Chapitre 12

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Chapitre au contenu explicite, attention je ne tiens pas à heurter la sensibilité du jeune public.

-L'île du Diable ?

Un silence étrangement pesant répond à ma question tandis que Carem et Alex me fixent comme si j'étais la première des idiotes.

-Bon sang les garçons ! Expliquez-moi !

Telle une enfant capricieuse je tape du pied sur le plancher en croisant mes bras sur ma poitrine. Killian et Peter évitent soigneusement mon regard et se tournent simultanément en direction du Capitaine qui fixe intensément l'horizon, une boussole et un compas à la main.

-Quand pourrions-nous partir ?

Crochet fait mine de réfléchir, déposant l'acier de sa main gauche sur le bout de ses fines lèvres.

-Dans la matinée lorsque que l'aube pourra nous guider, d'ici là prenez du repos car une longue aventure nous attend.

Vexée de m'être fait totalement baillée par tous ces idiots je laisse un soupir franchir la barrière de mes lèvres et mon regard se perd sur l'océan autrefois bleuté que je ne perçois maintenant que comme une immense étendue grisâtre.
Délicatement deux mains glissent le long de mes flancs et se referment sur mon ventre. Les cheveux blonds de Peter chatouillent mon oreille alors qu'avec douceur il cale son visage contre mon cou où je sens le bout de son nez froid me provoquer un frisson.

-Tu boudes ?

Je pose mes mains sur les siennes en continuant de discerner les vagues qui s'écrasent au loin contre les lames tranchantes de l'océan et récifs mortels qui semblent inlassablement attendre de nouveaux navires à éperonner.

-Qu'est-ce que c'est que l'île du Diable, Peter ?

-C'est le seul endroit où nous trouverons une magie assez puissante pour te rendre la vue.

Naturellement sa réponse évasive me laisse sur ma faim mais mon éternelle curiosité est bientôt balancée de côté lorsque Peter embrasse à plusieurs reprise ma clavicule et le creux de mon cou.

-Tu viens te coucher ?

J'acquiesce sans dire un mot. Avec amour je dépose un baiser sur la tête de Sekkarô avant de le confier à Carem qui me promet d'en prendre soin. Après un rapide salut à tout le monde nous descendons dans une cabine jouxtant celle du Capitaine de trois fois plus petite et deux fois moins luxueuse mais que Crochet a aimablement mis à ma disposition probablement par égard pour mon état provisoire d'aveugle.
Éreintée j'attrape une chemise de nuit dans le bagage que je trimballe avec moi. Je m'apprête à l'enfiler et détache le corset de cuir qui opprime ma poitrine. Bon sang les corsets n'ont rien à envier aux soutiens-gorges, les deux sont horriblement désagréables.

Derrière moi Peter s'étale sur le lit en étouffant quelques mots sans importance dans l'oreiller. Comme si son corps pesait plusieurs tonnes il se débarrasse difficilement de sa veste et son haut avant d'enfiler un pantalon marron dont la matière s'apparente étonnement à celle du leggings.
Rapidement je passe mes mains dans mes cheveux pour venir grossièrement démêler les noeud les plus visibles.
Interpellée par mon reflet dans le miroir je m'approche de ce dernier en fixant intensément mes yeux.
Eux qui sont d'ordinaire aussi marrons que le chocolat, sont maintenant recouverts d'un fin filme blanchâtre qui effrayerait les morts.

-Alice mon ange, tu viens ?

La voix de Peter parvient à peine à mes oreilles tant je suis choquée par ce que j'aperçois. Douloureusement quelques larmes me montent aux yeux et roulent sur mes joues.

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