Ma vision s'estompe, s'assombrit, se meure, délaissant la lumière aveuglante du soleil traversant les flots agités, abandonnant le chant exorbitant des mouettes, quittant cette planète aux milles couleurs pour un monde monochrome bleuté.
C'est froid...
J'essaye de m'agripper à une corde invisible, d'empoigner la main d'une sirène imaginaire, d'hurler le silence de l'air qui s'échappe de mes poumons alors que je me teinte d'obscurité.
Finalement, lutter devient inutile et je fonds dans les profondeurs de l'océan, dérivant sans m'accrocher au gré du courant, qu'il soit violent ou délectable.
Le sel de la mer me ronge le corps, bientôt je ne serais qu'une épave décomposée, revenant auprès de ces couleurs que j'ai supplié durant ma torture. Je sens déjà la pluie battante et les poissons me sculpter de leurs morsures, mais cet océan d'encre marine me consume, si bien qu'il ne reste plus que mon coeur pour vivre.
Un coeur battant durement au fond de l'océan, chantant sa fable à qui veut l'entendre.
Des années et des années de solitude ne parvienne pas à souiller le coeur attendri, fredonnant encore grossièrement des paroles aussi futiles qu'incomprises.
Je t'aime.
