Chapitre 17

5K 324 274
                                    


Je rêverai ne plus jamais quitter le lit d'Adrien.

Et pourtant je l'ai fait. A contre cœur certes, mais je l'ai fait. Aux alentours de quatre heures du matin, Tikki m'a tirée de mon court sommeil pour me signaler que j'étais redevenue Marinette, comprimée contre le torse du beau blond. Toutes les bonnes choses ont une fin et je me suis résolue à me dépêtrée de cette jungle de bras et de jambes pour m'extirper de son lit et ensuite de sa chambre. Son chat n'a pas cessé de me fixer d'ailleurs, ses grands yeux verts luisaient dans la nuit. Je me suis rapidement transformée, veillant à ne pas réveiller Adrien puis me suis enfuie, à travers la nuit, subissant le vent glacé et la fine pluie jusqu'à mon studio.

Affalée dans mon lit, je ressentais déjà le manque de chaleur émanant du corps de mon amoureux. Pourtant, cela ne m'a clairement pas empêché de m'endormir profondément, omettant de régler mon réveil trois heures plus tard.

Je me suis donc levée vers midi.

- « Tikki, pourquoi tu ne m'as pas réveillée?! » Je grogne en enfilant à la va-vite un jean taille haute, un t-shirt blanc et une veste crème.

- « J'étais fatiguée moi aussi...» Bredouille-t-elle d'une petite voix, « J'ai veillé toute la nuit pour ne pas qu'Adrien découvre ton identité...

Devant son air désolé et les multiples bâillements qui s'échappent de sa bouche, je commence sérieusement à culpabiliser.

- « Désolée Tikki, je m'excuse en déposant un bisou sur sa joue. Je sais que tu fais de ton mieux, merci. »

Elle m'adresse un sourire complice et se glisse dans mon sac, prête à partir. Quitte à arriver en retard, autant ne pas me stresser pour rien. J'ai bouclé mon travail d'hier avec une main de maître, j'ai bien le droit à un petit break. A cette heure, les métros sont beaucoup moins bondés, j'ai même pu m'asseoir! Alors que j'arrive lentement mais sûrement à l'immeuble Agreste, je jette un œil à mon téléphone. A l'heure qu'il est, Adrien doit être déjà arrivé en Italie. J'espère qu'il ne sera pas trop fatigué. Il faut dire que nous nous sommes câlinés pendant un bon moment dans son lit. Je me sens rougir rien qu'à y penser.

- « Bonjour! » Je m'écrie en passant les portes automatiques de l'accueil.

- « En voilà une qui est de bonne humeur. »

Tiens, la voix de Monica, l'hôtesse d'accueil, est plus grave que d'habitude. Je remarque alors la présence d'un jeune homme aux cheveux noirs et à l'allure décontractée, appuyé sur le comptoir. Je reconnais les traits doux de Yan, le styliste d'Adrien.

- « Et en retard », commente Monica derrière son écran.

Je grimace et m'avance jusqu'à eux, une main plongée dans mes cheveux, exceptionnellement défaits par manque de temps.

- « Qu'est-ce que tu fais ici? » Je demande à l'attention de Yan.

- « A vrai dire, j'avais un peu de temps, Adrien ayant décollé pour l'Italie ce matin, je me retrouve en "chômage technique" si je puis dire. »

- « Tu n'es pas parti avec lui? »

J'imagine mal Adrien partir seul pour un pays étranger. Dans mon esprit, c'était la star accompagné de tous ses assistants.

- « Vu la restructuration, je crois qu'il vaut mieux pour moi de rester et ici et de profiter que monsieur soit parti pour mettre de l'ordre dans mes papiers. De plus, sa tenue pour le défilé est déjà prête depuis un moment. »

Ma bouche s'ouvre en petit O puis se referme aussi vite. Cela ne répond tout de même pas à ma question d'origine.

- « Mais maintenant que je suis là », poursuit-il en s'écartant du comptoir. « Je me disais que c'était l'occasion pour voir tes créations. Tu m'as vraiment intrigué au studio l'autre jour. »

Cécité [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant