Chapitre 6

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Le lendemain, en fin de matinée, Caro et moi prenons le train du retour pour Lyon. Valises en mains, nous avançons sur le quai, les aléas des convois en bruit de fond. La tête baissée sur mon portable, je consulte mes mails pour la énième fois. Avant de me faire raccompagner à l'hôtel par l'une de ses énormes sentinelles, Adrian Falls a pris soin de noter mon adresse mail dans son répertoire de contacts. Il était convenu qu'il m'envoie un message « dès que possible », ce qui ne constitue pas vraiment une indication très précise. Du coup, je guette régulièrement ma boite de réception mais jusqu'à maintenant, silence radio.

Faisant grincer les rails, notre train marque son entrée en gare, je range mon portable et emboite le pas à Caroline, déjà postée devant les portes. Nos valises rangées dans le compartiment prévu à cet effet, nous gagnons nos places attitrées et nous voilà en route. Le séjour délirant que nous avons vécu à Paris m'apparait à présent comme un vaste souvenir. Les paysages verdoyants défilent à travers la vitre, comme un fil qui se déroule à l'infini.

Caroline, écouteurs dans les oreilles, est entrain de tapisser son siège de bave. Une photo s'impose, ça lui fera un beau souvenir pour clôturer le weekend. Au passage, je constate un appel en absence provenant d'Eliott. Je profite de la sieste de Caro pour le rappeler. Il décroche immédiatement.

- Salut, lance-t-il, ça va ? Alors, c'était comment ce concert ?

- C'était... bizarre, mais Caro était aux anges.

« Bizarre » est un euphémisme compte tenu des évènements, mais si je lui disais la vérité, il en mourrait de rire.

- Alors il existe ce chanteur, finalement ? plaisante-t-il.

- Et oui ! J'avoue qu'il chante même plutôt bien.

- Manquerait plus que tu deviennes fan toi aussi.

- Aucun risque, je le rassure. Par contre, si tu veux tout savoir, je me suis fait un ami.

- Ah ouais ? Tu la rencontré où ?

- Au concert. Je l'ai revu hier alors on a bu un thé dans un Starbucks.

- Et il s'appelle comment cet ami ?

Son ton taquin ne me donne pas envie de le lui révéler. Et quel intérêt, de toute façon.

- William, j'invente.

- Cool, mais tu comptes le revoir au moins ?

Impossible.

- Euh ouais, je lui ai passé mon adresse mail.

- Tu n'aurais pas pu lui passer ton numéro plutôt ?

- Bah... il me l'a pas demandé.

- Tu veux un conseil de ton frère adoré ? Tu ne devrais pas trop t'y accrocher Maya.

Eliott n'a aucune inquiétude à avoir, c'est une cause perdue depuis le début.

- Le train ne va pas tarder à arriver, je t'appelle plus tard.

- Ok quand tu veux, et commence à préparer tes affaires et à vérifier la date de validité de ton passeport, me rappelle-t-il avec enthousiasme.

- Oui, je m'en occupe vite.

Arrivées à Lyon, nous sommes accueillies par un vent à en rester figer sur place. En weekend, les températures ont considérablement chuté. Comme prévu, la fiat de ma mère attend à la sortie de la gare. Nous voyant arriver, elle descend de la voiture et vient à notre rencontre, un sourire béat aux lèvres, comme si elle me retrouvait après une décennie.

This Is Our SongWhere stories live. Discover now