8. 37th Street

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Mardi 23 novembre 2010

— Elena !

Je me retourne pour voir Jason, accoutré de son habituel veste en cuir, s'avancer vers moi avec un grand sourire. Je plisse les yeux, légèrement méfiante.

— Je voulais savoir... Tu manges où, ce midi ?

— À la cafétéria.

— Seule ? devine-t-il.

Je jette un regard furtif sur le côté, gênée.

— Qu'est-ce qui te fait croire que je mange seule ?

— Viens chez moi. Je t'invite. Sauf si tu préfères la solitude.

Sa proposition me surprend quelque peu. C'est plus un ordre qu'une proposition d'ailleurs. Je soupire. La solitude ou Jason Bright ?

— Tu habites loin ?

Il ne peut s'empêcher de sourire, content de sa petite victoire.

— Trente minutes en métro.

— On n'aura jamais le temps de rentrer pour cet après-midi.

— On n'a qu'à sécher, suggère-t-il en haussant les épaules.

Je me mords la lèvre, puis je le défie un instant du regard. Je dois admettre que j'en ai envie. Envie de passer un moment avec lui, d'apprendre à le connaître un peu plus.

— D'accord.

Nous prenons la ligne 6 en direction du Pont de Brooklyn, nous arrêtons à Grand Central, puis nous empruntons la ligne 7 jusqu'à Times Square où nous atterrissons enfin, vingt minutes après avoir quitté le lycée.

— C'est encore loin ?

— Huit minutes si on se presse un peu.

Huit minutes plus tard en effet, nous sommes au pied d'un petit immeuble coincé entre deux très grands immeubles. Nous montons à pied les trois étages. Jason est obligé de donner un coup d'épaule dans la porte pour réussir à la déloger de son emplacement. Je pénètre alors avec appréhension dans le sanctuaire du célèbre Jason Bright.

C'est loin d'être grand, mais c'est lumineux et chaleureux. Il n'y a qu'une seule pièce – hormis la salle de bain – qui fait à la fois office de cuisine, de salon, de bureau et de chambre. Quatre murs, deux portes et deux fenêtres. Cela change de chez moi. Un tableau urbain est suspendu au mur de droite, au-dessus d'un canapé recouvert de plaids et d'oreillers. Le mur de gauche est quant à lui tapissé d'étagères : livres, disques et objets divers et variés. La cuisine est tout ce qu'il y a de plus sommaire : un mini-frigo, un évier, deux plaques de cuisson et un micro-onde.

— Tu habites vraiment tout seul, alors ?

— Oui.

— Comment c'est possible ?

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