Chapitre 3

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- Debout là-dedans ! Les sushis sont là et si tu en veux alors bouge moi ces fesses et sort de ce lit.

- Oui chef, je grommèle en émergeant.

Je me redresse sur le matelas et étire mes bras au-dessus de ma tête. Caroline dépose le sac de sushi sur le bureau et file dans la salle de bain.

- Sers-toi, je vais aux toilettes, et j'en ai pour un moment à mon avis, lance-t-elle.

- Très sexy, dis-je en grimaçant.

Je me glisse hors des draps, guidée par mon estomac criant famine, et me jette sur le sac duquel j'extirpe l'une des boîtes de sushis. J'allume la télé et m'installe sur le tapis molletonné au pied du lit pour les déguster. Caroline me rejoint une dizaine de minutes plus tard.

- Je n'ai même pas envie de savoir ce que tu faisais pendant tout ce temps, dis-je.

- Non, tu n'as pas envie.

Adossée contre le mur en face de moi, elle engloutit ses propres sushis en me fixant.

- Alors, demande-t-elle, programme de l'après-midi ?

- Dormir ?

- Sérieusement ? Tu n'as encore pas assez dormi ?

- Je n'ai pas envie de bouger, Caro.

- Mais on est à Paris ! dit-elle, scandalisée.

- Je sais, mais on a toute la journée demain. Et puis qu'est-ce que tu veux faire avec ce temps ?

Si le ciel à Lyon était plutôt dégagé, celui de Paris est gris et pluvieux.

- D'accord, se résigne-t-elle, vaincue. Mais tu as intérêt à te surpasser pour trouver une idée géniale pour demain. Il est hors de question que je reste terrée tout le weekend dans une chambre d'hôtel sans rien faire.

Elle pointe un doigt menaçant dans ma direction.

- Ne t'inquiète pas, dis-je.

Nous passons donc notre journée dans la chambre, à parler des cours, de l'été, de la majorité et des garçons. Caro me raconte sa vie amoureuse avec Killian, un jeune homme de 19 ans qu'elle a rencontré sur internet. Au départ, il ne cherchait rien de sérieux, juste des filles à emballer pour une nuit. Mais ils se sont de plus en plus rapprochés et ont fini par tomber amoureux. Enfin bon, connaissant mon amie, j'imagine que Killian ne sera pas l'homme de ma vie. Nous regardons également quelques émissions débiles que nous nous faisons un plaisir de critiquer.

L'après-midi passe assez vite. Il est 19h30 quand nous décidons de partir pour la salle où se déroulera le fameux et tant attendu concert d'Adrian Falls.

Après avoir pris les transports en communs, s'être trompées deux fois d'arrêt et avoir marché je ne sais combien de temps, c'est courbaturées que nous atteignons finalement le Grand Rex de Paris. Il n'est que 20h15, mais je suis stupéfaite de constater que deux longues files, avec présence majoritairement féminine, sont déjà formées devant les entrées du bâtiment. La plupart ont environ notre âge. Nous nous ajoutons à l'une de ces interminables queues. Caroline se balance impatiemment d'un pied à l'autre, prenant sur elle pour ne pas laisser son excitation déborder. Pour ma part, je profite de cette attente pour apprécier la douce brise de fin de journée. La nuit est tombée depuis peu, on peut encore apercevoir une trace de ciel orangé laissée par le soleil un peu plus tôt. Les villes nocturnes sont sublimes. J'aime contempler les lumières des rues éclairées, entendre le bruit du trafic agité et les murmures des passants qui rendent Paris si vivante. J'aime voir les familles errer insouciamment dans les rues, les couples se tenir par la main et sourire comme si la vie était simple, entendre les éclats de rire des enfants. Et en cet instant, c'est l'agitation extatique qui se dégage des files d'attente que j'observe.

This Is Our SongWhere stories live. Discover now