Partie 23

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    Je me tournai vers Olivier, attendant qu'il réponde.
- Qui êtes-vous mademoiselle ? me demanda-t-il.
- Rebecca, j'ai bossé pour M. comme assistante personnelle.
- Ah c'est donc toi l'assistante de l'hôtel.
    Il vint s'asseoir en face de moi.
- Olivier vient t'asseoir nous allons tirer cette histoire au clair.

Junior

Je sortis de la cuisine, une bouteille d'eau et un verre à la main.
- Qu'est-ce que tu fais ici papa ? m'emportai-je en le voyant.
- Junior calme-toi et va chercher ta mère, répondit mon grand père. Puisque tout le monde est là, chacun va donner sa version de l'histoire et on tirera tout ceci au clair.
    Je posai le verre et la bouteille d'eau sur la table basse. J'allai chercher ma mère qui dormait dans une chambre à l'étage.
- Maman, l'appelai-je doucement.
    Elle ouvrit les yeux.
- Tu devrais descendre, lui dis-je.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-elle.
- Papa est là, répondis-je. Becky aussi.
   Elle s'extirpa de sous les draps et remit ses chaussures. Elle passa devant moi, je la suivis de près.
- Maggy vient t'asseoir, dit grand père ne la voyant entrer dans le salon.
   Elle s'exécuta sans broncher. Je m'assis à côté d'elle. Becky jetait des regards furtifs tour à tour à ma mère, ensuite à mon père.
- N'aie pas peur jeune fille, personne ne va rien te faire, la rassura mon grand père qui avait remarqué, lui aussi, ses regards furtifs. Dis nous juste ce qui s'est passé à l'hôtel avec ton ex-patron.
    Mon père se redressa dans son fauteuil, ma mère croisa les jambes attendant tous que Becky raconte les faits. Cette dernière se tortillait les doigts sans ouvrir la bouche.
- Becky tu peux redire tout ce que tu m'as dit ce matin, l'encouragea ma mère. Personne ne te fera rien.
    Elle ne réagit pas.
- Bon Olivier toi dis nous ce qui s'est passé à l'hôtel avec Becky et elle nous confirmera si c'est vraiment ce qui s'est passé de son côté.
- Je ne parlerai pas de ça devant mon fils, répondit-il.
- Je ne compte pas bouger d'ici, répliquai-je
- Ton fils est autant impliqué que toi alors je crains que tu doives le faire Olivier, lui répondit mon grand père.
    Mon père regarda chacun de nous quatre tour à tour, en insistant sur Rebecca.
- Je ne dirai rien, dit-il calmement.
   Ma mère se leva d'un bond.
- Attendez-moi ! dit-elle avant de remonter à l'étage.
   Elle revint une minute plus tard, son téléphone portable à la main.
- Puisque tu ne veux pas répéter ce que tu m'as dit, je vais m'en charger à ta place.
   Elle posa me téléphone sur la table et la voix de Becky s'échappa du petit haut-parleur de l'appareil.

« Madame, c'était par une soirée calme de Septembre. Nous venions de signer un gros contrat avec l'un des plus grands concessionnaires de voitures du pays. Pour fêter cela M. Olivier m'a donc invité au restaurant. Il était pompette à la fin de la soirée, pour avoir un peu trop fêté l’événement. Je décidai donc de le raccompagner jusqu'à sa suite au Royal Stay de Igna. Mais dès que la cabine de l'ascenseur se referma sur nous, il se livra à une série d'attouchements sur moi, ce que je mis sur le compte de l'alcool. Priant pour que l'ascenseur atteigne diligemment le bon étage, c'est avec un soulagement notable que je sentis la cabine s’immobiliser et s'ouvrir devant nous. Dans le couloir menant à la suite, les attouchements reprirent de plus belle et une fois à l'intérieur, il me plaqua contre la porte et glissa sa main sous ma robe. Tous mes efforts pour l'en dissuader furent vains. J'ai lutté autant que mon petit corps me le permettait, j'ai supplié autant que ma voix le pouvait mais rien ne semblait pouvoir l'arrêter... »

   Ma mère reprit son téléphone et coupa l'enregistrement.
- Tu reconnais ta voix ? demanda mon grand père à Becky qui était assise à côté de lui.
- Vous…vous avez enregistré notre conversation ? balbutia Becky en regardant ma mère avec consternation.
- Je me suis gênée, répondit ma mère. Et à voir la tête que tu fais actuellement, j'ai bien fait. Et vue la gravité de tes accusations, il le fallait. Maintenant tout ceci s'est vraiment passé ou pas ? La question vaut pour toi aussi Olivier. Au point où nous en sommes, il n'est plus question de tourner autour du pot ou de faux-semblants.
- Tout ceci est faux, lança mon père.
- Je m'en doutais bien, répondit maman.
- Comment ça ? demanda Becky. Vous m'aviez crue et vous en aviez parlé à Junior.
- Non je voulais écouter la version que tu lui raconterais. La prochaine fois que tu voudrais raconter des bobards à quelqu'un, prends un air moins théâtral et évite les discours grandiloquents. Une vraie femme violée ne raconte pas son expérience comme une poésie. Surtout que ton prétendu viol est encore récent.
    Mon cerveau commençait doucement à comprendre ce qui se passait.
    La tête baissée, Becky ne bougeait plus de son siège.
- Pourquoi avoir fait tout ceci ? lui demandai-je malgré moi.
    Elle ne répondit pas. Dans un accès de colère, je me levai, la saisis par le bras et la ramener au milieu de la pièce.
- Tu vas parler ? vociférai-je en la secouant violemment.
- Calme-toi chéri, intercéda ma mère. Elle va parler.
    Je revins me rasseoir, la laissant seule au milieu de l'assise. Elle retourna s'asseoir et baissa de nouveau la tête.
- Au début quand j'ai tout fait pour coucher avec vous, c'était pour me venger, commença-t-elle en s'adressant à mon père. Je croyais que vous étiez derrière ce qui est arrivé à ma famille et à tous les autres habitants de Téno c'est pour ça que j'ai postulé ici à Kadinga au lieu de Téno. Je voulais découvrir et prouver qu'il y a eu malversation envers les habitants de Téno. Quand j'ai commencé à travailler chez vous, je passais mon temps libre aux archives de la boîte à chercher une quelconque preuve qui pouvait faire ouvrir une enquête mais rien. Je me suis alors dit que vous ne gardez sûrement pas ce genre de documents dans les archives officielles. Il me fallait donc trouver un autre moyen de vous faire tomber. Coucher avec vous c'était mon plan C au cas où je n'aurais toujours rien trouvé, je déclencherais un scandale qui chamboulerait vos affaires.
- Tu en voulais à Olivier parce que tu le croyais derrière l'arnaque dont ta famille a été victime, je peux le comprendre mais pourquoi Junior ? demanda ma mère.
- Quel meilleur moyen d'atteindre le lion que s'en prendre au lionceau ? Je n'ai rien contre toi Junior, tu es ce qu'on appelle un dommage collatéral. C'était bien avant que je me rende compte qu'il ignorait tout de l'affaire de Téno.
    Je bondis de mon siège mais mon père me retint.
- Calme-toi fiston, ce n'est pas ça la solution.
   Je me rassis, les poings serrés, contenant ma rage du mieux que je pouvais.
- Je suis désolée Junior, je regrette de t'avoir fait subir ça, continua-t-elle.
- La ferme ! trancha ma mère. On en a assez entendu.
   Mon père sortit son téléphone et passa un appel. Une minute plus tard, Anass entra dans le salon avec le sac de mon père à la main. Il l'ouvrit et en sortit un document.
- Signe ceci, dit-il à Rebecca en lui tendant le papier.
   Cette dernière prit le papier et le parcourut avant de sortir un stylo de son sac et de signer.
- A présent tu peux disposer et je crois ne plus avoir à te dire quoi faire à propos de ma famille.
   Elle se leva, prit son sac et sortit sans un mot de plus. Je me levai à mon tour pour aller me poser dans le jardin, histoire de me calmer un peu.
- Reviens t'asseoir Junior, me dit mon père. Il faut que je te parle à et ta mère.
   J'obéis malgré moi. Il rangea le papier que venait de signer Becky dans son sac.
- Toute cette histoire aurait pu être évité si j'avais été ouvert et honnête dès le début. Mais ma manie à vouloir tout contrôler m'a fait croire que j'avais le contrôle sur les événements. J'ai souvent tendance à oublier que je ne peux pas diriger ma famille comme je dirige mon entreprise et aujourd'hui je l'ai appris à mes dépends. Junior, tu es un homme maintenant, il est grand temps que je te laisse faire tes propres choix et que je te laisse voler de tes propres ailes, parce que c'est en voulant t'en empêcher que tout ceci est arrivé. Mais promets-moi juste de rester prudent et surtout promets-moi de ne pas faire une croix sur l'amour à cause de ce qui s'est passé. Car vois-tu l'amour est la plus grande des motivations et quand tu trouves une femme qui t'aime, qui te soutient dans tout ce que tu fais et que vous vivez dans la crainte de Dieu, toutes les portes s'ouvrent facilement. Te demander pardon, serait te maudire alors je tiens juste à te dire que même les grandes personnes peuvent commettre des erreurs irréparables, le plus important est de le reconnaître et de se faire pardonner.
    Il marqua une courte pause puis se tourna vers ma mère qui avait les larmes les yeux.
- Mon grand amour, dit-il en s'agenouillant devant elle. A toi je peux demander pardon car rien qu'en imaginant ce que tu as pu ressentir dans toute cette histoire, j'en suis malade. J'ai fait la promesse à ton père ici présent de ne jamais te faire pleurer mais je n'ai su tenir ma promesse. Je te demande pardon pour ça et pour tout ce qui s'est passé. Je ne laisserai plus jamais rien ni personne nous opposer toi et moi. Et je te promets de ne plus jamais avoir de secret pour toi.
- Relève-toi chéri, dit ma mère en essuyant ses larmes.
- Viens avec moi Junior, me dit mon grand père en se levant.
    Je le suivis dans le jardin.
- Je n'ai plus grand chose à te dire Junior, ton père a déjà tout dit. Maintenant il te faut choisir où tu veux habiter désormais. Parce que tu ne peux plus habiter avec tes parents.
- A cause de ce que papa a dit ?
- Non parce que vous avez couché avec la même femme. S'il arrivait que l'un de vous deux tombe malade et que l'autre lui rend visite, ça pourrait tuer celui qui est malade.
    Je méditai pendant quelques secondes ce qu'il venait de dire.
- Tu peux toutefois vivre avec lui mais ce serait trop risqué en cas de maladie ou d'accident ou quoi que du genre.
- Je vais rester vivre avec toi, lui répondis-je. Je vais leur en parler.
    Je retournai dans le salon où mes parents discutaient comme si de rien n'était.
- Vu comment les choses se sont passées, je vais rester vivre ici, lançai-je en me tenant debout devant eux. Papa je te pardonne ce qui s'est passé et merci pour tes conseils. Je passerai à la maison aussi souvent que possible mais comme tu l'as dit, il est temps que je vole de mes propres ailes.

Beautiful ImperfectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant