Chapitre 34

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Me suis-je limité à un seul whisky hier soir?

J'en doute. En tout cas, c'est ce que mon mal de crâne m'insuffle dès mon réveil. La lumière du jour m'agresse la rétine tandis que j'essaie d'émerger d'un sommeil à la fois désagréable et reposant. Ma chemise déboutonnée me colle au torse et mon pantalon baissé jusqu'à mes genoux m'indiquent que j'étais trop paresseux - ou trop bourré - à mon retour pour me déshabiller...ou de prendre une douche visiblement. Je m'empresse de régler cette heure et glisse mes jambes en dehors du lit.

- « Pourquoi fait-il aussi froid? » Je grogne avant d'éternuer.

Mon attention se porte vers la série de fenêtres, l'une d'elles est restée ouverte toute la nuit. Pas étonnant que je couvre un rhume. Nathalie va me tuer si elle l'apprend. Rectification: tout le monde va me tuer. Encore engourdi par la fatigue, je déambule aussi vite que possible vers la fenêtre et la referme, profitant que brièvement de la vue vers le ciel nuageux de Paris.

- « Tu la sens venir, la journée pourrie? » Je demande, à l'attention de Plagg.

Mais je ne reçois que le silence en guise de réponse. Le kwami est profondément endormi sur un de mes oreillers. On dirait que la nuit a été courte pour lui aussi. J'ai encore un peu de temps avant de partir, autant le laisser roupiller pendant que je m'éclipse pour ma salle de bain privée. Les vêtements se plaquent désagréablement à ma peau, je m'abstiens de toute plainte et me contente de grommeler à voix basse.

La fin de soirée ne s'est pas déroulée comme je l'espérais. Yan et moi avons longuement discuté à l'extérieur du club après le départ de Marinette. À vrai dire, je m'attendais à ce qu'il m'insulte pour l'avoir rejetée avant d'essayer de la reconquérir. Je me trompais et j'étais à des années lumières d'avoir compris ses intentions.

- « Alors pourquoi tu insistes tant pour lui parler, hein? » Ai-je pesté à son encontre.

Mon ancien styliste a passé sa main de son front à son menton, m'adressant un regard noir.

- « Écoute, mec, tout ce que je veux, c'est dire à Marinette que je la laisse tranquille. C'est fini, tu as gagné, elle est à toi! »

Il m'a crié ces paroles comme si c'était une évidence et que j'étais un imbécile complet de ne pas m'en être rendu compte. Je n'ai pas cherché plus loin. Apres tout, il venait de me donner raison et m'a juré d'abandonner l'idée de sortir avec Marinette, j'étais plutôt content.
Cependant, je ne m'attendais encore moins à ce qui a suivi:

- « L'autre jour, quand j'ai été transformé en méchant, j'ai été sauvé par une autre fille. » A-t-il enchaîné plus posément. « Une fille aux yeux bleus si perçants que j'en ai été abasourdi. Elle m'a réconforté avant de s'enfuir par les airs. »

Ladybug? C'est ce qu'elle fait avec tout le monde, non? Sur la vidéo postée sur le Ladyblog, son geste m'a paru plutôt anodin.

- « Pourquoi tu me racontes ça? » Je demande, perplexe.

- « Tu ne comprends donc pas? C'est cette fille que j'aime réellement, cette courageuse Ladybug au courage sans limite et à la beauté fulgurante! »

J'ai manqué de m'écrouler devant tous les compliments pour ma Lady. Suis-je définitivement maudit au point que mon rival tombe amoureux des deux identités de ma belle? On dirait bien.

Sur le coup, je n'ai rien répondu de plus. Et alors qu'il s'en allait, dans le but de se confier à Marinette sur sa nouvelle amourette, je l'en ai empêché, prétextant vouloir discuter de nos différends - "en gage d'une probable amitié". Improbable en mon sens, mais je préfère qu'il garde de faux espoirs envers Ladybug qu'envers Marinette, question pratique. Il était donc presque deux heures du matin quand je me suis écroulé dans mon lit, sans vérifier mes messages. C'était sans espoir, Marinette ne m'en aurait pas envoyé, pas après être repartie dans le club au beau milieu de l'altercation.

Cécité [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant