Elle, avant tout

Chapitre 32.

Nathan

Le calme après la tempête.

Manon a foutu un bordel monstre dans la tête de ma fille et je lui en veux terriblement d'avoir débarqué dans sa vie du jour au lendemain.

Pourquoi n'a-t-elle pas décidé d'être présente dans sa vie dès le début ? Pourquoi revenir quatre ans et demi plus tard pour perturber ma fille ?

Notre fille.

Non. Ma fille. Elya est mon bébé, ma princesse. Et jamais elle ne me l'a prendra.

Toutefois, j'ignore par quel miracle mais lorsque je la rejoint dans sa chambre, elle est en train de jouer avec ses peluches et rit gaiement avec Gaëlle. Ses joues et ses yeux sont toujours marqués par ses pleurs, mais elle semble déjà loin de tout ce bordel.

Elle vient immédiatement dans mes bras lorsque je m'approche et je la serre fort contre moi.

- Elle va pas m'emmener, hein Papa ? me demande-t-elle d'emblée.

- Non mon cœur. Si tu ne veux pas, alors elle ne viendra plus.

- Je veux plus la voir, avoue-t-elle timidement. C'est grave ?

Je secoue la tête en souriant.

- Bien sûr que non, Elya. Elle ne t'emmènera jamais, d'accord ?

Ma fille ne réfléchit que quelques secondes avant d'acquiescer et de revenir se blottir dans mes bras.

- D'accord. Je t'aime, Papa.

Et tout cela avec un sourire radieux. J'aurais pensé qu'elle me poserait des centaines d'autres questions pour être rassurée, mais non.

Vu le sourire adorable qu'affiche ma petite amie, je devine qu'elle doit y être pour quelque chose. Quoiqu'elle ait pu lui dire, cela a rassuré et réconforté Elya. J'aimerais savoir ce qu'il en est dans les détails, mais je repousse mon interrogatoire à plus tard. Je ne peux pas faire ça devant ma fille.

Suite à cette tornade qu'est Manon, nous ne continuons pas notre jeu de cartes - dont j'en ai laissé la moitié sur le perron lorsque j'ai fait tomber mon jeu - et nous préférons jouer calmement tous les trois dans la chambre, avec ses peluches et ses poupées.

Lorsque ma mère rentre du travail, elle voit bien que quelque chose ne va pas. Elle tente de me tirer les vers du nez afin de savoir ce qui se trame, alors je laisse ma fille en compagnie de Gaëlle pour aller discuter avec ma maternelle. Elle est évidemment peinée et en colère d'apprendre la visite surprise de la génitrice de mon bébé et est inquiète pour sa petite-fille. Elle aussi souhaite savoir ce que Gaëlle a bien pu lui dire mais ce n'est que le soir même, après avoir lu une histoire à Elya, que ma petite-amie s'ouvre à moi, blottie dans mes bras.

J'apprends alors qu'Elya était très inquiète à l'idée que sa mère puisse l'emmener loin de moi et ma copine lui a dit tout ce que j'aurais dit à sa place. Elle a dit tout ce qu'une maman aurait dit, ce qui me rappelle les mots de ma fille lorsqu'elle s'est adressée à Manon.

« J'ai déjà une maman. »

C'est ce qu'elle lui a crié tout à l'heure.

« J'ai pas besoin de toi ! T'es pas ma maman ! J'ai déjà une maman alors dégage de ma maison ! »

- Elya a dit quelque chose que j'ai trouvé... bizarre, déclare Gaëlle alors que ça fait plusieurs minutes déjà que nous ne parlons plus.

- Comment ça ?

- Eh bien...

Elle s'agite légèrement et se redresse un peu pour croiser mon regard. Le sien est anxieux et sa voix est hésitante.