Welcome to my life

Chapitre 5

Ça fait deux semaines que je n'ai pas vu Zella. Je ne l'ai pas appelée non plus... Et elle ne l'a pas fait de son côté. Comme si on ne se connaissait pas. Je croyais pourtant qu'on était amis... Elle me l'a répété plusieurs fois, je commençais à y croire. Je n'aurai pas dû... Qui veut être ami avec moi de toute façon ? Je suis insipide au possible. Tout ce qui me reste, c'est le mange-rêve que j'ouvre toutes les nuits dans l'espoir qu'il fasse son boulot. Ça ne marche pas toujours. Je me réveille souvent à cause de mes souvenirs qui me hantent.

En tout cas, j'ai repris mes habitudes. Je ne suis pas sorti depuis cette fois au bar avec Zella. Je ne vois pas l'intérêt de sortir seul et si c'est pour faire des rencontres... C'est clairement pas mon fort, autant m'en abstenir.

Je rentre de mon boulot, il est tard et le froid me fait claquer des dents. Je traîne un peu des pieds pourtant, j'aime bien regarder les lumières de la ville se refléter dans les flaques de pluie. Heureusement il ne pleut plus maintenant. J'arrive dans ma rue que je descends en baissant la tête pour regarder mes chaussures. Il y a du monde devant la boulangerie de l'autre côté, je ne veux pas les voir. Je voulais m'acheter du pain mais finalement je ferai sans, je ne veux voir personne aujourd'hui.

Je rentre dans le hall, monte l'escalier et arrive devant ma porte mais une personne me bloque le passage en étant assise sur la dernière marche. Je reconnais sans peine Zella qui a pourtant changé de coiffure. Elle n'a plus les cheveux totalement bruns, elle a à présent des mèches à peine plus claires qui illuminent un peu tout ça. C'est pas mal du tout. Elle se lève avec le sourire et ouvre ses bras pour me prendre contre elle seulement je refuse en redescendant une marche.

« Ça ne va pas ? » Me demande-t-elle avec une grimace.

Je préfère ne rien dire. Je prends sur moi et lui passe à côté en la poussant un peu pour parvenir à rentrer ma clé dans la serrure. J'entends déjà Rabia s'exciter de l'autre côté, il doit avoir faim.

« Qu'est-ce qui se passe ? T'as eu un problème au boulot ? »

J'ouvre ma porte et donne un tout petit coup de pied à mon chat afin qu'il n'ait pas envie de filer en douce.

« Tu sais, tu peux tout me dire, on est amis...

- Arrête ! »

Je me retourne brusquement vers elle. Elle a les yeux grands ouverts et elle paraît inquiète.

« Arrête de dire ça, continué-je sèchement. On n'est pas amis. J'ai pas d'ami, j'ai personne, j'ai que mon chat alors arrête.

- Bill...

- Va-t'en s'il te plaît, j'n'ai besoin de personne. »

Je m'apprête à fermer la porte mais elle la bloque avec son pied et me pousse à l'intérieur pour parvenir à rentrer. Elle la claque derrière elle puis me dévisage.

« Parce que tu crois que je vais t'obéir et te laisser seul ici pour apprendre demain matin dans le journal que tu te seras pendu parce qu'effectivement t'es tout seul ?

- J'vais pas me pendre...

- Ça finira par arriver un jour vu la vie que tu mènes. Et je ne vais pas laisser faire ça.

- J'suis personne, soupiré-je, t'occupe pas de moi.

- T'es quelqu'un pour moi. »

Mon cœur a un soubresaut. Je suis quelqu'un ? Ah oui ? Même pour Tom je suis presque pas un frère alors elle...

« J'suis qui ? Ne puis-je me retenir de demander un peu abasourdi.