AYEZ CONFIANCE... - REECRITURE

Chapitre 10/ Eye of the Tiger

Je me tiens dans la cour d'entraînement, le souffle court et les bras tremblants sous le poids des sabres. Le soleil d'Asgard brille haut dans le ciel, mais je me sens envahie par une ombre de doute. Sif, patiente mais exigeante, est à quelques pas de moi, observant chacun de mes mouvements avec un œil critique.

- « Encore, » ordonne Sif, sa voix coupant l'air comme une lame affûtée.

Je soupire, tentant de me repositionner, mais tous mes mouvements sont maladroits et hésitants. Je n'ai jamais manié d'arme auparavant, et j'ai l'air d'un singe à qui on aurait donné un bâton. En fait cet entrainement ressemble plus à un documentaire animalier qu'à une session de combat. Tout ce qu'il manque, c'est David Attenborough pour commenter mes mésaventures.

Je suis épuisée, chaque geste est un effort considérable et une lutte contre mon propre corps. À ce rythme, je vais peut-être réussir à m'inventer une nouvelle chorégraphie : le Boogie-Woogie bancal. Mes bras tremblent, mes jambes sont en coton, et l'envie de m'enrouler dans un hamac et de faire semblant d'être une larve pendant le reste de la journée, devient une idée réconfortante.

- « Ce n'est pas une danse, Sasha, » commente Sif, son ton ferme mais pas dénué de compassion. « Il faut être précise et déterminée. Si tu continues comme ça, tu vas finir par te blesser toi-même. »

Plus facile à dire qu'à faire. Honnêtement, j'envisage sérieusement de me blesser pour mettre fin à mon supplice, ne serait-ce que pour les deux jours à venir. Peut-être qu'une petite entorse me ferait des vacances ?

Malgré ma réticence, je hoche la tête, mais la frustration monte en moi comme de l'eau sous pression. Je balance mon sabre une fois de plus, essayant d'imiter la botte que Sif me montre depuis déjà des heures. Bien sûr, je manque ma cible de loin. Avec toute l'agilité qui me caractérise, mes pieds s'emmêlent et je me rattrape de peu avant de tomber en vol. Les autres guerriers, s'entraînant autour de moi, me jettent des regards curieux mais continuent leurs propres exercices. Pas besoin de sous-titres pour comprendre qu'ils me trouvent ridicule, et franchement, je partage leur avis. Je me sens comme une enfant parmi des géants. Un enfant qui aurait oublié comment marcher.

- « Je suis une catastrophe, » dis-je à voix basse, proche du point de rupture.

Sif s'approche, croisant les bras et me transperçant d'un regard inquisiteur. Elle a cette façon de vous faire sentir comme un insecte sur le point de finir aplati sous une semelle de chaussure.

- « Personne n'a dit que ce serait facile. Le combat demande du temps et de la persévérance. Je vois bien que tu ne fais pas de ton mieux. Tu as le potentiel d'un héros, mais tu sembles l'oublier. »

Je baisse les yeux, mordillant mes lèvres pour retenir de colère. Malgré son soutien (si on peut appeler ça du soutien), je ne peux m'empêcher de me sentir comme une moins que rien. Après tout, j'ai toujours été lamentable à tout ce que j'entreprends, ce n'est pas le destin qui changera ça.

- « Je ne suis pas une guerrière. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici. Je jette l'éponge, allez donc trouver votre héros sur une autre planète. »

Je plante mes lames dans le sol meuble et poussiéreux, projetant une vague de chaleur, et m'en vais en direction de mes quartiers. Mes pieds soulèvent des nuages de poussière qui semblent danser autour de moi, presque en moquerie.

Sur mon chemin je passe à côté de trois hommes m'observant de façon indiscrète à chacun de mes entrainements. Volstagg, toujours avec une cuisse de poulet à la main, lève son verre en me voyant passer.

- « Eh bien, si ce n'est pas notre étoile montante, » dit-il en ricanant. « Encore en train de perfectionner la danse de la défaite ? »