Ren Isuma: 2. Espoir d'une panthère

Fléau glaçant

Des flammes. Des flammes rouges partout. Elles m'entourent, elles m'encerclent. Alors que je croyais qu'elles allaient m'engloutir, je me réveille dans... La noirceur. Comme depuis plusieurs années. Sauf que là... Je le sens. C'est pas ma chambre. Et j'ai pas mon polar. Doucement, je me lève et dépose mes pattes sur le sol. Pour pouvoir mieux me repérer dans l'espace, je disperse un peu mon préhair dans l'air, remplissant l'espace de ses particules. Au vu du nombre de taches sur le sol, c'est le bazar dans cette chambre. C'est bizarre... la forme de la pièce me rappelle un truc. Bon, pas grave, je trouve la porte et sort de la chambre. Quelques particules m'accompagnent et dévoile un p'tit couloir, heureusement que j'ai pu éviter de me prendre le mur! Je tourne ma tête à l'endroit où j'entends des voix. J'y vois deux auras bleus et une rouge. Ils sont dans un endroit beaucoup plus ouvert j'ai l'impression. Je m'y dirige, mais visiblement, il n'y a pas que cette chambre qui est en désordre et je me prends les pattes dans quelques choses qui me fait trébucher et tomber.
– Ça va, Rin? Me demande Akihito. Besoin d'aide pour te relever?
– Euh... Non, ça va.
Même si je découvre que je n'ai plus de bras droit. Oui, bah... quand on utilise une prothèse, c'est encore possible d'avoir des membres fantômes quand on la perd. C'est l'habitude en fait. Mais je peux me relever avec un seul bras et c'est ce que je fais.
– J'suis où?
– C'est l'appartement de la mère de Renton et donc, accessoirement, le tiens.
Quoi?! Mais je lui avais pas dit à celui-là que je mettrai tout le monde en danger?! Je serre des dents et lance sûrement un grognement puisque Renton, assis sur un divans que je devine avec les auras de chacun, se met à s'excuser.
– Je suis désolé, j'ai préféré t'amener ici pour garder ta maison secrète. J'ai monté Akifall, mais c'est compliqué, j'ai crié, on m'a suivi et t'étais plus conscient...
– Alors quand il l'a ramené ici en attirant malheureusement des policiers, je suis parti avec ta bête! S'exclame Meruem que je n'ai pas repéré. Logiquement. C'était trop cool! Il m'a fait monter très haut dans le ciel! Conduit jusqu'à chez-toi pour avertir Ao et Aki et ensuite jusqu'à la cabane du groupe divin pour amener Kaili malgré les protestations de Anini, c'était incroyable de pouvoir voler! Je pourrais parler pendant des heures! C'est comme ça que t'arrive à faire des petits voyages rapidement entre chez-toi et la ville non?!
– Lui et un overboard oui...
Bon sang, qu'est-ce qu'il parle celui-là! Les autres n'arrive pas a en placer une! Au moins, je sais que la deuxième aura bleue est probablement Kaili. Mais une seconde... Si je suis ici...
– Une seconde, si c'est l'appartement de Renton, alors...
Je tourne inutilement la tête vers la cuisine. Enfin, le bruit vienne de là. De souvenirs, salon et cuisine sont jumelées. Maman est une humaine, alors il m'est impossible de la discerner.
– Elle a pas bien réagi. Raconte mon frère. Bah oui, je lui ramène son fils disparu dans un état lamentable et en plus elle découvre qu'il a de nombreuses cicatrices sur presque tout le corps et qui lui manque un bras entier. Elle s'est mise à pleurer de joie, mais sûrement beaucoup plus d'horreur.
– Oui, elle n'avait pas l'air bien quand je suis venu faire les soins, dit Kaili. Et c'était hier.
– Une journée? Ils sont super tes soins en fait.
Plus j'y pense, plus j'ai l'impression que Renton est fatiguée de par l'intonation de sa voix. Il a dormi au moins? Quand il continue, cette impression est plus vive.
– J'ai même pas osé lui parler de... eh bien...
– Tu ne lui a pas parlé de ma cécité! Dis-je en tournant finalement ma tête pour le regarder lui. Mais c'est sûrement le truc le plus important à dire à mon propos! Avec le fait que j'attire le dan...
Je m'interrompt en entendant des bruits de pas se rapprocher de moi.
– Tu...
Oh non, sérieux quoi... En bougeant ma queue et m'aidant des mouvements de l'air, j'essaye de me tourner approximativement vers elle.
– Tu ne me vois pas?... Rin... Qu'est-ce que tu es...
– Devenu? Mais merde à la fin, pourquoi c'est si compliqué d'accepter l'handicap des autres?
– Non... Ce n'est pas ce que je voulais dire, c'est juste que... tu as tellement changé...
Je sais qu'elle est sous le choc, mais quand même! Et en plus, c'est peut-être ma mère, mais c'est une inconnue pour moi, je ne connais pas son nom.
– Bah ouais, j'étais qu'un p'tit gamin a l'époque. Maintenant, j'attire le danger et me fait bouffer un bras pour sauver un garçon encore plus jeune, classique pour quelqu'un qui a reçu des pouvoirs à sa naissance qui change l'apparence, des pouvoirs que certains craignent.
– Rin, t'es trop dur! Un-un peu de compassion, non?
Ouais, je les entends... les larmes, ses pleurs. Mais ça ne change rien. Rien du tout.
– Renton, je suis sensé agir comment en fait?... Je connais bien plus Ao qui agit comme une grande sœur que ma propre mère. Je n'ai même pas son nom. Je soupire. Quelqu'un peux me ramener mon polar? Je vais manger un truc et me casser d'ici avec que des emmerdes tombent ici par ma faute.
Et c'est qui qui a plombé l'ambiance? C'est moi. Et j'm'en fiche. Renton n'a qu'à consoler maman et lui expliquer ce que j'ai dit plus en douceur, c'est pas mon truc.
Je me dirige du mieux que je le peux sans dépenser mon préhair à la recherche du frigo. Je le trouve et l'ouvre pour prendre un truc à manger. Je vérifie chaque chose avec leur forme, leur texture et l'odeur pour trouver les fruits et me prendre une poire. Je croque dedans à pleines dents quand une quelque chose attire mon regard. Un carré rouge... une fenêtre? Un ciel? Oh non, c'est pas vrai, le quartier des elfes! J'en laisse même tomber ma poire.
– Rin, qu'est-ce qu'il y a? Me demande Akihito.
Puisque grâce à son aura je vois qu'il tient mon polar, je le prend illico presto sans rien dire. Je fouille dans la poche de mon vêtement pour choper mon iPhone et le donner précipitamment à Renton.
– Ce petit rectangle est mon iPhone à hologramme. Pour l'ouvrir, il suffit juste de soulever l'une des deux parties du rectangle, les côtés les plus longs. Contact Ao avec!
Je me dirige ensuite vers l'endroit où se trouve la porte, si je me souviens bien de la disposition de l'appartement et qu'elle n'a pas changer. Heureusement, je ne me prends pas le mur.
– A-Attend, tu vas où comme ça?
– Le quartier secret des mythes! Mythe comme mythique. J'espère qu'il n'est pas trop tard, rien qu'hier c'était déjà juste.
Je trouve la porte, l'ouvre et ne la referme pas. Je grimpe les escaliers pour aller sur le toit de l'immeuble sans trop de casse et siffle avant de me jeter dans le vide. Akifall me récupère sur son cou et s'envole dans le ciel.