Rebecca pouffa de rire mais se couvrit immédiatement la bouche avec sa main.
- Dépêchez-vous d'aller vous changer et allez me superviser cette pub ! ordonna-t-il.
Le léger tintement signalant l'arrivée de l'ascenseur retentit et tous les deux, nous nous précipitâmes dans la cabine. J'écrasai le bouton du sous-sol une dizaine de fois avant de m'en rendre compte que la cabine était déjà en mouvement, provoquant de nouveau le rire de Rebecca. Une fois au sous-sol, cette dernière alla dans une cabine au fond et revint avec une serviette pour se sécher les cheveux. Elle me montra le rayon des vêtements pour homme. Elle fouilla dans les vêtements et ne trouva rien à son goût. Je lui choisis une robe rouge un peu moulante avec des manches longues.
- Tiens, essaie celle-ci, lui dis-je en lui tendant la robe.
- Il n'en est pas question ! protesta-t-elle.
- Becky cette robe sera parfaite sur toi, insistai-je. Essaye-la au moins.
- Bon d'accord, répondit-elle en levant les yeux au ciel.
Elle retourna dans la petite cabine au fond de la pièce. Elle sortit de la cabine quelques minutes après avec une démarche timide. Tête baissée, elle lissait nerveusement le devant de la robe.
- Waoh ! m'exclamai-je en admirant ses courbes. Pourquoi tu caches tout ça sous des tenues sans formes ?
- C'est justement pour ce genre de regard que je le fais, répondit-elle encore plus gênée.
Je me rapprochai et lui prit les mains.
- Écoute si Dieu t'a créé avec une si belle forme ce n'est sûrement pas pour que tu la caches.
Elle partit de nouveau d'un fou rire incontrôlable.
- On croirait entendre un pasteur pervers, qui conseille à ses fidèles de venir à l'église dans des décolletés plongeants.
Je me pliai de rire à mon tour. Je reportai le débat sur son style vestimentaire à plus tard quand elle sera moins défoncée. Je choisis un pantalon en jean et une chemise blanche. Je piquai la chemise dans le pantalon pour faire un look rétro. Je choisis une paire de Sebago parmi les chaussures. Je regardai ma montre.
- On ferait mieux de se dépêcher, dis-je. Prenons les escaliers, c'est juste au premier.
Elle me suivit. Après quelques marches je m'arrêtai, commençant à sentir les effets de l'herbe.
- Finalement on ferait mieux de prendre l'ascenseur, marmonnai-je.
- Tu as raison, répondit Rebecca d'une voix traînante. Ces escaliers sont trop instables. Je demanderai à ton père de les faire réparer.
Cette fois c'est moi qui partis d'un fou rire.
- Quoi ? ! s'exclama-t-elle, la mine sérieuse.
L'ascenseur s'ouvrit et nous ramena au studio de tournage du premier. Contre toute attente, mon père était sur le plateau. Je retins Rebecca pour qu'elle ne s'approche pas de lui.
- Vous foutiez quoi depuis ? demanda mon père sans se retourner. Ça fait vingt minutes qu'on vous attend pour commencer.
Becky se mit à rire de nouveau. Ce fut la fois de trop.
- Ça te fait rire ? demanda-t-il en se levant.
- Non elle riait à une blague que je lui ai sortie dans l'ascenseur, tentai-je.
Il ignora ma réponse et s'approcha d'elle. Il l'examina de près et me foudroya du regard quand il comprit qu'elle était défoncée.
- Qu'est-ce que tu lui as fait prendre ? grinça-t-il entre ses dents.
- Calmez-vous M. N'gamon, intervint Rebecca en lui tapotant sur l'épaule. On a juste tiré quelques bouffées d'une bonne herbe. Rien de méchant.
Je me plaquai la main sur le visage.
- Tu vas la ramener chez elle et après tu rentres à la maison, dit-il avec son calme légendaire. Je ne veux plus te voir ici.
S'il avait été de nature violente, je me serai mangé une claque qui m'aurait tordue le cou.
Je traînai Rebecca vers le hall où, sur ma demande, Olivia vint nous retrouver avec son sac à main. Je demandai à l'un des chauffeurs de l'entreprise de nous déposer chez elle. Elle donna son adresse au chauffeur. Elle habitait Le Comté, une petite immeuble, pas loin du centre-ville. Je la conduis jusqu'à l'entrée de l'immeuble.
- Oh non encore des escaliers, couina-t-elle comme une petite fille qui en a marre de manger des légumes tous les jours. J'habite au deuxième.
- Je suis là, je te soutiendrai, la rassurai-je.
Je la portai jusqu'au deuxième en espérant que le peu de lucidité qui me reste me permette de ne pas basculer en arrière. Elle agrippa fermement mon cou.
- C'est bon je peux marcher maintenant, me dit-elle une fois arrivé en haut des marches.
Je la raccompagnai jusque devant sa porte.
- Toi tu es dans la merde, chantonna-t-elle en m'enfonçant l'index dans la poitrine.
Je souris malgré la situation.
- Prends une douche et dors, lui conseillai-je. Tu devrais te sentir mieux après une bonne sieste.
- Merci, chuchota-t-elle en essayant d'insérer la clé dans la serrure.
Je lui fis un clin d'œil et repartis. Mais une fois au bout du couloir, je revins sur mes pas pour l'aider à insérer dans la clé dans la serrure. Elle me remercia une dernière fois avant de disparaître.
Le chauffeur me déposa chez moi. Ma mère était absente. Sûrement en train de faire des courses avec tata Christelle, notre bonne qui était devenue comme un membre de la famille. Je pris une bonne douche et me posai devant mes jeux vidéo. Je m'endormis avec la manette dans la main. Le soir vers 18h, Christelle vint toquer à ma porte et je me réveillai en sursaut.
- Dîner dans 30 minutes, m'annonça-t-elle avant de retourner à la cuisine.
Je pris une autre douche et descendit. Après une profonde inspiration, j'entrai dans le salon. Mon père devait être dans son bureau. Ma mère était à la cuisine. La table était déjà mise alors je m'assis en attendant que Sa Majesté et Sa Reine daignent se joindre à moi. Ils sortirent tous les deux du bureau de mon père et le regard noir que me jeta ma mère m'en dit long sur le sujet de leur discussion. Je baissai la tête. Ils s'assirent chacun à l'autre bout de la table et après avoir dit la bénédiction commencèrent à manger en silence. Après le repas, mon père retourna dans son bureau. Ma mère refusant toujours de me parler se posa devant ses feuilletons dans le salon, elle me fit un signe de tête en direction du bureau de mon père. Je frappai à la porte, sans savoir ce que je lui dirai une fois à l'intérieur. Il m'invita à entrer et je m'assis en face de lui, en attendant qu'il finisse son appel. Il raccrocha après de longues minutes de conversation avec, selon ce que je crus comprendre, un des actionnaires de N'gamon Group. Il raccrocha et planta ses yeux dans les miens.
- Je suis désolé papa, commençai-je. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
- En trois ans, Rebecca n'a jamais été absente, elle n'est jamais venue au boulot en retard mais il a fallu que toi tu débarques pour qu'elle se mette à fumer de la marijuana au bureau.
- Ça ne se reproduira plus papa, balbutiai-je en guise d'excuses.
- Oh ça ne risque pas crois-moi ! me reprit-il. Tu ne mettras plus tes pieds dans la boîte. Pas de si tôt.
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Beautiful Imperfection
ChickLitQue ferais-tu si tu avais le présumé auteur de tous les malheurs de ta famille devant toi ? Que tu dois bosser pour lui, te plier à ses désidératas ?