Chapitre 3 : où suis-je ?

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Pour la énième fois de la soirée, le téléphone d'Alysson sonna mais, cette fois-ci, elle ne décrocha pas. Elle ne prit même pas la peine de regarder qui l'appelait. Elle le sortis, mais seulement pour l'étendre, puis le posa sur le comptoir devant elle. Elle était dans un petit bar qu'elle avait trouvé illuminé au milieu de la rue sombre. Elle ignorait où elle était, quelle heure il était ou encore comment elle était arrivée là.

Quand elle étais parti en courant loin d'Alex, elle ne l'avait pas seulement fui lui, elle avait fuit un passé qu'elle voulait oublier. Elle pensait être passée au travers, mais le revoir lui donnait l'impression de revivre cette année infernale après le départ de son amant. Elle s'était sentis comme prisonnière de son corps. Elle ne cessait de ressasser encore et encore le départ d'Alex, se rendant compte que sa vie n'avait aucun sens sans lui. Elle avait vaguement conscience, dans le fond de son esprit, de la présence des gens, mais ne réagissait pas. Elle avait souvent des trous de mémoire, des journées entières passaient sans qu'elle ne s'en aperçoive, et quand elle reprenait conscience, elle se trouvait à l'hôpital, des bandages entourant ses avants-bras.

Tout ça était passé après une bonne année et l'arrivée de Christopher. Comme tout les autres, elle l'avait ignorée, dans un état second, quand il avait voulu faire connaissance. Mais il n'avait pas abandonné. Le jour d'après, il lui avait ramené des fleurs, et lui avait longtemps parlé sans qu'elle ne réponde. Toute une semaine, il vint ainsi la voire, discutant de chose et d'autre sans réponse. Il était coriace. A cette époque, même Justine avait finir par abandonner, et elle ne lui en voulait pas.Plus le temps passait, et plus elle avait une conscience aiguë de sa présence. A la fin de la semaine elle avait, pour la première fois depuis des mois et des mois, prononcé un mot. Christopher semblait tellement ravie qu'elle avait même esquissé un sourire. Un sourire ! Elle avait eu l'impression que ces lèvres se craquelaient, ayant perdues l'habitude de ce geste. Le jour d'après, il l'avait fait rire. C'est là qu'avait commencé la guérison miraculeuse.

Et voilà qu'Alex refaisait surface. Et elle a eu un trou de mémoire. Il lui semblait s'être enfuis loin d'Alex, puis plus rien, juste du noir. Ensuite, elle avait repris conscience dans cette rue, sous une nuit noire. Elle était entrée dans le bar, et avait aperçus son reflet dans un miroir. Ses yeux verts étaient rouges d'avoir pleurés, ses cheveux bruns étaient mouillés pour une raison qu'elle ignorait, et elle tremblait, tant à cause du froid que de ce qui venait de lui arriver. Les regards s'étaient tournés sur elle à son passage, la dévisageant avec une sorte de dégout. Elle s'était assise sur un tabouret et avait commandé un grand verre de vodka. Le serveur, un jeune assez sympathique, avait hésité en voyant son état, mais l'avait quand même servie. Elle n'avait pas l'habitude de boire ainsi, mais, plus que jamais, elle en avait besoin. Le serveur vint la voir juste après qu'elle est éteint son portable.

- Madame ? Est-ce que tout va bien ?

Alysson releva la tête vers lui. Il était beau, jeune, sympathique et charismatique. Il devait avoir une petite amie, des parents gentils, une petite vie bien tranquille et sans problème. Comment pouvait-il comprendre ce qui lui arrivait ? Elle essuya ses yeux rougies et hocha la tête, sans grande conviction.

- Ça va. Super.

- Hum... c'est ma pause là. Vous voulez en parler ?

- Resserre moi plutôt un verre.

Encore une fois, il hésita. Mais après tout, elle n'était qu'une cliente, il se devait de la servir. Il lui donna un autre verre de Vodka, puis s'apprêta à sortir, sûrement pour fumer une cigarette. Elle l'intercepta :

- Hé ! Quoi que je fasse, ne me laisse par ressortir seule, ou approcher d'un objet coupant. S'il te plaît.

Elle avait soudain eu l'impression qu'elle pourrait avoir un trou de mémoire à n'importe quel moment. Si ça arrivait, dieu seul sait ce qu'elle serait capable de faire. Intrigué, le serveur acquiesça et vint s'asseoir à ses côtés. Tandis qu'elle buvait, son impression se confirma, et tout devint noir autour d'elle.

Quand Aly reprit conscience, elle était allongée dans un lit si confortable qu'elle ne voulut pas en bouger. Ce ne fut que quand elle se rendis compte qu'elle était seulement vêtue d'un tee-shirt et d'une culotte qu'elle ouvris brusquement les yeux. Elle se redressa et regarda où elle était. Elle se trouvait sur un lit double aux draps blancs et simple, lui-même disposé dans une petite chambre toute aussi simple. Un petit bureau, une armoire, un lit, et une porte. Derrière une des fenêtres aux rideaux tirés, on pouvait apercevoir que le soleil s'était déjà levé. Doucement, Aly se leva et se dirigea vers la porte. Elle ignorait chez qui elle était, et comptait bien le découvrir. Elle suivis un couloir et arriva dans une petite cuisine. Quelqu'un, dos à elle, était occupé sur les plaques de cuisson. Alysson se racla la gorge, signalant par la sa présence. L'homme- car s'en était un- se retourna vivement et, apercevant la jeune fille, souris. Elle reconnut le serveur de la veille, au bar.

- Bonjour ! s'exclama t'il, joyeux. Bien dormis ?

- Je...oui. Je suis où ?

- Chez moi. Vous ne vous rappelez plus ? Je vous ai ramenée hier soir.

Alysson se frotta le crane, perdue. Elle s'assit sur une des chaises de la table, puis leva les yeux sur le jeune homme.

- Je ne me rappelle plus de rien... Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'on a ...?

- Couchés ensemble ? demanda t'il en rigolant. Non, bien sûr que non. Vous m'aviez dit que vous êtes mariée, et moi j'ai une petite copine que j'aime. Je ne l'ai même pas envisagé. Mais vous étiez dans un tel état...

- Arrête de me vouvoyer, tu veux bien ? J'ai à peine cinq ans de plus que toi.

- Six, en fait. Mais d'accord.

- Merci. Et maintenant, tu veux bien me raconter tout ce qui s'est passé depuis que je suis entrée dans ton bar ?

Elle a dévisagea de ses yeux verts, attendant des explications. Elle avait mal à la tête, et avait envie de vomir. Revoir Alex, puis ses deux trous de mémoires et enfin les verres qu'elle a bus hier, c'était beaucoup trop pour elle. Elle avait beson d'explications.

Le Voyage d'AlyssonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant