Le Voyage d'Alysson

Chapitre 10 : me protéger de quoi ?

Quand Alysson se réveilla, elle était à nouveau allongée sur le lit, et la cabine était vide. Elle se leva doucement, et s'approcha de la fenêtre. De l'autre côté, la nuit était tombée, et le train n'avait aucunement ralentis. Elle poussa un léger soupire, se demandant dans quoi on l'avait embarquée. Elle ne savait même pas où elle allait ! Soudain, elle eut une idée. Pourquoi ne pas aller voir un agent responsable et dénoncer Alex et Peter ? Cela l'embetait un peu que les deux hommes se retrouvent en prison pour cela, mais elle pourrait rentrer chez elle. Une petite voix dans sa tête s'exclama doucement : Tu es sûre de vouloir rentrer et reprendre ta petite vie tranquille ?

- Oui, gromela Alysson à voix haute. Je veux m'en aller. Qu'Alex finisse en prison ou pas.

- Tu veux me jeter en prison ?

Alysson sursauta et se retourna. Derrière elle se trouvait Alex. Ses cheveux blonds étaient perlés  de gouttes d'eau, de même que sa peau bronzé. Comme s'il voulait la convaincre de ne pas faire ça, il était torse nu, et une serviette entourait sa taille, comme seul vêtement. Alysson se mordis la lèvre. Si elle était convaincue de ne plus ressentir aucun sentiment amoureux pour lui, il fallait avouer qu'il était terriblement beau. Plus beau que Christopher. Arrête ! cria sa conscience. Il n'y a pas de comparaisons possible !

- Alex. finit par dire Alysson en relevant les yeux de son torse nouvellement musclé. Tu étais...

- Dans la salle de bain, affirma t'il en montrant d'un signe de tête une porte qu'elle n'avait pas vu auparavant. Et Peter est partis nous chercher de quoi manger.

Alysson acquiesça. Elle avait des tas de questions à poser, maintenant que sa colère était légèrement retombée, mais un détail la gênait. Elle se frotta la tête, là où elle avaut une bosse, à cause du front d'Alex. Fille stupide.

- Tu pourrais... t'habiller ?

Alex rigola doucement et acquiesça. Il ouvrit sa valise, posée dans un coin, et en sortis quelques habits. Alysson détourna les yeux. Si elle avait déjà vu son corps nu tellement de fois qu'elle ne pouvait plus les compter, aujourd'hui cela la gênait. Avec raison. Alex se releva, un tas de tissu à la main et, après un petit "je reviens", il disparut dans la salle de bain. Aussitôt, Alysson se précipita vers la porte de la cabine, mais ses doutes se révélèrent vrais. Elle était fermée à clé. Déçue, elle s'assit sur la banquette, replia les jambes et attendis. On l'avait kidnappée, et maintenant enfermée. Peu de temps après, la porte de la salle de bain s'ouvrit à nouveau et Alex sortis, habillé d'un jean et d'un pull noir. Sans un mot, il vint s'asseoir à côté d'Alysson. Il posa sa main sur le genou de la femme, et celle-ci se raidis.

- Alex. Ne complique pas plus les choses.

- Excuse moi, dit il en retirant sa main. C'est juste que... ça me fait tellement de bien d'être avec toi. J'ai du mal à me retenir de constamment te toucher, te tenir, t'embrasser, te prendre dans mes bras. Je prend sur moi, je sais que je mérite de te regarder chaque jour de ma vie sans te toucher. Mais c'est si dur...

- Tais toi. Tu veux bien répondre à mes questions ?

- Ne me parle pas comme ça, je t'en prie... tu ne sait pas ce que je ressent.

- Non en effet je n'en sais rien. Tu veux bien, oui ou non ?

- Oui, souffla t'il. Je t'écoute.

Aly hésita un instant. Comment faire un tri dans toutes les questions qui l'assaillait ? Elle finit par se lancer :

- Où va se train ? Où est ce qu'on va ?

- En Sibérie, répondit t'il tranquillement.

- En S... attends, quoi ? Comment ça en Sibérie ?! Alors tu m'as kidnappée pour m'emmener dans un pays glacial et inhabité ?!

- Mais, Aly... je ne t'ai pas kidnappée.

- Ha oui ? S'exclama t'elle, furieuse. Comment t'appelle ça alors ?! Tu m'as emmenée ici contre mon gré, et je suis enfermée dans cette minuscule cabine !

- Hum, ne put s'empêcher de corriger Alex, c'est une des cabines les plus spacieuse.

- Alex ! grogna t'elle en le fusillant du regard.

- Desolé. Si tu savais... je fais tout ça pour toi. Dans mon pays, tout est... fabuleux. Merveilleux. Tu va t'y plaire beaucoup plus que dans cette ville. Tu finira par me remercier. Tu as d'autres questions ?

Alysson fulminait. Il avait beau couvrir son méfait de belles paroles, ça n'en changeait rien aux faits. Elle était emprisonnée.

- Peter. Comment tu le connais ? Je l'ai rencontré à peine hier, et par pur hasard.

- En fait... il était dans le coup depuis le début. Je voulais qu'il te surveilles. Pour que tu ne te mettes pas en danger inutilement. Et d'après ce qu'il m'a dit, s'il n'aurait pas était là, tu serais actuellement à l'hôpital.

Alysson ouvrit de grands yeux suite à ses révélations. Il l'avait espionnée ! Elle jeta un coup d'oeil sur le bandage sur son avant bras.

- Donc, en plus de prevoir de me kidnapper et de m'enfermer dans ce train, tu m'espionnais ?! résuma t'elle. C'est dingue. Ça va être quoi la prochaine fois ? Des caméras cachées dans tout mon appartement ?!

- Mais non ! Je ne ferai jamais ça ! J'aimerai juste que tu comprenne que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour toi !

Alysson ricana, sans y croire un traître mot. Mais elle préféra changer de sujet.

- Où étais tu ses cinqs dernières années ?

- Dans un pays appelé Darnao. Là où nous allons maintenant. 

- Jamais entendu parler, dit elle tout aussi sèchement. C'est où ?

- Hum... disons que c'est vers la Sibérie.

-  On va donc pas s'attarder au pays des esquimaux ? Lança t'elle avec ironie. Génial.

- Mais tu confond tout, dit il en souriant. Le pays des esquimaux, tout le monde sait que c'est l'Antarctique.

- Parce que tu crois qu'il y fait moins froid ?

- Surtout moins glacial.

- Alex ! Arrête de changer sans cesse de sujets !

Il se mordis la lèvre, mais ne répondit rien. Elle détesta ce silence, plus que n'importe quelles réponses. Mais elle s'efforça de se calmer. Elle avait une dernière question.

- Pourquoi tu m'as quittée ...? Demanda t'elle, sa voix se brisant. 

- Pour te protéger, Alysson.

- Mais me protéger de quoi ?

Alex la dévisagea gravement, pesant sans doute le pour et le contre de lui répondre. Il plongea son regard dans le sien et dit doucement :

- De toi même.