Quatorze

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Fin avril

- Sarah ? Avait demandé une voix féminine.

Je savais que je connaissais cette voix. J'étais dans la salle à manger du centre médical. Je me suis retournée rapidement, alarmée. Je vis Docteure Chartrand, toute souriante.

- Je ne pensais pas te voir ! Renchérit-elle.

- En fait, je viens de finir ma journée, mais j'avais apporté un lunch, donc je me suis dit que je pouvais bien le manger ici.

- Oh! Moi, j'ai un petit répit, viens donc, on pourra discuter.

Je la suivis vers une table plutôt éloignée. J'avais sans aucun doute plusieurs questions à aborder avec elle, puisqu'il ne faut pas se le cacher, c'est la Docteure de Lily. On a commencé par parler de tout et de rien et de comment se portent nos vies respectives. J'apprécie cette femme, c'était certain. Elle est si gentille et j'aimerais tant pouvoir travailler avec elle. Assise sur ma chaise, je n'en pouvais plus de me retenir. Je devais lui parler de Lily, c'était vital.

- Gabrielle...

- Quoi ? Dit-elle sur la défensive.

- Rien, juste que... Je voulais te parler de Lily.

- Oh, Lily ! Tu l'aimes beaucoup à ce que je vois.

Elle fit un pause pour me faire un clin d'œil. Je me sentis fondre de malaise sur la petite chaise. Gabrielle sourit.

- Je suis désolée, Sarah.

Je relevai un sourcil, perdue.

- Je sais que tu vas perdre une personne que tu n'as pas l'air de détester. On ne peut pas se cacher qu'elle va mourir, tu sais.

- Oh oui, je sais. Je sais bien trop. Ça fait mal. J'ai parfois l'impression qu'elle est déjà morte tellement je mets mes pensées sur ce cas.

- J'ai déjà vécu ça moi aussi..

- Avec une patiente ? La coupai-je.

- Non, rigola-t-elle doucement, mais avec une bonne amie. Je te comprends. Ne te gêne pas à venir me parler.

- Merci beaucoup.

- Il n'y a vraiment plus aucune chances, Gabrielle, plus aucune, dis ? Repris-je.

Elle baissa les yeux, mal à l'aise.

- Les tumeurs ne cessent de grossir... Sa santé s'afflaiblit. Aucun traitement ne semble porté fruits. J'aurais tellement aimé, moi aussi, qu'elle s'en sorte. Ça fait longtemps qu'elle est ma patiente et je ne peux nier qu'elle est une femme extraordinaire. Elle mérite plus.

- J'aimerais parfois qu'on échange nos places... Pour ne pas la voir souffrir.

- Oh, Sarah...

Gabrielle posa sa main sur la mienne et la serra. Je plongeai mon regard dans celui de la seule personne qui paraissait pouvoir me comprendre.

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Jusqu'à ses derniers souffles | Raulson Où les histoires vivent. Découvrez maintenant