Chapitre 2

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Le reste de la semaine se déroule sans plus de péripéties. J'étudie à la maison pendant que maman travaille. Je ne revois pas Caroline avant notre escapade à Paris, mais elle appelle la veille du départ pour me prévenir que sa mère à enfin acheté les billets de train. Il paraît qu'ils sont moins chers lorsqu'on les paye à la dernière minute. Personnellement, je trouve cela plutôt risqué. En parlant de billets, ceux envoyés par Eliott sont arrivés deux jours après son appel, comme promis. Ce ne sera pas la première fois que je prendrais l'avion, mais je n'ai jamais été seule. Je trouve ça grisant et angoissant à la fois.

La veille du départ, je prépare mon sac en ne prenant que l'essentiel pour ne pas me surcharger inutilement. Nous restons jusqu'à lundi à la capitale, afin d'y passer une journée complète le dimanche. La mère de Caro l'autorise à rater une journée de cours, mais pas plus. J'ouvre le premier tiroir de ma commode et en sort deux pulls plutôt larges, l'un rouge bordeaux et l'autre rose pâle. J'attrape également deux jeans, le premier noir et le second bleu avec des déchirures au niveau des genoux. J'ai toujours préféré les vêtements simples et confortables aux habits pleins de chichis, trop courts ou trop moulants que pourraient porter des filles de mon âge. Je ne trouve pas que ces vêtements soient très adaptés à des jeunes filles de 17 ans, mais pour ce que j'en penses. J'y glisse aussi deux paires de chaussettes, des sous-vêtements et un pyjama - toujours en pilou. J'ajoute enfin quelques affaires de toilettes et dépose mon sac près de la porte d'entrée.

Ma mère finie plus tard le weekend, je sais donc qu'en ce vendredi soir elle ne rentrera pas avant 22h30. Un gargouillement désagréable s'échappe de mon estomac. J'ai faim. Il faut que je me mette quelque chose sous la dent alors je rejoins la cuisine, faisant un crochet vers la fenêtre. Le soleil a déjà disparu, cédant la place à un ciel sombre. Les premières étoiles apparaissent, et la lune éclaire déjà l'obscurité de cette soirée paisible.

S'il y a bien une chose que j'aime plus que l'hiver et les pyjamas en pilou, c'est la cuisine. Depuis petite, j'adore réaliser des plats avec ma mère. Je n'ai aucune idée du métier que j'aimerai exercer plus tard, et cela me stress. Parfois, j'ai l'impression que rien n'est fait pour moi, ou plutôt que je ne suis faite pour rien. Même si j'ai toujours rêvé d'avoir mon propre restaurant, je n'ai pas le sentiment d'en être capable, ça me paraît trop utopique. Malgré mon attrait pour la nourriture, je n'ai pas envie de me mettre aux fournaux ce soir. Je prends du jambon, de la salade et de la mayonnaise dans le frigo et me prépare un sandwich avec le pain que maman a acheté ce matin. J'adore cette combinaison, même si je doute de l'utilité de la salade. Je me détends ensuite sur le canapé, devant la télé et zappe jusqu'à tomber sur une émission américaine mettant en scène la vie de la famille Kardashian. Je me demande à quel point il faut être égocentrique pour exposer sa vie ainsi, surtout concernant le domaine de l'intime. Qui est intéressé par les existences capricieuses et superficielles de ces filles ? On se fiche royalement de savoir à quelle heure Kylie va aux toilettes, Kendall prend sa douche, Kim change la couche de sa fille et Khloé et Kourtney se crêpent - littéralement - le chinion. Et pourtant, je continue de regarder. La bêtise humaine doit me fasciner. Au moins, cette émission permet de tuer le temps.

Il n'est que 22h lorsque je finis de manger, mais sachant que je dois être à la gare pour 7h30 le lendemain, je décide d'aller me coucher.

Il se penche vers moi, prends ma tête entre ses mains, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Il ne détache pas son regard du mien. Je suis hypnotisée par ses yeux, d'un magnifique marron. On dit souvent que les yeux bruns sont les moins beaux, mais je ne suis pas d'accord, les sien sont hypnotisant. Sans me laisser le temps de comprendre ce qu'il se passe, il se détache de moi et s'en va. Plus il s'éloigne, plus les battements de mon cœur s'accélèrent. Alors qu'il n'est bientôt plus visible, je l'appelle :

This Is Our SongWhere stories live. Discover now