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Lorsqu'Elov ouvrit les yeux, il ne vit d'abord que le ciel et les branches d'arbres verdoyantes. Il passa une main sur son visage. Il avait l'impression de se réveiller d'un étrange rêve. Un rêve où il se faisait attaquer par des brigands, après qu'il ait entendu ses quatre vérités sortir de la bouche de son Ondine. Il se rappela comment cela se terminait. Un sort. Qui avait lui semblait-il vilainement amoché le ventre. Il tâtonna celui-ci et ne trouva rien à son grand soulagement.

Tout ceci n’était donc qu'un rêve. Il soupira de contentement. Mais un doute s'insinua dans son esprit. Pourquoi alors était-il allongé dans une forêt ? Il se redressa subitement, avec l’impression d'avoir reçu un électrochoc. Il se trouvait dans une clairière qui lui était inconnue. Il tâtonna à côté de lui mais ne trouva pas son arme. Il aperçut Adriel à quelques pas qui semblait dormir comme un bébé. Il vit même le gobelin, recroquevillé sur lui-même en position fœtale. Pas la moindre trace de son Ondine.

Il se releva prestement. Il espérait qu'elle n'avait pas fuie ! Il n'eut pas le temps de faire un pas qu’un bruit de pas se rapprochant retentit. Il bondit derrière un arbre in extremis. Une longue silhouette encapuchonnée s’avança. Sa longue cape, d'un bleu pétrole, frottait le sol à sa suite. La personne s'approcha d'Adriel et se pencha sur lui. C’était le moment parfait pour attaquer.

Il se rapprocha de sa future victime sans bruit et avec la souplesse d'un chat. Lorsqu'il ne fut qu'à un mètre d'elle, il se saisit d'un branche au sol pour piquer le dos de la personne avant d'ordonner d'une voix rude.

- Éloigne-toi de mon ami si tu ne veux pas finir empaler sur ma lame.

La silhouette eut des tressautements et Elov crut que la personne convulsait. Mais ce fut lorsqu'un rire s’échappa de la bouche de son opposant qu'il comprit que ce dernier se moquait de lui. Celui-ci se retourna en levant les mains en l’air, une expression de malice plaquée au visage.

- Et avec quel arme très cher ? Sûrement pas celle que je porte à la ceinture ! Ni d'ailleurs cette inoffensive branche que tu vas me faire un plaisir de reposer à terre.

- Ruth ?

- Non, c'est la reine d’Angleterre ! À ton avis gros bêta !

Elle le prit dans ces bras en rigolant.

- La prochaine fois évite de jouer la Belle au bois dormant aussi longtemps. J'ai bien crû que tu étais dans le coma.

Elov ne répondit rien. Pas qu'il n'ait rien à dire mais c’était surtout parce qu'il ignorait qui était cette reine d'Angleterre et cette soi-disant Belle au bois dormant. Et aussi parce qu'il ne comprenait pas cette étreinte. Elle avait dû être inquiète pour lui, mais de là à faire des effusions de joie… Il restait aussi pantois et perplexe. Son rêve était donc la réalité ?

- Ruth… ça signifie que l'embuscade, le sacrifice d’Adriel, et le sauvetage du gnome, tout ça est réel ?

- On ne peut plus réel ! Après t’être évanoui pendant la bataille, le mage a claqué les doigts et a disparu avec ses hommes. Lui mentit-elle.

Elov réfléchissait. Ça ne collait pas. Déjà pourquoi avoir déployé autant de moyen pour les avoir si c’était pour partir au moment précis où il en avait l’opportunité ? Ce n’était pas logique.

- Mais et ma blessure à l'abdomen ? Pourquoi ne l'ai-je plus ?

- Quelle blessure ? Tu es sûr que tu te sens bien, tu dois avoir de la fièvre, on dirait que tu délires…

- Je ne délires pas Ruth ! Je te jure que je me suis fait blesser !

- Calme-toi Elov ! Ce n'est pas une raison pour t'emporter. Écoute, je t'ai moi-même inspecté des pieds à la tête à la suite de cette bataille et hormis un vilain hématome sur la tête qui t'a fait une belle bosse, tu n'as aucune autre blessure. Et entre nous c'est pour le mieux !

Les Chroniques des Souvenirs : L'Épée des WalystsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant