Chapitre 8

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- On va être en retard, Maya ! Dépêche-toi bon sang !

Depuis le seuil de l'appartement, maman s'impatiente. Une fois assurée que Funny ne manquera pas de croquettes pour la journée, j'enfile mes bottines et me précipite dans la voiture. Ma mère démarre en trombe et chemine jusque chez Thierry, où il nous attend avec ses enfants.

- Enfin une robe ! se réjouit ma mère.

Il est vrai que je n'en porte pas souvent, préférant le confort de mes pantalons.

- Je ne l'aurais pas mise si tu n'avais pas insisté, lui fais-je remarquer.

D'après elle, une tenue soignée et élégante fait meilleure impression. Pour ma part, je doute que des enfants en tiennent rigueur.

Thierry vit dans une grande maison en périphérie de Lyon. J'aperçois une piscine dans le jardin, couverte pour l'hiver. A notre arrivée, Thierry nous accueille, accompagné d'une petite fille aux cheveux lisses et bruns. Elle sourit timidement et nous salue de sa petite voix fluette.

- Maya, je te présente Lola, ma petite dernière. Lola voici Maya, la fille de Katherine.

J'adresse un sourire à Lola qui me le rends, toujours avec réserve.

- Les deux autres sont un peu longs, mais ils arrivent. Les jeunes quoi, soupire Thierry.

Pour illustrer ces paroles, la porte de l'habitation s'ouvre sur deux adolescents, l'un tout juste sorti de l'enfance, et l'autre paraissant plus âgée que moi.

Le garçon, plutôt petit, avec des cheveux châtains impeccablement coiffé est le premier à venir à ma rencontre, suivi de sa sœur, une brune affublée d'une frange bien droite, avec plus de seins que je n'en aurai jamais. Evan et Mélanie. A priori calmes, malgré la lueur rebelle qui éclaire les yeux marrons de Mélanie. J'espère que son regard désinvolte ne traduit pas une crise d'adolescence.

Je sais par expérience que cette période d'insurge est destructrice. Tous les moyens sont bons pour se faire remarquer. On en veut au monde entier, et les premiers à en faire les frais sont les êtres les plus importants de notre vie. Malheureusement, ma mère et mon frère ont enduré un long flot de crises venant de ma part. Caroline me présentait à des amis de son collège, peu fréquentables, avec lesquels je sortais à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Nous faisions toutes sortes de bêtises, pas forcements graves mais puériles. Je ne portais que des vêtements courts, et il n'y avait pas un jour sans que mon nombril soit visible. Je portais du rouge à lèvres pétant, et si maman avait le malheur de me réprimander, je déversais sur elle toute ma colère et menaçait d'appeler mon père, acte dont je n'aurais jamais été capable.

Aujourd'hui, je me déteste d'avoir un jour été aussi immonde avec eux. Les regrets m'envahissent dès que j'y repenses et en même temps, je suis reconnaissante envers maman et Eliott d'avoir encaissé mes crises infondées, et de m'avoir sorti de cette période infantile.

- On va prendre les deux voitures, annonce Thierry. Les filles, vous roulerez avec la mienne, elle est plus spacieuse. Evan et moi allons prendre la tienne Katherine, si tu veux bien.

Ma mère acquise. Mélanie s'installe sur le siège passager à l'avant du véhicule, alors je prends place à côté de Lola sur la banquette arrière. Maman règle son siège et prend connaissance de la voiture, et nous voilà en route pour le parc de la tête d'Or. Je profite de cet interlude dans la voiture pour consulter mes mails. La veille, Adrian est arrivé à Barcelone, deux concerts l'attendent cet après-midi. Logiquement, il n'aura par conséquent pas beaucoup de temps pour discuter aujourd'hui, mais ça ne fait rien. D'abord, parce que je n'en suis pas au point de lui parler constamment et ensuite, parce que je sais que je le reverrais.

This Is Our SongWhere stories live. Discover now