L'absurde, c'est comme la mayonnaise: ça rouille

Sondages et boulangerie

Ramenez donc moi ce gentil chardon que j'ai aperçu dimanche matin près du trottoir. J'en ai besoin pour faire des beignets à la farine. Il m'en faut pour sonder la population. J'ai besoin de connaître leur avis sur la question des fleurs en boulangerie. On se pose peu la question, mais combien de gentianes faut-il pour faire de la tapenade sucrée ? Et combien pour la version épicée ? Je me languis de le savoir. Même si je le sais déjà. Trois cuillères à tasse de poudre de pensées pour un rôti fondant, et cinq pour les lasagnes espagnoles. Ah, la boulangerie carnivore, quel plaisir ! Plus qu'une passion: un savoir-faire ! Mais qui se préoccupe des crêpes, maintenant ? Je dois toujours faire des poubelles en métal moi-même pour les accueillir et les expédier dans un endroit où le muguet coule à flot et les bières poussent dans les jardins. Ah mais que ne ferais-je pas pour la sauvegarde des crêpes au curcuma ? Pas grand chose, car selon mon sondage, la situation se retourne contre nous et on est obligés de bouffer des œufs pondus par des poules ayant la courante, des steaks sauces chiasse de Paris, des boules de merde à la betterave, des déjections de paon en papillote et de confectionner des tresses avec les fesses. De toute façon, sans tomates, on peut pas travailler de manière convenable ! Ça fait huit ans et demi que je le dis, et il n'y a que les marmottes qui m'écoutent ! Bon sang ! Il n'y a vraiment qu'elles qui ont du bon sens ? Si tel est le cas, je préfère tout de suite verser la marmite dans la fosse régionale que de devoir supporter le voisinage, qui ne comprend rien à l'artisanat. On leur fera bouffer de la chantilly à la mayonnaise verte et des napperons hallucinogènes tartinés de foie 100% light. Ça leur apprendra à aller chez le fleuriste pour obtenir de l'aide, chez le banquier pour être équitable, chez la bouchère pour rester chez soi ou chez le patron pour aller au tribunal.