Chapitre 9

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Désespérée, je m'allonge à plat ventre sur ma valiser pour la fermer. Je finis par la dompter même si la fermeture menace d'exploser à tout moment. Espérons qu'elle ne dépasse pas la limite de poids autorisée pour le voyage.

Ces deux derniers jours, Eliott ne cesse de m'appeler pour s'assurer que tout est en ordre, et ne cache pas son impatience. Même si rien ne me retient, je ne lui ai toujours pas parlé d'Adrian. Seule Caroline reste dans la confidence. A vrai dire, j'ai du mal à comprendre pourquoi Adrian Falls souhaite me connaitre, moi, au milieu de sept milliards d'autres, surement plus intéressants.

Il est cinq heures et demi du matin, la nuit a été courte. A la fois angoissée et excitée, je tournais sans arrêt dans mon lit, peinant à trouver le sommeil. Du coup, j'en ai profité pour me mettre à jour dans les épisodes de Pretty Little Liars.

Je vérifie une millième fois que tous mes papiers sont rassemblés, et je charge la voiture, avec l'aide de maman. Son visage à peine réveillé traduit un mélange de joie et de tristesse, joie de me voir rejoindre mon frère, et tristesse d'être loin de moi. J'ai un pincement au cœur. Funny monte aussi dans la voiture, une fois qu'elle m'aura déposé à l'aéroport, maman le laissera à Thierry pour son mois de garde. Depuis notre journée tous ensemble, je n'ai aucune nouvelle de Mélanie, ce qui ne m'étonne pas tant que ça. Quant à Evan, j'ai eu l'agréable surprise de recevoir un message de sa part la veille, me souhaitant un bon voyage et un bon séjour au Canada, auquel il a joint une photo d'un dessin de Lola. Nous y sommes toutes deux représentées, portant la même robe. Cette attention me touche. Au moins, j'en aurai séduit deux sur trois.

- C'est bon, tu as tout ce qu'il te faut ? demande maman.

- Oui, lui affirmé-je, c'est tout bon, on peut y aller.

- C'est parti, soupire-t-elle.

Le trajet jusqu'à l'aéroport est silencieux. Malgré mon engouement, mon cœur se serre. Jamais je ne suis partie loin de ma mère aussi longtemps. Une fois à l'aéroport, je la serre dans mes bras, me délectant de sa présence, enregistrant tous ses traits, ses expressions, son odeur et sa douceur. Son sourire ne suffit pas à empêcher quelques larmes de s'échapper de ses yeux. Je dois cligner des yeux plusieurs fois pour ne pas pleurer à mon tour.

- Maman, je ne pars pas pour toujours, je la rassure. Ne t'inquiète pas, je serai avec Eliott, tout se passera bien.

- C'est bien ce qui m'inquiète, plaisante-t-elle.

Quelques minutes plus tard, je finis par la laisser et me diriger vers l'aéroport, non sans un dernier regard en arrière. Ma mère va terriblement me manquer, mais elle je la laisse entre de bonnes mains, elle n'aura pas le temps de penser à moi. Je reste tout de même angoissée quant à mon père et son comportement imprévisible. On ne sait jamais d'où il peut surgir et pour quel motif, mais une chose est sûre, ce n'est jamais pour faire le bien.

Dans l'avion, je me laisse bercer par la tranquillité du vol et m'endors bien vite, rattrapant ma courte nuit. Douze heures plus tard, je pose les pieds sur un autre continent, dans un nouveau pays, loin de chez moi mais près d'Eliott. J'y suis : le Canada. Ma valise récupérée, je tente de trouver mon frère parmi une foule de personnes qui tiennent des pancartes affichant des noms divers et variés. Le mien n'apparait sur aucun, mais je finis par distinguer un visage familier qui n'a pas changé depuis qu'il a déménagé. Je me fraye un chemin jusqu'à lui. Il a toujours les mêmes yeux bleus, la même barbe de trois jours, les mêmes cheveux bruns en bataille, et il a toujours ces immondes bottes à bouts pointus que je déteste. Il me voit enfin et m'accueille avec un sourire enfantin, ouvrant les bras comme si j'allais lui bondir dessus. Ma joie de le retrouver est immense mais au lieu de la lui montrer, je croise les bras sur ma poitrine et hoche la tête d'un air désapprobateur.

This Is Our SongWhere stories live. Discover now