Tu flottes dans une immensité blanche sans fond ni fin. La lumière te porte, te berce. Tu ne penses plus, ne bouges plus, tu n'en as plus la force. Tu te contentes de rester là, les yeux fermés. Savourer l'instant présent. Car il ne durera pas, tu le sais.
Les meilleures choses ont toujours une fin.
Une voix émerge doucement du doux brouillard qui t'entoure. Elle t'appelle. Tu sens quelque chose de mouillé tomber sur ta peau et rouler jusqu'au bas de ton visage. La voix est douce, elle supplie. Elle te tire en avant. Tu résistes, tu refuses de quitter cette lumière. Il le faut pourtant. Tes yeux s'ouvrent malgré toi.
Tu es seule. Seule dans une petite pièce blanche elle aussi. Seule dans un immense lit. Tu as soudain l'impression d'être toute petite, vulnérable. Le matelas est tellement grand qu'il y a un vide, à côté de toi. Quand tu y poses ta main, il est tout froid.
Pourquoi as-tu le sentiment confus qu'il te manque quelque chose ?
Tu cherches dans ta mémoire. Tout est embrouillé dans ta tête. C'est comme un nuage opaque qu'y t'empêche d'y voir clair. Tu insistes pourtant, tu veux te rappeler, il le faut.
Les souvenirs te reviennent alors, par vagues.
Sa mort. La culpabilité. La falaise. Le vide.
Une affreuse sensation te tord soudain le ventre. Tu as l'impression que tes entrailles se sont nouées entre elles pour ne former qu'un écheveau douloureux.
Tu te rappelles du sentiment de paix qui t'a envahie quand tu es tombée. De la sérénité. De la plénitude. Tu pensais que tout serait enfin terminé. Que tu serais enfin en paix. Que tu n'aurais plus à porter le poids de tes actes. Tu n'étais qu'un pétale tournoyant dans le vent, un papillon léger, une aile transparente, une goutte de rosée, une larme infinie.
Paradoxalement, c'est à ce moment-là que tu t'es sentie vraiment vivante. Au moment où tu frôlais la mort.
Mais tout n'était pas fini, contrairement à ce que tu pensais. Non, rien n'était fini. Tout aurait été trop simple. Tu dois souffrir encore, souffrir pour tes actes, pour avoir tué celui que tu aimais.
La sensation de légèreté a disparu. Tu as mal. Mais ce n'est pas la même douleur qu'au moment de sa mort, pas une douleur qui prend tout l'espace et grignote tout ton air, une douleur qui te fait oublier le monde qui t'entoure. Non, c'est une blessure sourde, enfouie, un feu qui ne s'éteindra jamais. Tout au plus restera-t-il quelques braises, mais elles seront là, te torturant jusqu'à la fin.
Au lieu de disparaître derrière la souffrance, le monde s'impose à toi. Il t'aveugle, t'écrase sous sa réalité. Tu étouffes, ouvres la bouche, hoquettes, cherches désespérément un peu d'air. Il s'engouffre dans tes poumons en brûlant ta gorge. Les murs sont trop blancs, ils t'éblouissent, t'enferment.
Le monde est présent, horriblement présent. Il te rappelle cette réalité que tu as tenté d'effacer.
Qu'est-ce qui a raté ? Tu ne comprends pas. Ça aurait dû réussir, pourtant. Pourquoi as-tu survécu ? Ce n'était pas prévu, tu ne l'avais pas prévu. Pourquoi as-tu survécu ?
Ça a raté. De toute façon, tu es ratée. Ta vie est ratée.
Tu ne sais pas si tu es heureuse d'être en vie ou dégoûtée de ne pas être morte, et à vrai dire, tu t'en moques. Tu ne veux qu'une chose : quitter ce monde qui t'emprisonne.
Les larmes te piquent les yeux. Tu n'essaies pas de les retenir, ça ne sert à rien, elles finissent toujours pas déborder de tes yeux. Tu as l'impression que, quoi que tu fasses, tu ne peux pas agir sur ta vie.
Elles coulent, brûlantes, sur ta peau. Elles laissent un sillon de détresse, de tristesse et de solitude sur ton visage. Tu enfouis ta tête dans ton oreiller en essayant de les retenir. Les sanglots t'étouffent. Tu te mets à tousser violemment. Tu cherches de l'air. La panique t'envahit. Une nouvelle quinte de toux te secoue. Tu vois trouble.
Une main te retourne doucement. Tu la repousses. Tu ne veux pas d'aide. Tu veux juste être seule. On t'immobilise et te force à ouvrir la bouche. Tu te débats, donne des coups de pieds au hasard. Quelque chose est glissé entre tes lèvres. Par réflexe, tu déglutis et l'avales. Les mains te lâchent aussitôt.
Tout est flou autour de toi. Tu ne vois le monde qu'au travers de tes larmes. Tu sanglotes, plus morte que vivante.
Raté. Tu es ratée. Le destin s'est bien joué de toi.
Une brume accueillante s'invite dans ton esprit. Tu n'essayes même pas de résister. Tu ne peux pas, de toute façon. Tu fermes les yeux et t'enfonces dans un sommeil sans rêves.
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Hey !
Me revoilà pour un nouvel OS très gai (en même temps, ai-je déjà écrit un OS gai ?)
On peut prendre cet OS de plusieurs façons :
- une suite possible de Vengeance d'une fille-loup, bien que je préfère le fait qu'elle meure à la fin.
- une fanfic' sur Jadina après la mort de Danaël, avant qu'elle ne parte pour les mines d'Orchidia
- ou tout simplement l'histoire de n'importe quelle personne ayant fait une tentative de suicide.
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Les écrits de mes rêves
FanfictionDe petits textes qui me viennent au moment où je m'y attends le moins... Légenfans, Taraddicts, vous trouverez ici votre bonheur !