II-Le fils du chef

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Les larmes d'Astrid se mêlèrent à la pluie. Ses sanglots allaient se perdre dans la nuit. Son esprit était aussi brouillé que sa vision était floue.

- Harold... appelait-y-elle désespérément.

Mais ses appels restaient sans réponse. Les yeux du jeune homme demeuraient toujours clos. Sa peau était livide et froide. Du sang continuait encore de s'échapper de sa blessure au flanc gauche, se répandant toujours un peu plus sur sa tunique bordeaux, tachant les vêtements de Astrid, se mêlant à la pluie.

Les autres dragonniers s'approchèrent et encerclèrent leurs amis. Les précédentes effusions de joie avaient laissé leur place au silence et à la consternation. Ils étaient tous choqués, déconcertés, ahuris par ce qui venait de se passer. Ils ne pouvaient pas à y croire ! Comment cela avait-il pu arriver ? Comment avait-il pu laisser faire ?

Astrid fut sortie de ses pensées par Krokmou qui se débattait dans les pattes de Bouledogre, voulant rejoindre son meilleur ami, l'appelant plaintivement.

- Rustik ! Va à Beurk chercher Stoïk et Gothik, ordonna-t-elle.

Sans protester, le dresser du cauchemar monstrueux et son dragon prirent aussitôt la direction du sud. Très vite, ils disparurent, avalés par la nuit.

- Les autres, on retourne à la Rive !

La petite bande ne perdit pas une seconde de plus et rentrèrent à la base.

- Accroche-toi Harold, intima la jeune femme. S'il te plaît...

Elle replaça une mèche de cheveux rebelle qui entravait le visage du brun. Astrid be pouvait détacher son regard de lui. Il était si beau, si mignon. Malgré sa lividité et la fine trace rouge qui partait du coin de sa bouche, il paraissait si calme, si serein, si paisible... Elle s'imagine ses deux yeux émeraudes expressifs, débordant d'ambition, de bienveillance et de vie... Délicatement, comme si le toucher risquait de le casser, elle essuya le sang du visage du jeune homme.

Le trajet du retour jusqu'à la Rive pris plus de temps que l'aller. La petite troupe se posa directement devant la hutte de Harold. Une fois sur ses quatre pattes, Krokmou se précipita vers son ami qui se trouvait toujours sur le dos de Tempête, soutenu par Astrid. La jeune femme ne pouvait pas descendre le blessé seule. Alors, d'eux-mêmes, les Jumeaux vinrent l'aider ; puis tous trois transportèrent leur chef à l'intérieur et l'allongèrent directement sur son lit que Varek avait descendu de la mezzanine.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Kranedur.

Il n'obtint pas de réponse immédiate. Tout le monde semblait perdu. Sans Harold pour leur donner des directives, les rassembler ou même les sermonner pour certains, il ne savaient plus quoi faire ni comment faire. Ils se sentaient aussi démunis que les terreurs nocturnes en vol groupé sans Smidvarg.

Un gémissement de Krokmou, qui tentait désespérément de réveiller son dresseur en lui donnant de de petits coups de museau, sortit Astrid de sa torpeur. Ils ne pouvaient pas laisser Harold, le fils du chef, l'héritier au trône de Beurk, dans cet état. Ils devaient tous réagir, sortir de leur état second. Ils ne pouvaient pas le laisser mourir. Ou du moins, ils devaient le maintenir en vie jusqu'à l'arrivée de Stoïk. Cette pensée fit frissonner Astrid. Pourvu qu'il tienne...

- Kogne ! Krane ! interpella la jeune femme en se grandissant. Il faudrait de l'eau froide et de l'eau chaude. Et autant de torchons, bouts de tissu propres que vous trouverez.

Les Jumeaux acceptèrent la mission sans rechigner et sortir de la hutte pour l'accomplir.

- Varek, rapporte toutes tes notes sur les techniques de guérison, qu'elles te viennent de Gothik ou des Défenseurs des ailes. Moi, je vais chercher la trousse de secours.

HTTYD - SacrificeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant