jeune napolitaine, Buonaventura Contenti. Il se plaira à vous dire qu'il mit au point des stratagèmes bien plus élaborés pour la seconde bataille que pour la première, mais au bout du compte, la résistance de la coalition fut balayée d'un revers de main.
≪ La belle était conquise, le père convaincu.
≪ On les maria le 25 mars 1811, soit un an jour pour jour après l'apparition de Valentina au balcon du coeur de mon père. Étrangement, et pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, mon grand-père Victor de Sainte-Croix, qui pourtant aimait son fils plus que tout au monde, ne se déplaça à la noce, ni lui ni ma chère grand-mère, Blanche.
≪ A l'été 1812, son régiment de cavalerie légère accompagna le 35ème régiment d'infanterie du général Grenier en Prusse où il fut employé à protéger la retraite de Russie du prince Eugène de Beauharnais, beau-frère de l'Empereur. Les combats furent terribles et plusieurs fois mon père manqua de laisser son beau nom orner une croix sur les vertes collines prussiennes.
≪ Ce n'est qu'à la fin du mois d'avril 1814, quelques jours après l'abdication de Napoléon, soit près de deux années après son départ d'Italie, que mon père retrouva Naples et eut le bonheur de retrouver sa femme Valentina, sur les genoux de laquelle sautait déasormais une petite fille âgée d'un peu plus d'un an, fruit de l'amour de ses parents et née pendant la trop longue absence de son père.
≪ Vous vous en doutez certainement, Joachim, mais on avait appelé cet enfant Giulia.
≪ Deux mois plus tard, nous rentrâmes à Paris où mon grand-père Victor finissait de construire une magnifique demeure rue Barbette. Malheureusement, il mourut dix jours avant son inauguration et léguait à mon père la bâtisse et le devoir de s'occuper de ma grand-mère Blanche, effondrée de chagrin.
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Providence
Tiểu thuyết Lịch sử━ Mais toi, Joachim, as-tu seulement envie de connaître les belles femmes de Paris ? ━ Je t'en prie, Hector, ne porte pas notre conversation innocente sur ce sujet. ━ Non ? Alors je l'abrège en te le répétant une nouvelle fois : ta peur de l'amour...