Welcome to my life

Chapitre 9

 Je pose le dernier carton au pied de mon lit. Bien, il n'y a plus qu'à tout ranger. Je commence à m'y atteler en compagnie de Zella qui se charge de ses vêtements qu'elle range dans mon armoire.

On a pris ensemble la décision qu'elle vienne vivre chez moi. Ça chamboule un peu tout dans ma vie mais c'est nécessaire. Si je veux qu'elle m'aide, elle doit être avec moi le plus souvent possible et qu'elle m'entraîne derrière elle. Ça a pris un peu de temps, on a passé les fêtes de fin d'année chacun de notre côté. Elle, avec sa famille et moi, avec mon chat. Mais bon, Rabia n'est pas mécontent qu'on soit deux maintenant, il a droit à deux fois plus de caresses.

On est donc début février et après des tas de papiers et d'arrangements, Zella peut enfin venir vivre chez moi en toute légalité. Je complète ma vaisselle avec la sienne, pose ses produits dans la salle de bain puis range ses bibelots dans les emplacements disponibles dans ma bibliothèque. Elle a même ramené son truc qui parfume l'air et je dois reconnaître qu'il sent vraiment bon, ça apaise presque même si je n'ai aucune idée de ce dont il s'agit exactement.

Dès que l'on a fini, on se pose ensemble sur mon lit, côte à côte. Ce qui est bien, c'est qu'on n'avait rien à monter comme meubles, il y a déjà tout ici. Zella a pu les revendre et gagner pas mal d'argent, c'est plutôt cool. Sa main me caresse la joue tendrement.

« Tu piques un peu, me fait-elle remarquer.

- Ouais, je me suis pas rasé ce matin.

- Je crois que ça t'irait bien.

- Non...

- Si. Là, sans maquillage, t'es pas mal. Et avec un petit peu plus de barbe, tu serais canon. »

Je la regarde du coin de l'œil avec un sourire.

« Parce que je ne le suis pas déjà ? »

Elle étouffe un rire. Ses mains me caressent à nouveau les joues puis ses lèvres s'emboîtent aux miennes avec délicatesse.

« T'es quasiment parfait, Bill. Et tu le seras dès que tu arriveras à t'en convaincre. »

Je trouve déjà que j'avance pas mal parce qu'avant, l'idée de vivre avec quelqu'un ne m'effleurait même pas l'esprit, c'était juste inenvisageable. Et aujourd'hui, Zella vit avec moi. Et avant, dès qu'on se voyait, elle m'aidait, pas après pas, à gérer le quotidien de façon différente. Elle en a eu du mal à me faire sortir de mon appartement... Mais elle y est parvenue. D'abord pour un verre, puis pour deux. Puis dans un bar à ambiance afin de fêter nos vacances avant Noël. Puis dans une boîte de nuit même si on est vite sortis tant je me sentais mal à l'aise dans cette cohue étouffante. Puis au restaurant même si on était planqués au fond afin qu'on ne nous regarde pas trop.

Mais peu importe, j'ai réussi. Ça a été difficile mais je l'ai fait. Et on a même prévu de se faire un autre restaurant ce soir pour fêter notre déménagement. Cela va être la deuxième fois que j'accepte ce genre de sortie. Donc je commence à changer, à m'ouvrir au monde et même si je suis souvent mal à l'aise, je résiste et j'apprends à apprécier. Je ne sais pas comment Zella fait pour supporter tout ça parce que je suis souvent de très mauvaise compagnie. Je ne parle quasiment jamais, je baisse la tête, je trépigne à l'idée de partir le plus vite possible...

J'embrasse une nouvelle fois Zella. Un peu pour la remercier pour sa phrase mi-compliment, mi-encouragement et un peu parce que j'en ai juste envie. Elle est tout ce que j'ai, même Tom ne compte plus vraiment. Oui, c'est ma seule famille et oui, il prend encore parfois de mes nouvelles mais franchement, il ne serait pas là, ça serait pareil. Je ne m'en sors pas grâce à lui, il est comme absent de ma vie, il la regarde juste passer de loin, par téléphone. Sans Zella, je serais toujours le même et peut-être que mes souvenirs auraient fini par me dévorer en entier. Je lui dois tout... Et Tom, presque rien. J'en viens même à regretter ce tatouage qui prend tout mon flan gauche. À l'époque, il me semblait important mais plus le temps passe, plus je m'aperçois que la seule origine qui me reste ne crie plus à mes côtés et fait sa vie dans son coin sans se préoccuper de la mienne. J'aurais sans doute dû attendre avant de m'installer chez le tatoueur pour plus de trois heures.