Chapitre 20

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« Je t'aime Adrien. »

Combien de fois dans ma vie ai-je entendu ces mots? Je ne les compte plus.

La première fois, c'était dans un parc, j'avais partagé ma pelle bleue avec une camarade pour qu'elle puisse creuser un trou. Puis elle m'a avoué qu'elle m'aimait. On avait trois ans.

La deuxième fois, c'était à la piscine, j'avais laissé ma place sur le toboggan à une fille puis elle a avoué qu'elle m'aimait. J'avais sept ans. Je ne connaissais même pas son nom.

Et ça a continué encore et encore même quand je ne fréquentais pas encore le collège. J'ai déçu tellement de filles que je crains qu'on ne l'inscrive sur ma tombe à ma mort en guise de représailles. Mais malgré tout ça, malgré toutes les situations gênantes que j'ai du affronter, aucune n'a été plus douloureuse que celle que je suis en train de vivre.

Marinette se tient devant moi, courbée, tête baissée, ses cheveux masquent le dessus de son visage mais je décèle le rose de ses joues. Evidemment que je m'en doutais, depuis toutes ces années et même quand je suis allée chez elle en tant que Chat Noir. Marinette a toujours eu des sentiments pour moi et, au fond, j'espérais qu'ils s'effacent après lui avoir confié que je sortais avec Ladybug. Et en dépit de tout ça, nous sommes là, dans l'atelier du deuxième étage de l'immeuble Agreste.

Ma première pensée se tourne vers ma Lady. C'est elle que j'aime et je me dois de régler, même avec un pincement au cœur, cette situation gênante.

Ma main s'évadant de son épaule pour glisser sur ses omoplates, j'attire Marinette contre moi et dépose l'autre main dans le bas de son dos.

- « Je suis désolé. »

Je souffle des excuses aussi doucement que possible, le menton posé sur sa tête, caressant son dos à travers ses vêtements. Elle ne bronche pas, mais je me doute que d'ici peu, elle se perdra en pleurs et refusera de m'adresser la parole. C'est ce qu'elles font toutes en fin de compte. Mon cœur prend un sacré coup quand je sens son corps trembler sous mes bras. Marinette essaie vainement de contenir ses larmes

- « Mari...Si tu as besoin de pleurer, fais-le. »

J'ai l'impression d'être le pire imbécile que cette Terre ait connu.

- « Qu'est-ce qui ne te plait pas chez moi? » Me demande-t-elle, la voix déformée par ses sanglots.

Je préférai ne pas répondre pour ne pas la blesser davantage. Pourtant, elle devrait savoir la raison qui m'empêche de la considérer autrement que comme une superbe amie. Je me racle la gorge et la serre un peu plus fortement, sentant l'odeur de ses cheveux qui remplit mes narines.

- « J'aime Ladybug, Marinette. »

Certes, j'aime une fille dont je n'ai aucune information sur la vie privée, mais je l'aime assez pour ne pas la trahir.

- « E-Et si...Si Ladybug é-était... »

Marinette se perd dans ses mots, je ne tiens pas à épiloguer et la faire souffrir davantage.

- « Non Marinette. »

Mouillant ma chemise de ses larmes, elle se fond dans le silence, les bras remontés au niveau de sa poitrine. A quoi bon s'acharner? Mieux vaut pour elle qu'elle se détache de moi pour passer à autre chose. Lorsque je suis certain qu'elle ne sanglote plus, je recule d'un pas, les mains accrochées à ses épaules.

- « Je t'appelle demain. Si tu ne veux pas me parler, je comprendrai. Mais je t'adore, Mari. »

Je ne peux rien de plus pour elle. Même avec de la bonne volonté, je ne pourrai pas effacer la douleur que je lui cause et je me sens déjà coupable pour tout ça.

Cécité [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant