16- Rien que nous deux

41 4 0
                                    

La magie n'opère que si nous sommes rien que nous deux. Lire à travers tes yeux étaient d'un plaisir immense. Savoir d'avance ce que tu souhaitais faire était quelque chose que j'aimais.

J'adorais avoir raison et surtout rigoler quand nos proches me demandaient comment j'avais fait.

Nous étions tous les deux, contre tous. Je le savais et toi aussi n'est-ce pas ? Tu n'as jamais abandonné et tu t'es toujours battu dans la vie pour atteindre tes objectifs.

Ce soir-là, après avoir mangé un festin venant de Nena Emna. Nous avons ramené mon père à la maison et tu as demandé à mon père.

- Puis-je prendre votre fille quelque instant de plus ?

Tu stressais, tu étais tout rouge. Et mon père souriait face à ta gêne. Il répondit par l'affirmative et nous nous sommes éloignés du quartier.

Tu t'étais parqué dans un parking et tu m'as ouvert la portière de derrière. Tu avais pris ma main dans la tienne si facilement. Je sentais ta chaleur, je voyais que tu étais heureux. Que tu vivais dans ma main.

Nous sommes entrées dans un parc, des jeunes chantaient et il y avait aussi des ivrognes. Le monde n'est pas toujours magnifique.

Mais ce moment-là me sera gravé à jamais dans le coeur. Quand tu regardais loin devant nous et que tu me tirais vers toi.

Comme si tu m'ammenais vers un futur. Parce que seule je n'y arriverais pas. Je le savais au fond de moi, je devais te trouver.

On s'est assis sur un banc et tu m'a demandé.

- Peux-tu me parler de ta mère ?

Ta demande me faisait mal, mais je savais depuis le début que nous aurions cette conversation. Ma mère faisait partie de ma vie de tous les jours et si je devais relier ma vie avec la tienne. Je me devais de te raconter mes démons.

-Ma mère est morte à ma naissance. Elle ne m'a jamais vue, ni même toucher.

Ta première réaction était le choc. Tu avais dû croire que je connaissais ma mère. Que je connaissais sûrement ce qu'était d'appeler sa mère à l'aide.

La seconde réaction m'a frappé au visage, c'était l'imcompréhension. Tu ne me comprenais pas.

Ça fait mal, trop mal. Te voir me regarder ainsi me coupait le corps en mille morceau. J'avais l'impression de tomber dans un trou et que je n'y voyais même pas le bout.

- Désolé.

Ce mot que tu m'as dit m'a mit mal à l'aise au début. Puis je t'ai pris dans mes bras.

- Tu n'as rien fait de mal. Lui avais-je dit

Tes épaules étaient plus large dans mes souvenirs. Tu semblait brisé dans mes bras. Je ne comprenais pas ta souffrance.

- J'aurai dû comprendre plus tôt ta souffrance. Tu ne l'aimes pas ?!

Kenan avait tout compris. Il avait lu à travers mon âme et je ne savais pas quoi lui dire.

Je la haïssais, mais comment pouvait-il le savoir ?

Je secouais la tête pour répondre à sa question et il se frappa le front.

- Tu n'es pas obligé d'appeler ma mère "maman". Me dit Kenan en se levant du banc

Je me suis levée et l'ai pris dans mes bras. J'avais besoin de le savoir proche de moi et surtout qu'il me comprenne encore sur mon choix.

- Je veux l'appeler ainsi ! S'il te plait. Je ne l'appelerais jamais comme cette femme.

- Anissa, ta mère restera ta mère tu le sais ça ! S'écria-t-il. Tu ne peux pas l'appeler autrement.

- Je ne pense pas devoir l'appeler comme ça. Elle m'a abandonnée, elle a laissé mon père seul.

Kenan posa sa tête contre la mienne. Je voyais ses yeux verts me transpercer. Ce vert était le plus magnifique. Je sentis ses lèvres se poser contre les miennes.

Notre premier baiser, une tornade autour de nous et en nous. Je me sentais très bien et j'ouvris les yeux. Kenan éloigna ses lèvres et caressa mon visage avec son index.

- Ta mère t'a mise au monde, et tu es avec ton père. C'est la vie Anissa et tu dois te battre pour ceux qui sont encore en vie.

Ces paroles m'ont réveillée et je baissais la tête. J'avais honte... Je pensais mériter la mort. Ne pas mériter d'aimer ou d'être aimer car j'avais tuée ma mère en naissant.

Mais Kenan me montrait un autre chemin et il était tellement brillant. Kenan m'embrassa encore une fois.

- Tu vois, ce que tu ressens. Tu as le droit de le ressentir puisque tu es vivante. Je t'aime Anissa et n'aie pas peur que je te juge. Je t'aime comme tu es ! Pas besoin de te cacher à travers un sourire.

Quelque minutes après, on a décidé de rentrer. Tu écoutais une musique albanaise et je commençais à la chantonner. Tu avais pris ma main dans la tienne et tu m'avais rejoint dans le chant.

Ta voix était merveilleuse, je ne savais pas que tu avais une voix aussi belle. Et je ne savais pas non plus que nos voix ensembles donneraient une mélodie aussi parfaite.

D'un seul coup, j'ai vu devant nous une silhouette sur la route. Quelqu'un devait traverser la route. J'ai hurlé et je ne sais même pas ce que je t'ai dit.

Mais je sais ce que tu as fait. Tu as essayé de t'éloigner au maximum de cette personne. Cependant, tu as oublié que nous étions dans une mini forêt, tu es entré en plein dans un arbre.

Le choc nous a rendu inconcient tous les deux. Puis j'ai entendu ta voix, quand je les ai ouvert, je t'ai vu couvert de sang, ton sang.

Et tu n'as dit que deux trois mots avant de refermer les yeux.

- Je t'aime Anissa.

Vie d'une kosovare ♾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant