un.

1.9K 181 116
                                    

Je ne peux pas passer une journée sans boire du lait à la vanille. C'est un fait. Je ne vais pas m'étaler dessus. Ou peut-être que si finalement. Je m'ennuie, il n'y a personne en vue dans la supérette, et puis je sais pas, ça me paraissait être une bonne idée d'écrire un journal de bord. Alors pourquoi pas commencer par un truc inintéressant comme ça ? De toute façon, je pourrai toujours arracher la page.

Donc voilà. J'ai cette addiction un peu insolite. Je crois bien que c'est la seule chose un peu spéciale me concernant.

Mon père m'avait un jour fait goûter une recette de lait parfumé alors que je tenais à peine sur mes jambes, et depuis je ne m'en passe plus.

Il n'est plus là maintenant. Mon père, je veux dire. Mais ça tu vois, c'est pas un truc dont je veux te parler tout de suite. Un jour peut-être. Quand il fera pas aussi moche dehors.

Y a un client. Je dois te laisser. Faut bien que je fasse semblant de bosser un peu.

///

23H44. Je suis trop crevé pour écrire, alors je continuerai demain. On va bientôt fermer, et puis j'ai pas de carnet à la maison. Je collerai sûrement ces feuilles volantes dans un cahier rescapé de ma scolarité désastreuse.

Faut savoir que j'ai beau dire que j'en fous pas une, je finis toujours par me mettre la pression à la dernière minute. Résultat, je bosse comme un malade et à la fin de la journée, toutes mes forces m'ont abandonné. Mais c'est que je deviens poète dis donc. Note à moi-même : faire carrière dans l'écriture (l'ironie est à souligner).

D'ailleurs, comment devrais-je t'appeler ? Cher journal, c'est trop niais. Et j'ai déjà donné. Je me souviens encore de la première chose que j'ai écrite dans mon premier journal intime :

"Cher Journal,

Je veux épouser ma nouvelle voisine."

Pathétique, n'est-ce pas ? J'avais tendance à tomber amoureux de tout le monde. Et puis je croyais dur comme fer au destin, des conneries comme ça. J'ai bien changé depuis. Je sais pas si c'est mieux, et clairement c'est pas comme si ça m'intéressait de le savoir.

Bon. Hyo Jin, ça te va ? C'est le nom d'une actrice qui vient de passer aux infos (ouais j'ai une petite télé à moi tout seul dans ce magasin paumé, c'est le grand luxe). J'ai du mal à m'imaginer parler à un mec de mes états d'âme. Et je sais pas, peut-être que faire semblant de parler à une femme, ça me rendra un peu plus doux envers moi-même.

Hyo Jin, j'ai un truc pour toi :

Rien d'autre aujourd'hui

Que d'aller dans le printemps

Rien de plus

Voilà. Je l'ai trouvé dans un vieux recueil d'haïkus. C'est de Buson Yosa, né en 1716 et mort en 1784 (on peut dire qu'il a vécu assez longtemps le pépère).

Y a que trois petites lignes, mais je trouve ça vraiment puissant. Enfin j'aime bien. J'espère que ça te plaît autant qu'à moi.

A bientôt, Hyo Jin. C'était sympa de te parler.

—20XX/08/17

—20XX/08/17

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

***











Je vais pas vous mentir, je me lance un peu à l'aveuglette. Mais j'ai cette idée depuis pas mal de temps, et elle me tenait à coeur. Je pense que je vais écrire assez régulièrement, à chaque fois que j'aurai besoin de m'éloigner un peu du monde.

Une impression ?

YAKULT (y.s) [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant