AYEZ CONFIANCE... - REECRITURE

Chapitre 20/ Loki legacy

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[Je me dirige vers le sommet de l'immeuble lorsque je suis percutée par un éclair métallique rouge et jaune...]
Me voilà sonné par l'impact et en chute libre dans le ciel de New York. S'il y avait une unité de mesure pour l'échelle de la malchance j'en serais le mètre étalon.
De toutes les marionnettes de cette satanée CIA remasterisée il ne fallait pas que je croise boucle d'or, capitaine capitalisme, le géant vert ou je ne sais quel autre abruti en costume de carnaval avec des supers pouvoirs. Non, évidemment, à l'apogée du mauvais sort je tombe sur la boîte de conserve volante avec pour seule capacité hors du commun, un égo surdimensionné. Il n'est qu'une pâle copie de Batman, le chevalier noir du pauvre, Bruce Wayne de Bollywood. Je ne supporte pas les contrefaçons donc je ne peux que profondément le détester. On ne se refait pas.
En toute honnêteté, je préférerais contempler de l'art abstrait toute une journée que de devoir me farcir ce pauvre type cinq minutes... à vrai dire je ne sais même pas pourquoi je le hais autant et je ne sais d'ailleurs même pas qui est « Batman », que voulez-vous, les voies de l'auteur sont impénétrables.

Je profite de ce cours instant de pure liberté, chutant à toute vitesse dans ce précipice, délivrée du poids de ma pitoyable existence le temps d'une seconde. Malheureusement pour moi a peine sortie de ma captivité je suis déjà en proie à l'adversité. Ni une ni deux mon choix se porte sur une retraite stratégique, une fuite en bonne et due forme ou plus exactement une désertion sans passer par la case courage. La seule chose que j'ai à faire est de survivre et je compte bien y arriver peu importe le moyen. L'honneur et la dignité sont des valeurs surfaites lorsqu'on se retrouve au bord du précipice.
Le monde se divise en deux catégories, ceux qui sont braves et ceux qui ont un fusil sur la tempe, et moi, je suis poursuivi par un multimilliardaire qui souhaite m'assassiner.

A tir d'aile, et c'est le cas de le dire dans cette situation, je survole la canopée d'immeuble slalomant avec toute l'agilité dont je suis capable entre ces montagnes d'acier et de verre. L'air sale de la ville et la chaleur émanant du bitume me fouette le visage. Malgré la hauteur je distingue d'innombrables visages me scrutant moi et mon agresseur dans le ciel d'été de la mégapole. Je m'enfonce de plus en plus dans ce labyrinthe de gens et de taxi jaune, mais sans succès, l'homme en armure se rapproche inexorablement de moi. J'aperçois au loin la sortie du centre-ville, si je l'atteint je pourrais librement déployer mes ailes et le semer. Moi vivante ils ne m'auront pas une deuxième fois ! Étonnamment avec le contrejour le bout de cette rue sans fin apparaît telle une porte bordée d'une lumière blanchâtre et transcendante, me donnant de l'espoir.
Je sais que je ne suis pas une bonne personne, je n'ai jamais clamé le contraire, mais je ne pense pas mériter tant d'acharnement sur ma personne ! Tous ces malheurs et cette situation désastreuse ne sont due qu'à un enchaînement de coïncidence et de hasard malchanceux.

Il n'y a pas de coïncidence Sasha, seulement l'illusion de la coïncidence...

Si tout ce qu'il m'arrive est due à un hasard alors ce n'est pas un hasard, c'est le destin. Il n'y a pas de rencontres fortuites, seulement des rendez-vous.
Mais moi, mon destin je l'emmerde, je vais me sortir d'ici et retrouver ma putain de liberté. Je n'abandonnerai pas celle que je suis même au prix de mon intégrité. Personne ne m'en empêchera pas et certainement pas ce foutu destin !

Je suis presque sortie de cet enfer, j'aperçois clairement la lumière marine rebondissant sur l'eau qui borde la ville et la côte se reflétant sur les larges fenêtres des immeubles de bureaux. Ma joie est de courte durée lorsque dans mon champ de vision apparaît une silhouette bien trop familière. Capitaine Capitalisme en chair et en os, s'interposant entre moi et ma porte de sortie. L'instant d'après son bouclier se fracasse sur mon menton me brisant une molaire au passage. Je m'écrase au sol renversant quelques voitures et piétons dans mon sillage. J'avais tort, apparemment le destin a une dent contre moi, et je viens juste d'en perdre une.
Je me relève difficilement, un éclair de douleur me traverse le corps. Je suis écorchée de la tête aux pieds et ma peau en lambeau laisse apparaître ma chair à vif à certains endroits. Une de mes ailes est dans un état critique.
Si votre docteur vous conseil de faire une chute de trente mètre de haut, ne l'écoutez pas, c'est mauvais pour votre santé.
Je suis cernée et hors jeu avant même que la partie n'est commencée. Mais ce n'est pas le plus douloureux. Le dégoût dans le regard de tous ces gens qui encerclent les lieux est bien plus amer que mes blessures. J'aperçois mon reflet pathétique dans une des devantures de magasin. Je ne me reconnais pas. Je suis devenue un monstre. Odin a fait de moi une créature hideuse. Je ne suis ni un dieu, ni une humaine, rien qu'une chimère aberrante, l'ombre de celle que j'étais auparavant. Me reste-t-il encore quelque chose à sauver sous ce masque ?