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Cela faisait huit mois que le garçon se posait quelques minutes sur ce pont, espérant les revoir un jour.

Il commençait lentement à désespérer quand une fille arriva. Il soupira, il attendait deux filles, pas une. 

Pourtant, quand il vit la fille au visage baigné de larmes, sa mâchoire sembla se décrocher. C'était elle, celle qu'il aimait.

La fille s'avança jusqu'à l'endroit habituel, posa ses coudes sur la rambarde et fixa son regard sur l'eau paisible. Dans sa main droite se trouvait une chrysanthème entourée d'un ruban bleu clair et dans sa main gauche un cadre noir avec une photo dedans.

La brune se baissa et posa le cadre où il put apercevoir deux adolescentes riant aux éclats. Elle plaça la fleur juste devant avant de murmurer doucement :

" Ana, désolée. Désolée de ne pas avoir remarqué rapidement ta douleur. Je pensais que tu irais mieux avec le temps mais ça n'a fait qu'empirer. 

Je sais que malgré les piques que tu lui lançais, tu l'aimais profondément. Je sais que tu t'en voulais de ne pas avoir été là mais c'était un accident, ton frère n'aurait pas pu l'éviter. 

Tu semblais aller mieux, accepter sa mort mais je me trompais. Ce n'était que factice, tu souffrais tant que tu te réfugiais dans ton monde, avec ta lame.

Ce n'est qu'avec ce mot que tu nous a laissé que j'ai enfin réalisé ô combien tu souffrais.

' Maman, papa, Clara, je vous aime. Je vous aime de tout mon cœur mais j'aimais encore plus mon frère, mon jumeau, ma moitié. Sa mort m'a fait réaliser à quel point sans lui j'étais vide et perdue. Alors j'ai pris ma lame, j'ai tracé des lignes sur mes poignets, constamment recouverts de bracelets, pour oublier la douleur mentale. 

Et puis un jour, j'ai franchi le cap. Appelez-ça de la lâcheté si vous le souhaitez. 

Je vous aime,  

Ana. '

Oui An' je l'ai tellement lu que je le connais sur le bout des doigts. Je sais que depuis le paradis tu dois être en train de ricaner parce que tu penses que tu n'es pas douée pour les adieux.

Ana tu me manques tant... Mais je sais, oui je sais, tu voudrais que j'avance, que je vive mais comprends-tu comment c'est dur ? Je suis perdue sans toi, je n'ai plus mes repères et je replonge. Je me noie à nouveau dans l'alcool, j'ai honte si tu savais.

Mais je n'ai plus mon médicament pour arrêter, toi. Je n'ai plus personne sur qui compter.

Oh Ana, tu me manques, je t'aime. "



Les deux filles du pontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant