CHAPITRE 4

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Conrad

—Conrad! hurle ma sœur, Lilas, en dévalant l'escalier.

Je relève la tête et la fixe du regard.

—Où est-ce que t'as mis mon caliss de fer à cheveux, tabarnack?crache-t-elle.

Je ricane.

—Je ne l'ai mis nulle part, la grande. Tu dois l'avoir perdu, comme toutes tes choses que tu m'a accuser d'avoir pris.

Elle grogne et se jete sur moi telle une déchaînée.

—DONNE LE MOI! hurle t-elle en me frappant.

Je rigole et lui prend les mains, l'empêchant de bouger. Elle crit et essaie de se débattre.

J'entends des pas dans l'escalier et je me tends. Si c'est mon père ou ma mère, je peux être sûr d'être punis jusqu'à 20 ans. Je sens ma sœur se raidir également. Elle sait aussi que mes parents peuvent être durs. Alors quand ils sont là, on se calme, jusqu'à ce qu'il nous tournent le dos, pour qu'on puisse recommencer.

Mais c'est mon grand frère qui apparaît, un bol de pop-corn dans les mains.

—Je vote pour Conrad, déclare t-il machinalement.

Ma sœur pousse un cri strident.

—Je vous déteste! Je vous déteste tous les deux!

Je souris puis la lâche. Elle remonte les escaliers le plus fort possible puis claque la porte de sa chambre pendant que mon frère et moi nous nous regardons en souriant.

Mon frère, Jordan, a deux ans de plus que moi, et Lilas deux ans de moins. Disons que Lilas a toujours été notre souffre douleur. Mais depuis sa puberté, elle n'accepte plus de se faire marcher sur les pieds. C'est souvent elle qui commence par nous hurler dessus.

Je pensais que lorsque j'allais devenir une renommée du Canada au tennis, elle allait plus me respecter, mais non. Je crois même que c'est le contraire. C'est pourtant l'argent que je fais pendant mes tournois qui réussit à lui payer une bonne école.

Mes parents sont dans la classe moyenne. Ma mère est enseignante à la maternelle et mon père est propriétaire d'un garage, qui appartenait avant à son père et à son père avant lui.

Mais malgré tout ça, avoir trois enfants, c'est beaucoup d'impôts à payer, l'électricité, l'épicerie, les études, les voitures, nos loisirs...C'est difficile. Alors lorsque j'ai commencé à gagner plusieurs tournois de tennis qui remportait de l'argent, j'ai décider de l'utiliser en aidant mes parents. Je paye présentement les études de mon frère, ma sœur et moi, plus quelques petits trucs par-ci, par-là. Mes parents en sont reconnaissant.

J'allume la télé et m'enfonce dans le divan. Il n'y a rien d'intéressant qui passe alors je laisse la télé aux nouvelles pendant que je me lève pour choisir un DVD. Ma sœur descend les escaliers et va s'asseoir sur le sofa, le plus loin possible de mon frère et moi.

—Savez vous à quelle heure les parents reviennent? nous interroge t-elle calmement.
—Tard. Maman ma dit qu'ils allaient souper au resto.

Lilas hoche la tête et je trouve enfin un DVD qui me plait. J'installe le Roi lion, puis, je retourne sur le sofa écouter ce film déjà vu des centaines de fois.

C'est ça qui est bien avec nous. On peut se chicaner à s'en faire mal, mais lorsque les parents ne sont pas là et qu'on a des trucs à faire, comme le souper, on va toujours écouter ensemble le Roi lion. C'est comme pour se faire pardonner à l'autre ce qu'on a fait. Puis, lorsque le film se termine, on se relève et faisons le souper ensemble. Personne ne pourrait croire que quelques heures avant ont se hurlaient dessus.

August  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant