7.

4.6K 385 112
                                    


Je m'aide de la lumière de la veilleuse pour descendre les premières marches, jusqu'à ce que l'escalier tourne vers une pièce plongée dans l'obscurité la plus totale.

— J'en ai pour cinq minutes !, lancé-je à l'adresse de Léa.

—  D'accord !

Sa voix est tremblante.

J'espère que je ne suis pas en train de faire une bêtise.

J'allume la lumière de mon portable : en fait, le sous-sol est bien plus grand que ce que je m'étais imaginée, on pourrait faire entrer des dizaines de voitures à l'intérieur. Figée en bas des escaliers, je fais courir le faisceau de lumière blanche autour de moi. Il y a un bureau en bois, des boîtes en carton, un établi avec des outils, des tas de babioles, un ballon d'eau chaude, un...

Je m'arrête quand j'aperçois le compteur électrique. Il est situé à l'extrémité de la pièce, dans l'angle. Je me résous donc à quitter ma place et à traverser le sous-sol. Malgré ma torche de fortune, je me cogne à des cartons traînant au sol. L'un d'eux émet un bruit de verres entrechoqués quand mon pied le heurte.

Je jure et baisse instinctivement la lumière pour vérifier que je n'ai rien cassé. Le carton n'est pas scellé, je l'ouvre donc pour examiner son contenu. Je regrette aussitôt mon geste. La boîte est pleine de jouets. De poupées.

Certaines ont l'air récentes, comme les poupins qu'on voit dans les rayons pour enfants, mais d'autres semblent presque aussi vieilles que la Héloïse de Léa. Et toutes sont dans un état abominable. Yeux manquants, visages et membres cassés ou fondus, vêtement déchirés, cheveux arrachés. Elles ont véritablement fait la guerre celles-là. Et elles me fichent une trouille monstrueuse.

Ma lumière se reflétant dans les yeux de celles qui en ont encore n'arrange en rien le malaise que je ressens, et je m'empresse de refermer le carton avant de me redresser. Deux jambes tordus se tiennent devant moi.

Je crie, lâche le téléphone et tombe en arrière. Dans le noir, je distingue le haut de son corps. Mon cœur va lâcher d'une seconde à l'autre. Je ferme les paupières tellement fort que des larmes m'échappent.

— Oriane ?

Le sanglot que j'entends dans la voix de Léa me force à faire face à ce qui se tient devant moi. Je ne peux pas flancher alors que la petite est toute seule. Je dois protéger la gamine, c'est pour ça que je suis là.

Tout mon corps est secoué de tremblement, et le moindre de mes mouvements est au-dessus de mes forces. Je suis terrorisée, mais je parviens à attraper mon portable. Hors d'haleine, j'ose à peine ouvrir les yeux. Le soupir que je pousse est si bruyant, que je suis presque sûre que Léa l'a entendu.

Devant moi, ce que j'ai pris pour une personne est en fait le chauffe-eau, dont les tuyaux m'ont fait penser à des jambes. Je ne sais pas comment j'ai pu les confondre à ce point, c'est comme ma vision d'Héloïse dans les escaliers.

C'est sûrement l'obscurité qui...

Mon portable s'allume tout à coup et ma main se met à vibrer.

HéloïseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant