Partie 1

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Jeudi 23 Septembre

           Les loups hurlaient dans les bois.    Les cigales chantaient. les vers luisants, comme des etoiles, pleuraient, ils pleuraient des lumières vertes. les branches des arbres qui obstruaient les rayons fourbus de la lune, fiévreuse et bien remplie se devant d'éclairer les rues de Rocharville, étendaient leurs lourds feuillages et  dansaient au gré du vent.  Sur la place, devant la cathédrale, les gens marchaient, parlaient ou seulement contemplaient en silence  la dernière statue  Saint-Bernard que le saint père avait inaugurée. D'autres prenaient tout simplement l'air d'une nouvelle saison. De loin, on entendait les cloches carillonner signalant la fin de la messe du soir, et le dôme du Saint siège vibrait à faire trembler la masse cervicale des rapaces. Les chrétiens sortaient, soulagés, joyeux et plus légers.
          Je l'ai vu s'asseoir, seule dans l'Eglise après la messe, elle paraissait tourmentée, bouleversée. Antillaise dans les vingt-quatre ans, elle avait la peau luisante et ondulée, colorée de caramel fondu. Sa bouche était rosée. Elle avait les lèvres pincées et des cheveux crispés. Je l'ai déjà vue, hier même je l'ai vue, dans les entrailles de la nuit, pendant le temps d'un coup d'éclair des phares d'une Mitsubishi signalant son détour dans la rue à gauche, à genoux devant un homme d'à peu près deux fois mon âge dans un coin de la septième avenue lui faisant une fellation tout en cachant son visage. Mais je n'ai pas prêté attention à cela car, depuis un certain ces genres de choses se font toute la sainte journée. C'est fou ce que les jeunes d'aujourd'hui sont immorales. Elle avait l'air ivre, plutôt elle semblait désolée, lassée de la vie et de ses fruits. Ses yeux trahissaient une envie de tendresse et d'amour; Le mascara coulait à causes des larmes similaires à un fleuve en temps de crue. Elle envoyait  tous ses pleurs, dans le silence d'une âme égarée. À la voir seule, ici, en ce moment, cela m'intrigue. je me suis approché d'elle et tendrement je lui ai adressé :" Bonsoir mademoiselle."
Un sourire s'echappa de ses lèvres  tremblante, elle sécha ses larmes et me dit :" Bonsoir.
- la messe est finie et on va fermer l'église, Puis-je savoir ce qui vous retiens ?
- Ceux qui sont partis après la messe ont reçu leur bénédiction, en ce qui me concerne, je cherche toujours la mienne... Je crois bien que ce ne sera pas pour ce soir.
- Mais pourquoi le Seigneur te priverait-il de ses bénédictions?
- Mon père, j'ai fait des choses... de vilaines choses...
- Dieu a bien dit qu'il blanchirait tous tes péchés, et ceci quel que soit leur gravité.
- Il m'a peut-être oubliée, qui sait! Peu importe... Je ne suis pas venue pour me confesser... mon père.
- Alors pourquoi rester à une heure aussi tardive ma fille ?"

Elle a souri. Je n'ai pas compris pourquoi. Peut-être parce que je l'ai appelée ma fille... quoi qu'il en soit c'était beau de la voir sourire.

"Je ne sais pas, elle a répondu, Je recherche quelque chose sans savoir ce que c'est.
- Parfois, on se courbe sous le poids de nos fautes mais le Seigneur nous tend toujours la main. Il suffit d'accepter son appel.
- Mon père, Même Dieu ne peut m'aider, je suis condamné depuis la nuit des temps.
-Tu te trompes, il suffit seulement  d'être patiente et de lui faire confiance.
- J'ai attendu pendant si longtemps...
- Et si tu me disais qu'est-ce tu as?
- Je n'ai guère besoin de compassion mon père, d'ailleurs je ne suis pas venue me confesser!
- Je vois, mais vous savez, si vous êtes là, j'imagine que vous êtes en quête de quelque chose quand même et je me propose de vous aider..."

J'ai essayé de la faire rire, et après un bon moment elle s'est détendue et a commencé à être plus ouverte. J'ai ensuite essayé de savoir la raison de sa solitude et, tout à coup, elle devint pâle, c'est comme si elle s'etait rendu compte à quel point elle etait bourré de problèmes... Cette fille là m'intriguait réellement, elle avait besoin d'une épaule, d'une oreille, bref, elle avait besoin d'une personne pour l'orienter, pour l'aider à découvrir l'amour incontestable de Dieu.

Il se faisait tard, et, malgré sa bonne impression sur moi elle ne me disais toujours pas ce qui allait de travers. Je voulais l'aider, vraiment, je le voulais après tout n'est-ce pas ça le rôle d'un prête? On a parlé et elle prêtait vraiment attention aux paroles de la bible. Elle posait beaucoup de questions. Les douze coups de minuit nous a interrompu; on n'a même pas vu l'heure passée... Et de sa voix douce, elle m'a lancé un " Bon Sommeil mon père." Je lui ai demandé de repasser à l'église et elle m'a dit qu'elle y penserait puis, elle s'est éclipsé dans la fureur de la nuit.

La SauvageonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant