Ils sont partis ?

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- Ils sont partis ?

- Je sais pas, Hougo. En tout cas je vois rien bouger depuis cette fenêtre.

- Stig...

-Quoi ?

- J'ai peur...

- Mais moi aussi j'ai peur, tu crois quoi ! Maintenant tu te la fermes, il pourraient nous entendre !

- Ah ça veux dire qu'ils sont encore là alors !

- Mais je t'ai déjà dit que j'en sais rien ! Soit ils se cachent et ils attendent qu'on sorte de ce putain de blockhaus, soit ils sont partis ! Mais pour l'instant on reste, on bouge pas de ce blockhaus. Okay ?

- Oui... Mais moi je suis pas très à l'aise dans ce blockhaus... Il est glauque, tout petit et humide... Ça fait plus d'une heure qu'on est là-dedans ! J'en peux plus, moi ! On aurait vraiment pu trouver un autre endroit pour se cacher...

- Mais quand ils nous ont couru après en pleine forêt, tu crois qu'on allait réfléchir à l'endroit où on allait se planquer ? On est tombés sur ce blockhaus pile au moment où on commençait à les semer. C'est le premier endroit qu'on a trouvé, et en plus ils nous ont même pas vus rentrer. Alors fais pas chier, maintenant !

- Oui c'est vrai... Excuse-moi, Stig...

(long silence)

- Mais, Stig, ils nous voulaient quoi au juste, ces deux tarés ?

- Mais j'en sais rien ! Je te l'ai déjà dit tout à l'heure ! Tu te souviens ce qu'il s'est passé ?

- Ça allait tellement vite...

- Pfffff... On marchait tranquillement dans la forêt, et ils ont surgi de je sais pas où, ils se sont mis à crier et ils nous ont couru après avec un couteau à la main. C'est tout ce que je sais. Alors pourquoi ils l'ont fait, je sais pas.

- Ça fait vachement flipper quand même ! T'as vu la tête qu'ils avaient ? C'est comme s'ils voulaient nous tuer !

- Parce que tu crois qu'ils voulaient nous inviter à dîner avec un couteau à la main, peut-être ? Mais bien sûr qu'ils voulaient nous tuer, banane !

- J'aime pas quand tu me traite de banane.

- Ben moi j'aime pas quand tu me poses des questions débiles ! D'accord ?

(le silence s'installe. Des gouttes d'eau tombent, PLIC PLOC, dans le blockhaus.)

- Stig ?

- Quoi ?

- Tu crois qu'Hitler s'est caché dans ce blockhaus ?

- Mais pourquoi tu me poses une question pareille ! Hitler s'est pas caché dans tous les blockhaus qui existent ! En plus on n'est même pas en Allemagne !

- Mais on est où alors ?

- Ben je sais pas.

- Mais tu sais rien en fait !

- Ben toi non plus tu sais rien ! C'est pour ça que tu me poses tout le temps des questions débiles !

- Putain Stig ! Caches-toi ! Ils sont juste devant la fenêtre !

Les deux compères se couchent par terre, ils sont juste en dessous de la fenêtre par où ils regardaient jusqu'à présent. Les deux meurtriers sont tout près de la fenêtre. Ils commencent d'ailleurs à la casser. Stig et Hougo sont morts de trouille. Ils se lèvent, mais ils ne savent pas s'ils doivent sortir ou rester dans ce blockhaus. Ils sont paniqués.

- Hougo, je crois que c'est fini pour nous. Si on reste ici, ils vont nous tuer, si on sort ils vont de toute façon nous poursuivre. Je... J'étais content de te connaître, Hougo.

(les deux meurtriers continuent à frapper la vitre)

- Oh ça me touche beaucoup ce que tu me dis, Stig, je vais chialer... Déjà que je me suis fais dessus... Content de t'avoir connu aussi, Stig.

Ils se serrent l'un contre l'autre et ferment les yeux. Ils sont prêts à se faire tuer. Soudain, les chocs contre la vitre s'arrêtent. Les deux compères se regardent, puis ils regardent par la fenêtre fissurée. Ils ne voient pas grand chose, mais assez pour ne plus rien voir bouger. Les deux meurtriers ne sont plus là.

- Putain Hougo, qu'est-ce qui se passe ? Ils sont partis ou quoi ?

- Mais j'en sais rien, moi !

- Ah, tu vois ce que ça fait !

- Bon c'est pas le moment de se prendre la tête, là. Je vais voir.

- Mais non ! Tu risques de te faire tuer ! Ils sont peut-être derrière la porte, il veulent l'ouvrir ! N'y vas pas, c'est trop dangereux.

- Bon. Attendons encore un peu, voir si ils essaient d'entrer par la porte.

Ils attendent pendant trois minutes sans rien dire. Rien ne se passe.

- J'y vais Stig. À mon avis, ils sont partis.

- Tu préfères pas que j'y aille, moi ?

- Non Stig. Je suis plus grand et costaud que toi. Je saurai mieux réagir en cas d'attaque.

- Oui. Tu as raison. Vas-y.

- J'y vais... Euh... Stig... Ça m'a touché ce que tu m'as dit avant.

- Quoi ?

- Euh... Non rien. J'y vais.

Hougo sort avec vigilance. Il se retourne brusquement en position d'attaque,mais il n'y a personne derrière la porte. Le son de la forêt est la seule chose qu'il perçoit. Il longe le côté gauche du blockhaus pour arriver devant, où il y a la fenêtre fissurée par les deux tueurs. Il arrive devant le blockhaus, et aperçoit par terre les corps des deux tueurs fous. Ils saignent. Un canard est posé sur eux. Il cancanne avec entrain.

L'absurde, c'est comme la mayonnaise: ça rouilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant