Gaëlle
Toutes ses recommandations devant la porte d'entrée me font un peu flipper et lorsqu'il prononce ce fameux prénom dans le salon, je commence à m'affoler. J'essaie de lui faire comprendre que je ne veux pas la voir, parce qu'une légère crainte que ce soit sa copine persiste encore. Sauf que quand une fillette de cinq ou six ans arrive, je bug totalement, mais me reprends rapidement quand Nathan me présente comme une amie.
Je remarque d'emblée que les yeux d'Elya sont exactement de la même couleur que ceux de Nathan, d'un bleu clair perçant et envoûtant. Ses cheveux sont beaucoup plus foncés que ceux de mon ami, pratiquement noir, mais je me dis que ce doit être sa petite sœur. Il ne m'a parlé que d'un grand frère, mais peut-être que quelque chose chez cette fillette mérite de rester secrète.
Je me présente à elle et son sourire est magnifique. Elle discute ensuite joyeusement avec Nathan des gâteaux qu'elle est en train de faire.
- Chocolat blanc ?
- Bah oui ! s'exclame-t-elle comme si cette question n'avait pas lieu d'être. Et chocolat au lait et chocolat noir.
Rien que ces termes me donnent l'eau à la bouche. J'ai bien envie de lui demander de m'en garder un peu de côté, mais mon ami ne m'en laisse pas le temps.
- Tant mieux ! Tu m'appelles quand c'est prêt ?
- D'accord Papa !
Quoi ? J'ai dû mal entendre, c'est impossible. Papa ? Elle n'a pas dit ça, c'est insensé. Nathan est... Papa ? Non.
Mes pensées surgissent à vitesse grand V et je tente de réfléchir à la possibilité que ce soit vrai ou non. Il ne sort pas le soir après les cours, ni le week-end, ni même une semaine sur les deux que nous avons eu pour les vacances. Lorsqu'il s'éloignait pour téléphoner, je l'ai surpris plusieurs fois à sourire sincèrement et avec émotion. Il devait certainement être en conversation avec elle et passer tout son temps avec elle. Mais une fille ? Est-elle réellement sa fille ? Il doit y avoir des explications à cela.
- Papa ? répété-je en me tournant vers lui sans cacher mon étonnement.
Il reste de profil et continue à regarder l'endroit où a disparu la fillette. Nous l'entendons rire joyeusement et Nathan me fait enfin face. Il est terrifié, c'est évident. Sa façon de pincer ses lèvres entre elles ainsi que son regard fuyant en atteste.
- On peut parler maintenant ?
Je ris nerveusement et secoue négativement la tête.
- Ce n'est pas « on peut », c'est « on doit ». Je crois que je ne peux pas y manquer.
Il acquiesce en souriant timidement et attrape ma main pour me conduire dans l'escalier. Ses doigts se referment chaleureusement autour des miens et me guident dans la maison. Nous entrons dans une chambre que je devine être la sienne et je craque littéralement lorsque je vois une petite boule de poils endormie sur le lit. J'en viens même à oublier pourquoi je suis là.
- Oh il est trop beau ! m'exclamé-je en m'asseyant près de l'animal pour le caresser.
Je m'en veux de le réveiller, mais il s'étire et se met à ronronner. Trop mignon.
- Il est tout petit, c'est un bébé ? J'adore les chats, ce sont les seuls animaux que j'aime d'ailleurs. J'en ai réclamé un à ma mère un jour, quand j'étais petite, mais elle a refusé. Elle est allergique aux poils de chat, c'est dommage. D'ailleurs, elle ne va pas cesser d'éternuer quand je rentrerai à la maison, la pauvre. A Brest, chaque fois que j'allais chez ma voisine, une très bonne amie à moi, elle éternuait pendant des heures entières à mon retour et...
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Elle, avant tout
RomanceDevenir père à seulement quatorze ans n'a rien de compliqué. Vraiment. Pas même lorsque la mère n'est plus là. Il suffit seulement de devenir adulte du jour au lendemain, de faire une croix sur les sorties et les amis, d'apprendre à changer des couc...