This Is Our Song

Chapitre 14

Reste dans l'amphithéâtre.

J'attends que la salle se vide, sous la surveillance des vigiles qui me dévisagent d'un air féroce. Je me demande s'ils vont me mettre dehors de force. Les minutes semblent durer des heures, la foule se dissipe mais les fans sont moins pressés de sortir de l'amphithéâtre que lorsqu'ils s'y sont précipités quelque temps plut tôt. Une demi-heure s'écoule lorsque les dernières personnes disparaissent. Deux colosses impassibles me regardent en chien de faïence. Mal à l'aise, je me balance d'un pied à l'autre en arrachant les épines de la rose entre mes doigts. Une porte claque, me faisant sursauter, et des bruits de pas attirent mon attention derrière moi. Je fais volte face et constate que d'un naturel déconcertant, Adrian Falls est en train de s'asseoir au bord de la scène. Étrangement, je ne suis aucunement mal à l'aise, comme si l'artiste mondialement connu qui me fait face est un ami de longue date. En même temps, à force de recevoir quotidiennement des clichés de lui, son visage m'est devenu familier, j'ai l'impression de le connaitre depuis plusieurs mois, alors que je ne l'ai vu qu'une seule fois.

- Salut, dit-il d'une voix enjouée.

Il me fait signe de m'asseoir à ses côtés et me tend la main pour m'aider à me hisser sur la scène. Une bague décore son annuaire, et je me demande un instant s'il s'agit d'une bague de fiançailles. Il est jeune, mais totalement inconnue à son monde, j'ose tout imaginer. En tout cas, ça n'y ressemble pas. Une fois installée à côté d'Adrian, je ne peux pas m'empêcher de vérifier la présence des vigiles, qui ont désormais détourné le regard.

- Ne t'inquiète pas, je leur ai dit de ne pas faire sortir la fille à qui je remettrais la rose jaune, explique Adrian en souriant.

Je ne suis pas du genre à me laisser submerger par la nervosité, pourtant je n'arrive pas à soutenir son regard. Mes mains sont moites, je les frotte sur mes cuisses, consciente que ce trouble inhabituel n'est certainement pas dû aux cerbères inébranlables qui nous entourent.

- Euh...ça y'est tu as fini ta tournée ? dis-je pour engager la conversation.

Maya Simon, nerveuse ? Jamais. J'imagine distinctement Eliott s'écrouler de rire s'il me voyait.

- Oui, dit-il avec un soupire de soulagement.

Ses yeux descendent jusqu'au sac en tissu à son effigie accroché à mon bras, un sourire narquois se dessine sur son visage.

- Quoi ?

- Tu vas t'en servir ?

Je grimace.

- Je l'offrirai à mon amie.

- Bonne idée, dit-il en riant. Sinon...tu fais quelque chose la semaine prochaine ?

La rapidité avec laquelle il change de sujet me prend de cours, d'autant plus au vu du sous-entendu de sa question. Mon cerveau a toutefois vite assimilé ses paroles, je sens déjà une vague d'engouement déferler.

- Je n'ai encore rien prévu.

- Maintenant si, conclue-t-il. Tu as déjà patiné ?

- Quoi, du patin à glace ?

Il acquiesce.

- Euh...non, je ne suis jamais montée sur aucuns patins.

- Jusqu'à ce que tu me rencontre, ajoute-t-il. Mardi à dix-neuf heures, alors.

- Ou...oui, d'accord.