La Deuxième Bière Mondiale

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Oh ben oui ! Je l'ai bien connue la Deuxième Bière Mondiale ! C'est dur d'en parler, mais ça me fait du bien. J'y ai tout bu là-bas ! J'en ai bavé de la mousse ! On était de la chair à canon de rouge ! On se faisait tirer, et on était réduit en liquide, dans une urne fût née bière, ou dans une bière tout simplement. Moi j'ai survécu, et je suis bourré de souvenivres horribles. On combattait les Super Boschs, et les Vodkommunistes. On marchait sur des mines antipersonnelles, et on se faisait sauter au vin blanc. À notre âge, qui est le tien à présent, on était obligés d'aller sur le champ de bouteille, sinon ça voulait dire qu'on n'avait pas d'ethylotesticules. Alors on y allait. On faisait whiskyti aux photographes qui filmaient notre départ. J'ai beaucoup d'amis qui sont morts. De delirium très mince, ou de comas mitrailléthylique. C'était pas drôle. On avait peur. On ne savait pas si quelqu'un étais mauvais hou blond. On avait peur d'Adôle Hibière, de Mousseuxlini, de Stalcooline ! Des affreux piliers de bar ceux-là ! Mais heureusement, on avait le Général De Gnôle. Mais avec le maréchal Pétaincoup, c'était quand même pas la joie ! J'ai fait de nombreuses bouteilles ! La Bouteille de Verre Daim, la Bouteille de Cognac ! La Bouteille de Stalcoolinegrad ! Celle de Champagne, de Calva, de Grappa, de Rosé ! J'ai pas fait le Débarquement d'Énormenvie, j'ai pas largué les bombes alambic sur le pays du vignoble levant, c'est les arhumicains qui ont fait tout ça, après l'attaque de Pearl Arbourre. Mais j'ai tout bu, tout entendu. Je ne suis pas bière de ce que j'ai fait, et je regrette de l'avoir vécuve, cette satanée Bière Mondiale ! Mais un jour, heureusement, la Bière a été engloutie, tout s'est enfin terminé. Plus de bouteilles, plus d'ivres morts au combat, plus de massacre à l'alcool à brûler pour exterminer des peuples entiers. Il y avait beaucoup de gueules de bois cassées parmi nous, mais tout était fini, et on a été décorés. Puis on est rentrés chez nous , complètement sonnés, choqués, détruits, traumatisés par toutes les horreurs qu'on a bues. Du coup, on allait au Bar des Anciens Combatants, et on se saoulait la gueule pour oublier.

L'absurde, c'est comme la mayonnaise: ça rouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant