Partie 5

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- S'il te plaît papa, suppliai-je. J'adore ce que je fais là-bas et je sais que j'ai fait une grosse bêtise mais s'il te plaît laisse-moi continuer. Je te promets de me tenir à carreau désormais.
    Il soupira et s'adossa à sa chaise. Il me considéra un moment.
- Très bien mais tu finis la semaine à la maison quand même, me dit-il. Reviens lundi et surtout tu as intérêt à te tenir à carreau.
    Je me levai et le remerciai avant de sortir du bureau. Je m'assis à côté de ma mère sur le divan.
- Non mais tu es sérieux toi ? me demanda ma mère en me frappant avec la télécommande. De la marijuana au bureau ?
- Désolé maman, dis-je.
    Elle pouffa de rire.
- Ça te fera une bonne histoire pour l'un de tes enfants rebelles.
- Oh ça non ! m'écriai-je.
- Oh que si ! Il faut bien qu'ils soient au courant des aventures de leur cher papa.
- Bon que me vaudra ton silence ?
- Comme ça on essaie d'acheter mon silence ? Regarde tout ceci - elle fit un geste circulaire - la moitié est à moi. Alors tu crois vraiment pouvoir acheter mon silence ?
- Tout le monde a un prix dans la vie et ce n'est pas forcément une question d'argent, répondis-je d'une voix grave.
     Elle sourit.
- Tout ce que je te demande c'est d'arrêter tes bêtises et de te concentrer sur le boulot. Tu peux faire ça pour moi ?
    J'acquiesçai, je la serrai brièvement dans mes bras.
- Tu sais pendant ces deux dernières semaines, il ne parlait que de toi et du boulot «formidable» que tu fais. Alors ne gâche pas tout s'il te plaît.
- Promis maman !

Rebecca

    Je me réveillai vers 18h, avec une faim de loup. Je pris mon téléphone et appelai le petit restaurant où j'avais l'habitude de dîner quand j'étais trop fatiguée pour cuisiner. Je commandai du riz au gras et du poulet. J'entrai dans la cuisine et me fis un petit en-cas pour tenir jusqu'à la livraison de mon dîner. Je me sentais bizarre, un mélange d'épuisement et de défonce. Je me posai devant la télé, zappant les chaînes. Ne trouvant rien à mon goût, j'éteignis la télé et pris mon téléphone pour appeler Junior. Je reposai le téléphone, me rendant compte que je n'avais pas son numéro. J'allumai mon ordinateur pour regarder des vidéos drôles sur YouTube. Une demi-heure plus tard, le livreur du restaurant sonna à mon appartement. Je bondis littéralement pour lui ouvrir. Je récupérai mon dîner, le payai en ajoutant un bon pourboire. Après avoir mangé, je sortis me promener un peu histoire de me vider la tête.

   Le lendemain, je n'entendis pas mon réveil pour avoir dormi très tard. Je me réveillai avec dix minutes de retard. Je sautai dans la douche. Robe noire, légèrement décolletée dans le dos, je me mis sur mon 31 pour faire oublier mon retard et aussi pour je ne sais quelle raison. Je réussis tant bien que mal à dompter ma tignasse et l'attachai avec un foulard. Je passai un manteau sur la robe et descendit en espérant ne pas avoir raté mon bus. Je le rattrapai de justesse. Le bus me déposa devant l'immeuble N'gamon Group et je montai au dernier étage m'attendant à me faire sermonner.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? me demanda Olivia en me voyant sortir de l'ascenseur.
- Comment ? demandai-je.
- C'est la première fois que tu arrives au bureau en retard, répondit-elle en m'examinant de la tête aux pieds. Et tu t'es mise sur ton trente-et-un. Si je ne te connaissais pas, je trouverai ça normal vue l'endroit où tu travailles mais...
- Il est déjà là ? l'interrompis-je en indexant le bureau du boss.
- Il ne vient pas avant 9h !
   Je poussai un long soupir de soulagement.
- Et Junior ?
   Elle fit non de la tête.
- Bien je vais me préparer un café. Tu en veux ?
   Elle souleva une tasse sur son bureau. Je partis à la cuisine me faire mon café. Je me concentrai sur le boulot en attendant que Junior daigne se pointer. Deux heures après mon arrivée, monsieur N'gamon arriva à son tour mais seul. Alors que j'étais dans mon bureau au fond du couloir, Olivia vint toquer à la porte et passa sa tête dans l'entrebâillement sans attendre mon invitation.
- Le boss te réclame, chuchota-t-elle comme si ce dernier se trouvait devant la porte. Je me levai docilement et sortis du bureau. Je toquai à sa porte et entrai sur son invitation.
- Comment te sens-tu ce matin ? me demanda-t-il en levant les yeux de son écran.
- Euh... très bien, bafouillai-je, prise de court par la question.
- Bien, reprit-il. J'espère ne plus jamais te voir dans cet état au bureau.
- Ni ici, ni dehors, promis-je avec mon plus beau sourire.
- Je l'espère sincèrement, me dit-il. Tu peux disposer.
- Merci.
   Je n'osai pas demander d'après mon partenaire de crime sous peine de réprimandes. Je retournai à mon bureau pour me concentrer sur mon boulot, guettant avec impatience l'heure de la pause. Ne pouvant plus patienter plus longtemps, je saisis le téléphone de mon bureau et appela Olivia.
- N'gamon Group, mademoiselle Olivia pour vous servir !
- C'est Becky ! répondis-je en levant les yeux au ciel. Tu peux me trouver le numéro portable de Junior s'il te plaît ?
- Tout de suite !
   Je raccrochai et la minute d'après, elle m'envoyait le numéro sur mon portable. En considérant les chiffres, je me demandai pourquoi je voulais son numéro. Junior n'était pas une mauvaise personne c'est vrai mais il avait un ego aussi grand que notre pays. Même s'il me manquait, je ne devais surtout pas l'appeler. Les tombeurs comme lui quand tu commences à t'attacher et qu'ils le sentent, tu deviens leur jouet. Je pris alors mon mal en patience et reposai mon téléphone. Je descendis déjeuner avec Olivia qui me regardait sans ciller, espérant que je lui donne le moindre détail sur la raison pour laquelle je voulais le numéro de Junior.
- Je ne l'ai pas appelé, dis-je exaspérée. Maintenant tu peux arrêter de me fixer comme ça ? Ça commence à devenir gênant.
- Ce que je vais te dire viens du fond du cœur, commença-t-elle. Ça va être dur mais il le faut. Il y a au moins trois cent mecs dans cette boîte qui donnerait beaucoup pour sortir avec toi.
- Quoi ? ! l'interrompis-je, surprise par cette information.
- Eh oui ! Tu es une très belle femme avec de belles formes qui occupe un poste important alors oui tu as pleins d'admirateurs. Alors s'il te plaît si tu veux t'attacher à quelqu'un, choisis qui tu veux mais pas Junior. Il n'a jamais passé deux nuits avec une même fille. Tu passeras une nuit dans son lit c'est sûr mais pas plus.
    Les propos d'Olivia me firent l'effet d'une douche froide. Je repoussai mon assiette d'attiéké.
- Je devais te le dire, s'excusa Olivia.
- Je sais et je te remercie, lui dis-je avec un sourire reconnaissant. Mais je crains que s'il doit se passer un truc entre lui et moi aucun conseil ne pourra l'arrêter.
- Je le sais bien. Tout ce que je veux c'est que tu prennes soin de toi. Que tu fasses attention avec lui.
- Promis !

                                            *  *  *

    Je passai toute l'après-midi à penser aux conseils d'Olivia et le soir, les propos qui m'avaient fait l'effet d'une douche froide quelques heures plus tôt se transformèrent en motivation pour faire je ne sais quoi.
    Comme tous les vendredis, M. N'gamon quitta le bureau à 16h pour aller passer du temps avec sa femme. Je quittai tout juste après lui, prétendant ne pas me sentir bien. Je rentrai chez moi me changer.

Junior

    Mon père était rentré tôt du boulot comme à son habitude. Vers 16h, ma mère vint me faire un bisou et sortit au bras de son mari. Trente ans de mariage et ils étaient toujours aussi amoureux l'un de l'autre. Je me demandais comment ils faisaient. Moi rien que l'idée de passer deux nuit d'affilée avec une même fille m'était insupportable. Mais mes parents eux, avaient toujours cette complicité comme s'ils venaient se rencontrer. Je montai dans ma chambre retrouver ma console. N'ayant pas envie de sortir, j'appelai Blip pour qu'il vienne me tenir compagnie. Il arriva une demi-heure plus tard avec deux autres potes à lui. Il nous présenta rapidement, puis je ramenai la console au salon et nous nous lançâmes dans une partie endiablée de Fifa. Une heure plus tard, l'un des vigiles vint m'annoncer une visite. Je passai la manette à Blip et sortit pour voir de qui il s'agissait. Elle était de dos, mais je la reconnus tout de suite par ses taches blanchâtres.
- Becky ? l'appelai-je, surpris de la voir chez moi.

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