Bien, je crois que tout est prêt. On est le quatorze février, j'avais posé une journée de congés afin d'être tranquille pendant que Zella est à l'université. J'ai tout prévu pour ce soir avec une impatience et une excitation que je n'avais jamais ressenties. On ne va pas sortir dans un beau restaurant, on ne va pas se balader au clair de lune, je ne vais pas la demander en mariage, je ne vais pas la couvrir de cadeaux, de roses, de chocolats et de cœurs en papier... Non. Je veux juste qu'on passe un bon moment ensemble, comme un vrai couple. Parfois, à cause de moi, j'ai l'impression qu'on est plus un duo d'amis qu'un couple mais ça change. Je fais des efforts pas parce qu'il faut que j'en fasse mais parce que j'en ai envie. En quelques mois, Zella a réussi à me sortir un peu de cette noirceur qui m'enveloppait depuis mon enfance. Je cauchemarde de moins en moins, j'apprends à vivre... Pas à juste voir passer les jours mais à les vivre. Juste avoir des envies, essayer de les réaliser, apprendre à aimer... Ça paraît peut-être tout con pour certains mais pour moi, c'était une victoire impensable il y a encore six mois.
J'ai préparé le dîner et curieusement je ne me suis pas foulé. Pas de grand plat, pas de nouveauté... Non. Seulement des pâtes que j'ai faites moi-même, à la main, avec une sauce à base de fromage et de champignons. Normalement, Zella devrait aimer. Elle pourrait manger des pâtes tous les jours de toute façon, c'est autant son plat préféré que le mien, ce qui est pas si mal. J'ai également dressé la table le plus joliment possible. Bon, je n'ai pas de grande vaisselle mais j'ai essayé de faire un joli pliage avec nos serviettes en papier, c'est déjà pas mal. Et je me suis bien habillé. Pas en costume, cravate, mais juste en chemise et jean serré sans trous, clous ou déchirures. Je crois que je suis assez bien, présentable sans trop de chic et pas non plus habillé comme tous les jours. C'est un jour spécial tout de même.
D'ailleurs voilà Zella qui arrive. Elle regarde la table déjà mise tout en déposant son manteau. Je découvre un bouquet dans sa main qu'elle me tend avec un grand sourire. Je dois reconnaître qu'il est magnifique, dans les tons blancs, jaunes, oranges et rouges. Elle connaît mes goûts. Je la remercie en l'embrassant avant de le mettre dans mon vase en plastique que je dispose au milieu de la table. Ça rajoute une jolie décoration. Mais ce n'est qu'en retirant le papier que je remarque la carte glissée dedans. Je l'attrape du bout des doigts pour la regarder le temps que Zella prenne une douche. Je la comprends, elle s'est pris la pluie sur la figure, elle doit être frigorifiée. Sur le devant, il y a un « je t'aime » écrit en rouge sur un cœur blanc délimité par des traits bordeaux un peu anarchiques. Punaise, ça me fait toujours bizarre de voir ces trois mots-là pour moi, c'est comme si ça me défonçait le cœur. J'ouvre la carte avec appréhension et commence à lire.
Je crois que tout est déjà dit sur la face.
Je suis très heureuse de pouvoir partager ta vie.
T'es un homme formidable.
Je t'embrasse.
Zella
Je souris. Une larme glisse sur ma joue que je m'empresse d'effacer. Je ne peux pas jeter ça, je dois à tout prix le garder. Je cherche une punaise dans un tiroir de ma cuisine pour accrocher la carte à la palissade en bois qui sépare mon coin salon de mon coin chambre. Zella sort à l'instant de la salle de bain, les cheveux encore mouillés par sa douche. Quand elle aperçoit ce que je viens d'ajouter à ma décoration plutôt pauvre, elle passe ses bras autour de ma taille et m'embrasse la nuque. Elle ne dit pas un mot et je l'en remercie intérieurement parce que je ne sais pas ce qu'on pourrait se dire.
Pour remédier à tout ça, je lui propose de passer à table. On entame le repas en silence, face à face, avec les fleurs pour nous séparer. De ma place, je vois son visage au-dessus d'un amas de pétales colorés, c'est vraiment beau. Je vois bien qu'elle essaie de me parler, elle me raconte sa journée, ses envies, ses projets, ses amis... Et moi, je l'écoute attentivement sans trop savoir comment enchaîner alors j'acquiesce parfois. Puis vient le dessert, un gâteau que j'ai fait à la vanille et aux pépites de trois chocolats. J'en sers une bonne part à Zella puis à moi et on poursuit notre repas. Je reçois ses compliments comme une caresse. Ça me plaît vraiment qu'elle aime ma cuisine, même si elle est basique. Ça me donne encore plus envie de préparer des plats pour elle.

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Welcome to my life
FanfictionBill est comme tout le monde, avec ses qualités, ses défauts et surtout ses secrets qui sont peut-être un peu plus lourds que ceux des autres. Sans réellement le vouloir, il va un jour se confier à une quasi-inconnue qui va alors décider de rentrer...