Chapitre 1

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- Joyeux anniversaire Caro, dis-je en lui tendant l'enveloppe bleue dans laquelle repose toute ma fortune.

Ce cadeau m'a coûté un bras, mais en tant que meilleure amie, je voulais marquer le coup pour ses dix-huit ans. Caroline palpe l'enveloppe pour tenter de deviner son contenu. Je sais qu'elle est à cent lieues de se douter qu'elle renferme ce qu'elle désire depuis ses douze ans. Elle me lance un regard soupçonneux comme si elle se doutait de ce que je lui avais offert – aucun risque – puis l'ouvre avec le plus grand soin. Elle en sort deux longs bouts de papiers. J'attends qu'elle les déchiffre avec un large sourire, puis un cri euphorique retentit dans toute la maison, me brisant les tympans sur son passage. Caro a toujours été d'une nature plutôt calme et n'agit jamais de façon excentrique ou extrovertie, elle est même plutôt réservée. A part avec ceux qu'elle connait. Néanmoins, ce cri est aussi inattendu que le cadeau que je lui ai offert. Elle me prend dans ses bras et me sert fort, trop fort. Où trouve-t-elle cette force ?

- Maya, tu es définitivement la meilleure amie qui existe au monde, tu le sais ? Mon Dieu tu es complétement cinglée ! Tu n'as quand même pas claqué les trois quarts de ton argent de poche dans deux places de concert au premier rang pour aller voir un chanteur dont tu ne connais même pas le nom ?!

En réalité, ce n'est pas les trois quarts de mon argent mais absolument toutes mes économies de l'année que j'ai utilisées pour payer ces places. Ces prétendues star, surpayées et prétentieuses à souhait sont vraiment des escrocs.

- Adrian Falls. Tu vois que je connais son nom ? la contredis-je.

Un large sourire illumine son visage, d'ordinaire si pâle. Elle attrape mes bras et me fait tournoyer dans toute la pièce, en pseulmodiant une chanson qui m'est absolument inconnue - certainement l'une de son chanteur adoré – manquant de faire tomber le vase posé sur la petite table basse en bois de son salon. J'éclate de rire face à cet excés d'enthousiasme et je la laisse m'entrainer avec elle.

- Avec qui vas-tu y aller ? je lui demande en retrouvant un peu mon sérieux.

- Avec qui veux-tu que j'y aille sinon toi ? Maya enfin ! Tu m'offre le plus beau cadeau qu'il m'a été donné de recevoir en ces dix-huit années, et tu oses me demander qui je vais emmener avec moi ?

Le meilleur cadeau de sa vie, n'est ce pas un peu excessif ? Cela dit, la sincérité de ses propos et la joie qui s'émane d'elle m'émeuvent presque. Jamais je n'aurai pensé que cet Adrian Falls dont elle me parle si souvent avait autant d'importance pour elle, mais à voir ses yeux pétillants d'extase et son sourire, je le remercie intérieurement d'avoir un jour osé prendre un micro et chanter.

Il y a si longtemps que je n'avais pas vu Caroline sourire ainsi. D'habitude, elle est plutôt l'amie de bons conseils, interressée mais peu démonstrative. Je ne peux cependant pas m'empêcher de faire une grimace. L'idée de me déplacer jusqu'à Paris pour aller voir le concert d'un garçon qui fera probablement du playback, et dont le seul talent est de se faire de l'argent sur le dos de jeunes filles insouciantes qui croient aller voir un « artiste » chanter sur scène, ne m'enthousiasme pas vraiment. Mais si ce moment est partagé avec ma meilleure amie, alors je devrais réussir à m'amuser. Caro semble voir ma rétissance et ajoute d'une voix plus douce :

- Enfin si tu en as envie bien sûr. Je sais que tu n'aimes pas trop les chanteurs et que tu ne connais pas Adrian, mais j'aimerai vraiment que ce soit toi qui m'accompagne.

- Evidemment que j'en ai envie. Je ne manquerai pour rien au monde la prestation de Caroline Coran essayant de mesurer sa voix au célèbre Adrian Falls, dis-je en riant, d'un ton sarcastique. Il faudra que je filme ça pour avoir le plaisir de diffuser ta fabuleuse voix au monde entier.

This Is Our SongWhere stories live. Discover now