13.

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Elle n'a pas de visage, comme un mannequin. Je la fixe sans pouvoir réagir.

Qu'est-ce que c'est que cette chose ?!

—  Désolée...

Surgissant de l'obscurité, Héloïse bondit vers moi.

Je hurle et lâche mon téléphone. Il tombe en même temps que moi, et s'éteint.

0 %.

Les ténèbres m'engloutissent tandis que je sens la poupée grimper sur moi. Ses doigts en porcelaine transpercent mon T-Shirt et s'enfonce dans ma chair, me faisant grimacer de douleur. Je me débats sur le sol pour l'arracher à moi, mais je sens alors une vive douleur dans mon avant-bras.

Ce petit monstre m'a mordue !

Je crie, de douleur, de peur et de rage, et réunissant toute ma volonté, je balance mon poing de toutes mes forces vers là où elle se trouve. Je sens ses faux-cheveux et sa figure froide au moment où je la percute. Le choc est si violent qu'il la détache de moi du premier coup. Je l'entends retomber à quelques mètres de là. Mon cerveau m'ordonne de me lever, et l'adrénaline dans mes veines lui obéit.

Je me précipite vers la porte, et constate avec stupidité qu'elle est ouverte. Le coup de l'armoire m'avait distraite. Pas le temps de méditer là-dessus. Je m'élance dans le couloir jusqu'à l'escalier. Je suis quasiment arrivée en bas quand le courant revient. Hébétée, je stoppe alors ma course. C'est à ce moment-là que je les entends. Les bruits de pas. Dans le couloir. Dans la cave.

Puis la voix de Léa :

—  Oriane ?

Je la trouve presque terrifiante. Une ombre cache furtivement la lumière du plafonnier. Je pense deviner ce sur quoi je risque de tomber si je lève la tête.

Barre-toi de là, Oriane. Maintenant.

Sans réfléchir, je cours dans le couloir, les bruit de pas accélérant derrière moi. Lorsque j'atteins la porte d'entrée, la poignée est bloquée. Je jure et fouille mes poches à toute vitesse. Ma première pensée est que j'ai oublié mon téléphone dans la chambre de Léa. Finalement, mes doigts effleurent un bout de métal que je m'empresse de sortir.

Trop vite. Les clefs m'échappent et glissent au sol.

Je me retourne en bondissant pour les ramasser. Lorsque je me redresse, mon regard tombe sur le poupon sans bras de la cave. Il est allongé par terre dans le couloir, sur le ventre, les yeux grands ouverts. En le voyant dans cette position, je me mets aussitôt à penser à une araignée. Ma panique redouble, mais cette fois-ci, elle est mêlée à du dégoût.

—  Saloperie, craché-je.

Je me jette contre la porte, mes mains glissantes tentant de faire rentrer la clef dans la serrure.

—  Allez, allez...

Dans le reflet de la vitre de la porte, je vois Héloïse au plafond, à quelques mètres de moi.

Il lui manque une partie du visage, mais un horrible sourire déforme son visage. Mon cœur bat la chamade, je n'ose pas la quitter des yeux. Je devine la présence des autres poupées. Soudain, la clef tourne et la poignée s'abaisse.

Je crie en ouvrant la porte et me précipite dehors. Je dévale l'allée des Banch si vite que je manque de tomber, et attrape ma bicyclette attachée à un réverbère. En même temps que je la détache, je guette la porte d'entrée des yeux pour voir si les poupées m'ont suivie. J'aperçois la porte se refermer en claquant, et la lumière s'éteindre derrière la vitre. Toutes les lumières s'éteignent également dans la maison.

J'angoisse à l'instant à l'idée que Léa soit peut-être encore à l'intérieur, mais écarte aussitôt cette pensée. Hors de question que je remette les pieds à l'intérieur. J'enfourche mon vélo et m'avance dans la rue, prête à partir. Un pied à terre, je regarde attentivement la maison un dernier instant.

Le visage de Léa s'écrase tout à coup contre la fenêtre de la cuisine. Je sursaute et manque de crier. Le visage défiguré glisse le long de la vitre, avant de disparaître. Cette image me glace le sang. Et je ne tiens pas à y assister de nouveau.

Je me tourne vers la route éclairée et commence à pédaler à toute vitesse pour quitter cet endroit. Plus jamais.

Je hais les poupées.

HéloïseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant