Chapitre 10

901 83 22
                                    

Nerveusement je crispe les muscles de ma mâchoire en m'éloignant d'un pas rapide en direction de la fauconnerie. Je commence à en avoir assez ! Derrière moi Peter me suis du regard avant de se détourner en haussant les épaules.
En grommelant ma mauvaise humeur je siffle mon oiseau qui s'empresse de venir se poser sur mon avant-bras.

-Hey mon beau, on va aller faire un long voyage toi et moi.

De ses grands yeux innocents il me fixe en dodelinant de la tête. Comme j'aimerai être un oiseau, loin de tous les soucis et ennuis quotidiens ...

Je referme prestement sa cage dorée et quitte le bâtiment en jetant un dernier oeil aux dizaines d'autres oiseaux de proies qui dorment ou veillent. Au dehors je suis surprise de constater que ma vision n'est pas affectée par la tombée de la nuit, je continue de distinguer mon environnement en noir et blanc comme en plein jour. Au milieu du ciel j'aperçois la lune et son aura céleste qui s'étend sur le pays endormi, tout est calme et reposant.
Le bruissement des feuilles d'arbres qui ondulent au gré du vent rendent l'atmosphère légèrement lourde et pesante créant une boule de stress et d'appréhension au creux de mon ventre.
En quelques enjambées je rejoins Peter qui patiente en scrutant attentivement l'immense demeure de Killian. Un instant il se frotte le menton puis ses lèvres se courbent en un drôle de sourire, un mélange malsain et mesquin qui me provoque la chair de poule.

-Tu es prête ?

J'hoche simplement la tête en caressant distraitement du dos de mon index la petite tête de plumes de Sekkarô.
De nouveau Peter me tend sa main, en inspirant profondément je la saisis et une chaleur nouvelle naît dans ma poitrine. Ce simple contact, ce simple geste chargé d'affection et de tendresse me touche.
Non sans me regarder une dernière fois le blond m'entraîne avec lui vers le fond de la demeure en courant rapidement. Visuellement diminuée je me laisse guider alors que la pénombre se fait sentir de plus en plus. Je suis stupéfaite, il y a quelques instants je voyais encore très bien mais maintenant que nous nous enfonçons sous les arbres je peine à distinguer les formes.

Manque de bol je trébuche contre la racine d'un arbre et manque de m'étaler de tout mon long. D'un geste vif Peter me redresse en maugréant des insultes tout bas et je le fusille du regard en ravalant des insultes.

-Crève-toi les yeux et cours au milieu des bois, crachais-je.

Alors que les sourcils de Pan forment la ride du lion, ses traits se détendent légèrement et il penche la tête sur le côté en me regardant fixement.

-Pardonne-moi, je veux juste qu'on se dépêche de quitter cet endroit.

Sur ces mots nous reprenons notre course jusqu'à ralentir à l'approche du mur bordant la limite du parc. Là au milieu du clair de lune, Slightly patiente en adressant quelques mots aux chevaux.
Derrière un arbre Peter siffle pour attirer son attention et prévenir de notre arrivée.
Nous nous avançons près des chevaux et je ne perds pas de temps. Après avoir serré Slightly dans mes bras je me mets en selle et commence à avancer en m'assurant que je suis bien suivie par Peter et l'ancien garçon perdu. Ni une ni deux le blond bondit à l'arrière de mon cheval et passe ses bras sur ma taille avant d'attraper les rennes.

-Désolé mon ange, il n'y a que deux chevaux.

Je pince mes lèvres en croisant mes bras sur ma poitrine comme une enfant. Dans mon dos Peter ricane en posant son menton sur mon épaule.

-Tu boudes ?

Je dégage ses mains des rennes en tapant sèchement dessus. Pas de temps à perdre, surtout pas maintenant car je risque fortement de changer d'avis et de descendre de ce fichu cheval pour courir vers la demeure de Killian.

The Other LandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant