Chapitre 7 : qu'est-ce que tu fais là ?

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Alex s'avança vers Alysson et lança :

- Salut Aly.

Sans répondre, la jeune femme le regarda s'asseoir en face de son bureau et poser les deux cafés sur le plateau de bois dur.

- Comment ça va ? continua Alex, espérant sans doute faire la conversation.

Alysson se raidis dans son siège et, retrouvant enfin sa voix, dit :

- Alex. Qu'est ce que tu fais ici ?

- Je suis un client comme les autres. Je cherche une destination de vacances.

- Va t'en tout de suite. Je ne veux pas te parler.

- Aly, s'il te plaît. Je ne partirai pas. Pas tout de suite. Pendant les cinq ans où je suis resté loin de toi, pas une minute ne s'est écoulée sans que je ne pense à toi. Sans que je ne pense au son de ta voix, à tes yeux dans lesquels je paraissait beau, à cette mimique que tu fais quand tu es agacé, à ce rire cristallin quand tu as trop bu, à ce rougissement de tes joues quand tu es émue, à ce froncement de sourcils quand tu ne comprends pas.  Et tu me demandes encore une fois de partir, comme ça ?

Alysson soupira légèrement, les yeux posés sur Alex. Que répondre à ça ? Encore une fois, elle était prise au dépourvu. Elle se méfiait de lui, et craignait de finir par croire qu'il était sincère s'il continuait à lui parler comme ça. Comme elle savait pertinemment qu'il ne partirai pas avant d'avoir discuter, elle sortis une feuille, sur laquelle était inscrit les destinations de vacances les plus populaires. Elle la posa devant Alex et dit :

- Quel destination vous plairez ?

Alex eut un soupire de soulagement et esquissa un sourire. Il poussa un café en direction d' Alysson.

- Je ne sais pas où je veux aller, mais j'ai une bonne idée de la personne avec qui je voudrais y aller.

Sans le regarder, Alysson pris le café et le lâcha dans la poubelle.

- Dans des pays tropicaux ou froids ? Près de la mer ou des montagnes ?

- Près de la mer. C'est ce que tu as toujours préféré.

- Près de la mer. Très bien.

D'un geste sec, elle reprit la feuille et la posa à côté d'elle. Elle en pris plusieurs autres, qu'elle déposa tout aussi sèchement devant lui. Chacune d'elle montrait une île. 

- Bora-Bora, Réunion, Açores, Thaiti, Canaries ?

- On pourra aller où tu veux, répondit il d'un ton rêveur. On visitera chacune de ces îles.

Agacée, Alysson tendis la main pour reprendre les feuilles. Alex l'intercepta et emprisonna sa main dans les siennes. 

- Aly s'il te plaît, implora t'il en cherchant son regard. J'ai besoin de toi. J'ai toujours eu besoin de toi, mais je préférai te protéger plutôt que d'assouvir ce besoin. Après cinq ans, je ne peux plus résister. Je ne peux plus lutter contre mes sentiments. J'essaierai de te protéger, mais en étant à tes côtés. À jamais.

Alysson plongea enfin son regard dans le sien. Cachant les sentiments de profondes tristesse et colère au fond d'elle, et s'efforça de rester impassible. Elle retira brusquement sa main, tandis que les larmes lui montaient aux yeux. Elle s'efforça de les retenir, et déclara :

- C'est non, Alex. Tu m'as trahie, et rien ne pardonnera ça. Pas tes belles paroles et tes beaux discours, ni ton air torturé. Maintenant, va t'en. J'ai du travail.

- Aly, je...

- Non. Asséna t'elle en se mordant la lèvre de toute ses forces pour ne pas pleurer. Va t'en, je t'en prie.

Il se leva. À regret, il repartir jusqu'à la porte. Là, il se retourna à nouveau, mais Aly s'était déjà reconcentrée sur le dossier. Il sortis alors du petit bureau. Dès que la porte claqua, Alysson éclata en larmes.

Quelques heures plus tard, Alysson pris sa pause pour aller manger. Elle s'était occupée de tout les clients examplairement, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressasser encore et encore sa conversation avec Alex. Elle sortis de l'immeuble et, à pied, marcha dans la ville. À quelques rues de là, il y avait un petit restaurant sympa et pas cher, chez qui elle était une habituée. Puisque le temps lui était comptée, elle tourna à droite et pénétra dans une ruelle sombre qui faisait office de raccourcis. Les premiers temps, la noirceur de la rue et son silence l'avait effrayée, mais il ne s'y était jamais rien passé. Depuis le temps, elle passait souvent par cette rue.

À peine eut elle parcourus une dizaine de mètres qu'elle entendis un bruit de pas derrière elle. Brusquement, elle se retourna. À l'entrée de la ruelle, une silhouette marchait vers elle. Sa tête, masquée par une capuche, était inidentifiable, mais sa silhouette était de toute évidence masculine. Alysson se retourna et continua à avancer, mais pressa le pas. Du calme, s'efforça t'elle de penser. Tout va bien. C'est juste une autre personne dans une rue. Elle ne put néanmoins s'empêcher d'accélérer et, avec horreur, elle se rendis compte que l'homme derrière elle faisait de même. Subitement, une voiture arriva devant elle et, dans un crissement de pneu, elle s'arrêta, lui bloquant le passage.

Les yeux d'Alysson s'ecquarquillerent et les battements de son coeur s'accélérerent. Elle ignorait qui ils étaient. Peut être que ceux qui l'entouraient étaient des violeurs en série. Ou des meurtriers. Elle allait peut être mourir dans cette rue sombre. Elle était coincée entre cette voiture et cet étrange homme. Alors qu'elle cherchait frénétiquement une issue du regard, l'homme à pied enleva sa capuche. Elle se figea et le regarda faire, puis ne put retenir un soupire de soulagement en reconnaissant l'homme.

- Alex ! C'est toi. Tu m'as fait peur. Qu'est ce que tu fais là...?

L'homme esquissa un sourire et se passa une main dans les cheveux, geste qu'Alysson reconnut comme un signe de nervosité. Alysson passa rapidement du soulagement de savoir qu'elle n'était pas face à un dangereux pervers à la colère. Comment osait il encore revenir la voir ?

- Alex ? Reprit elle durement. Qu'est ce que tu fais là ?

- Écoute Aly...  je t'aime. Et c'est pour ça que je fais ça. Pour qu'on puisse être de nouveaux réunis. Comme avant. Je suis vraiment désolé. J'espère que tu me pardonnera.

Alysson fronça les sourcils, sans comprendre de quoi il parlait. Elle en avait même oublié la voiture et son conducteur derrière elle, jusqu'à ce qu'elle sente une fine aiguille dans sa nuque. Elle voulut se retourner, mais son corps ne semblait plus vouloir lui obéir. Sa tête semblait si lourde ! Elle dévisagea Alex quelques secondes, juste assez pour voir une larme s'échapper de son oeil. Elle entrouvrit la bouche, voulut dire quelque chose mais sa voix avait disparus. Elle s'effondra alors dans le bras d'Alex tandis que les ténèbres s'emparaient d'elle.

Le Voyage d'AlyssonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant