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Ruth sursauta à l’entente de son prénom. Si on lui avait un jour dit qu'elle inspirait autant de respect elle ne l'aurait pas cru. Pourtant le regard du maître changea du tout au tout : il devint d'abord livide avant de se ressaisir et de faire l'acte le plus étrange que Ruth ait pu voir. Il s'agenouilla et s'inclina. Peu à peu, tous se baissèrent pour s'incliner, même ceux qui ignoraient qui elle était. Il ne resta plus que trois personnes debout, Adriel, Elov et elle. 

Adriel lui offrit un demi-sourire un peu crispé avant de s'agenouiller. Ruth commençait à s'affoler. Elle ne savait pas comment réagir à ça. Surtout qu'un calme plat régnait. Elov s’avança alors, et d'un geste gracieux, après l'avoir regarder dans le blanc des yeux pendant quelques longues secondes, s'inclina devant elle. Cette fois, elle était sûre elle allait paniquée. Que devait-elle faire ? Elle sentit qu'on lui agrippait le pied et avant qu'elle ne puisse réagir une voix résonna dans sa tête. 

- Calme toi, Ruth, tout va bien se passer. Tu es trop nerveuse et ce n'est pas bon. 

- Elov ? Comment es-tu rentré dans mon esprit ? 

- À ton avis, pourquoi est ce que j’aurais saisi de manière discrète ton pied. Il me faut un contact physique pour pouvoir te parler. 

Le silence se fit quelques instants comme s'il lui laissait le temps de digérer l’information. Elle lui demanda d'une toute petite voix, ou plutôt pensée. 

-Est-ce que tu peux lire mes pensées, lire dans ma tête ? 

-Si je le voulais, oui, mais là non, je ne reçois que les pensées que tu veux me communiquer. 

Elle se tut et ne rajouta rien. 

- Ruth. Il faut que tu traces un signe ancestral pour nous libérer de cette révérence des plus longues. 

-Un signe ancestral ? Qu’est ce que c'est ? 

Il resta muet pendant quelques secondes avant de souffler. 

-C'est mal parti. Un signe ancestral et un signe spécifique que tu traces en l'air avec ton index et ton majeur et qui invoque de la magie. Je vais te projeter une image mentale de ce à quoi ressemble le symbole ensuite tu le reproduiras en l'air, d’accord ? 

- Oui… je crois. 

Comme il l'avait dit, un symbole complexe apparut dans son esprit. Une fois qu'elle fut sûre d'avoir mémorisé chaque détail elle rouvrit son esprit à l’extérieur. Elle leva ses deux doigts et le traça, espérant qu’Elov ne lui avait pas menti et qu'elle ne se ridiculiserait pas. Lorsqu'elle eut finit rien ne se passa. 

Puis, au moment où elle commençait à désespérer le signe apparu là où elle l'avait tracé dans le vide, dans une lumière entre le bleu et le violet. Cela l’éblouit un instant avant que le symbole ne se dissipe. Tous se relevèrent alors et s’éparpillèrent. Comme une nuée d'abeilles. Elle n'eut même pas le temps de voir la pauvre victime qui avait disparu dans la foule. Elle soupira déçue avant de voir arriver de son pas nonchalant, Grope.

- Et ben la laide, t'as pas fait ça dans la dentelle ! Mon dieu, j'ai crû que tu n'allais jamais nous autoriser à nous relever. Le pire, c'est que j'avais une dragonne enceinte à côté de moi, j'ai eu peur qu'elle n’accouche sur cette place. 

Une voix glaciale interrompit ses réprimandes.

- Tais-toi, le gobelin ! Elle est amnésique comment veux-tu qu'elle sache faire ! Si je n'avais pas été là tu y serais encore.

Les paroles d’Elov contrarièrent Ruth qui fronça légèrement des sourcils. Il croyait vraiment qu'elle ne pouvait pas se débrouiller seule. Elle n'y pouvait rien si elle avait tout oublié. Adriel arriva et ne sembla guère enchanté de voir Elov, bien qu'il tenta de lui parler avec chaleur. Mais ils furent interrompus par le maître de la ville qui avait définitivement changé d'attitude. Sa voix était mielleuse et Ruth comprit que ce dernier fayotait comme elle-même l'avait fait avec Bugrit.

Les Chroniques des Souvenirs : L'Épée des WalystsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant