Chapitre 7

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Je souffle sur l'allumette qui est à deux doigts de me brûler. L'orage a grondé toute la journée et ce soir, ça pète. Et comme mon installation électrique n'est pas très bonne, je n'ai plus du tout de courant. Je dispose mes bougies sur ma table basse, dans chaque coin, ce qui donne une ambiance très réconfortante, presque parallèle. Quoi qu'en fait, ça peut ressembler à un rituel étrange, genre invocation ou spiritisme.

Je m'installe sur mon lit, une bougie posée sur mon étagère afin d'éclairer mon livre. C'est la troisième fois que je le lis dans ma vie mais ce n'est pas parce que je l'adore, juste parce que je n'ai rien d'autre à faire. Les rares autres bouquins dans ma bibliothèque sont déjà tous lus depuis longtemps et en plus je n'en ai pas aimé certains. C'est parfois le problème des couvertures. On se laisse prendre par une jolie image, une ou deux phrases bien tournées et une fois le pavé entre les mains, on réalise au fur et à mesure des pages qu'on s'est un peu fait sur-vendre le truc. Ce doit être le résumé de ma vie ça. Faire confiance à quelqu'un sur une apparence, un mot gentil et s'apercevoir au fil du temps que tout ça n'était qu'une façade qui s'écroule petit à petit.

Des coups contre ma porte résonnent. Merde, qui c'est ? Je laisse mon livre de côté pour aller ouvrir. Même Rabia se demande qui est là, il a relevé la tête et il a de touts petits yeux. Derrière la porte d'entrée, je découvre Zella qui grelotte un peu sous son manteau noir. C'est bizarre, ça ne m'étonne presque pas. Elle me sourit malgré le froid qui doit l'envelopper.

« Salut.

- Salut.

- Je... Je peux juste rester le temps de l'orage ? »

Comment je pourrai refuser ? Elle a froid et elle a peur de l'orage, je ne vais pas la laisser là, sur le pallier. Je m'écarte simplement pour qu'elle entre, ce qu'elle fait avec un sourire un peu crispé. C'est certainement à cause du tonnerre qui gronde de plus en plus. Elle retire son manteau qu'elle pose sur une chaise dans ma cuisine, je découvre alors qu'elle porte la robe pourpre dont elle m'avait parlé la dernière fois qu'on s'est vu, lors de sa sortie shopping il y a déjà plusieurs jours. Et elle avait raison, elle lui va a ravir même si je me demande comment elle n'est pas morte de froid avec ses simples collants pour couvrir ses longues jambes.

« Je suis désolé, je n'ai plus d'électricité à cause de l'orage.

- C'est pas grave, il fait meilleur que dehors... Ou chez moi.

- Pourquoi ?

- Mon chauffage est en panne depuis le début de la semaine.

- C'est pour ça que tu viens ici plutôt que chez toi ? »

Elle hoche la tête d'un air intimidé. Je hausse les épaules et lui propose de s'asseoir sur mon canapé. Je ne peux que regarder sa robe qui est si jolie et qui, elle avait raison, va très bien avec la fine ceinture noire qui enserre sa taille et ses escarpins noirs. Avant qu'elle ne puisse s'asseoir, je la fais se retourner en me raclant la gorge bruyamment. Elle me lance un regard intrigué.

« Tu avais raison, cette robe te va à merveille, lui dis-je un peu mal à l'aise.

- Merci, sourit-elle sincèrement.

- En revanche tu avais tord, elle est très bien pour la vie de tous les jours.

- Oui, en effet. Mais je pensais quand même que l'orage attendrait cette nuit pour éclater, grimace-t-elle.

- Tu as dîné ?

- Oui. Et toi ?

- Oui. Je te demandais parce que sinon je t'aurais préparé quelque chose.

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