Extraits chapitre 2

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Voilà 2 autres courts extraits du 2eme chapitre intitulé, Porte vers une Odyssée
Bonne lecture


 Le milieu pharmaceutique est un milieu très compétitif, c'est une sorte de course à la découverte et pour les grands patrons une course à l'oseille. J'ai un esprit de compétition et je veux sans cesse être au-dessus du lot, c'est pour cela que j'ai toujours travaillé consciencieusement, mais bon, je n'ai jamais aimé me mettre la pression. Il est constamment question d'objectifs, de rapports et de cahier des charges. Ce n'est pas que j'aime la pression, mais mon métier me passionne et me pousse à être toujours meilleur.

Cinq heures de rapports et d'objectifs et une demie heure de pause plus tard, la réunion est enfin finie. Il est maintenant 14h07, et je dois retourner au travail et finir ma journée. J'ai l'impression d'avoir assisté au pire spectacle de l'histoire et je n'ai plus qu'une envie, rentrer. Mais je dois tout de même retourner à mes molécules et préparer quelques essais que je lancerai sans doute plus tard dans la semaine.

Mon truc, c'est les antibiotiques. C'est un secteur et un marché assez particulier car d'un côté la conception de nouveaux antibiotiques coûte un bras, un œil et la peau des miches et d'un autre, ils ne sont pas vraiment rentables, car leur utilisation est limitée pour préserver leur efficacité. Entre 2000 et 2010, seulement huit nouvelles molécules utilisées comme antibiotique sont apparues sur le marché français, tandis que vingt-sept ont été dégagées. Il faut donc pour être rentable qu'un laboratoire sorte un bijou, une molécule magique qui permettra de rendre à la société un service médical conséquent, ce qui veut dire trouver des failles inexploitées dans les bactéries et créer l'arme fatale. Le principe d'action d'un antibiotique est assez simple ou au pire, pas très compliqué.

Admettons pendant une minute qu'une bactérie soit un bâtiment quelconque, une maison, une caravane ou même un gourbi. Ces structures sont construites selon des plans, ont des parois, des ouvertures. Le principe des antibiotiques est d'empêcher la construction d'une partie indispensable de la structure ou de la rendre vulnérable pour qu'elle s'écroule au moindre pet. Pour vous donner un exemple, la fameuse pénicilline, empêche la mise en place des parois de la bactérie en agissant sur l'outil qui lui sert à assembler ses éléments. Un peu comme si quelqu'un mettait le maçon hors d'état de nuire en versant un laxatif dans sa boisson. Mon rôle est de trouver d'autres personnes à qui s'attaquer sur le chantier ou s'il est possible de saboter les outils et de fournir des matériaux de mauvaise qualité. C'est ce que je fais de mes journées.  

***


 Je dois toujours appeler mon compère pour lui demander s'il est disposé à partir à l'aventure. Je prends donc le bigophone, me pose sur le Chesterfield et compose son numéro. J'ai le droit à plusieurs tonalités avant d'entendre une voix au bout du fil. Il s'ensuit quelques formalités et après avoir parlé de tout et surtout de rien, je lui déballe que j'ai pris quelques jours de congés pour me reposer un peu sans trop dévoiler que la monotonie dans laquelle je m'embourbe est en train de me faire tourner la carte. Malheureusement pour moi, il m'annonce que prendre des vacances d'une semaine à l'autre est assez tendu dans son entreprise, ce qui est concevable. Dans un genre de contrepartie, il m'invite à passer boire un canon chez lui un soir dans la semaine.

Cela ne fait pas mes affaires, seul, je renonce à ma fantaisie de voyager à l'étranger, mais je vais quand même devoir trouver de quoi meubler ces quatre jours avec de quoi contrarier ma routine. Je me serre donc un gros canon de consolation et allume mon ordinateur pour me mettre à la recherche du lieu idéal. Les idées n'inondent pas mon cerveau. Je tape dans le moteur de recherche tout ce qui me passe par la cafetière. La montagne ? Trop loin. Le soleil ? Pareil. Trouver un endroit accessible qui en même temps me fasse oublier ma solitude n'est pas chose aisée. C'est ainsi qu'après une heure de recherche et avoir eu la larme à l'œil en voyant un vieux moulin à vent que j'ai décidé, mais surtout par faute d'idée, de consacrer quelques jours à la découverte de l'histoire de mon pays et d'aller reluquer une poignée de monuments historiques. Toutefois, une difficulté de taille se présente désormais à moi. Je n'ai pas de moyen de locomotion donc rouler ma bosse entre deux tas de pierres touristiques me semble compliqué. C'est dans ces moments-là que je regrette de ne jamais avoir fait le nécessaire pour pouvoir avoir mon permis de conduire. Pour voyager, je suis donc condamné à balancer mon flouze dans des voyages en train et encore, le train ne me permet pas d'aller n'importe où.

Je n'aurai jamais imaginé cogiter autant sur mes vacances. Déjà que je n'ai pas beaucoup d'idée, il faut en plus que je sois limité niveau transport. Il se fait tard et pourtant une idée fleurit dans ma tirelire. Mon vieux vélo traîne dans mon garage, il est peut-être temps de le sortir de ce gourbi. Je me mets alors en recherche d'endroits avoisinants qui mériteraient d'être visités. Le soucis, c'est que rien n'est vraiment à proximité mais bon, c'est sans doute la meilleure solution. C'est ainsi qu'une demie heure plus tard j'accouche d'un parcours de plus de deux cents kilomètres avec une poignée de bastions, de musée et de fast-food. Je suppose que je regretterai sans doute avoir eu cette idée une fois sur la route mais pour l'instant, c'est un projet séduisant. Mes yeux se font lourds et tomberont sous peu sous le coup de la fatigue, satisfait de mes plans je pars me pageoter. Je m'affale sur mon lit en me projetant dans cette folle excursion. J'espère que tout cela me changera un minimum les idées et me permettra de revenir un peu mieux disposé. Dans un dernier effort, je tends mon bras et éteins la lumière, dans la foulée, le marchand de sable ne tarde pas et vient me balancer sa poudre dodo pour mettre fin à cette journée mouvementée.

Voilà quelques extraits supplémentaire du 2ème chapitre, je vous invite encore à aller voir la page Facebook MMD5T. J'espère que vous avez appréciez.,

Salutations

Mémoires moléculaires du 5ème typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant